Le nouveau président du FC Sochaux-Montbéliard (National) veut fédérer autour du club, dont il détaille ici les trois volets du projet : sportif, économique et social. Il raconte aussi son parcours, notamment ses expériences au RC Strasbourg et au Havre AC, et évoque les ambitions à court, moyen et long terme des Jaune et Bleu.
- Par Augustin THIEFAINE / Photos Philippe LE BRECH
- Reportage à Sochaux, quelques heures avant le match FCSM – US Orléans (5-0, J2 de National, le 15 août).

Intronisé à la tête du club franc-comtois en janvier 2024, le président du FCSM (44 ans) n’a pas vécu la saison qu’il souhaitait l’an passé. Les Doubistes ont souffert d’une crise interne, d’une défiance de leurs supporters envers le jeu et les choix affichés par les entraîneurs (Karim Mokkedem de juin 2024 à février 2025), puis de Frédéric Bompard pour le restant de la saison.
Un chantier XXL s’est alors amoncelé pour Julien Cordonnier (directeur sportif) et lui, à commencer par le choix d’un nouveau tacticien sur le banc : Vincent Hognon. Une quinzaine de départs ont suivi, dont quatre après le lancement de la saison 2025-2026 : Alex Daho et Samy Benchamma (partis pour Dunkerque et Rodez en Ligue 2), Boris Moltenis en D3 espagnole et Armand Gnanduillet (qui a signé libre à Caen après la résiliation de son contrat).
Entre-temps, une dizaine de renforts sont venus gonfler les rangs des Lionceaux à tous les postes (Mehdi Jeannin, Dylan Tavares, Bendjaloud Youssouf, Julien Masson, Jonathan Mexique, Boubacar Camara, Benjamin Gomel, Aymen Boutoutaou, Koffi Djoko, Prince Mendy et Julien Vetro ainsi que plusieurs jeunes issus du centre, passés professionnels (Aboubacar Sidibé, Honoré Bayanginisa, Victor Joseph, Edson Mendes). En somme : un FC Sochaux new look !
Identité retrouvée et ancrage local affirmé

C’est un président souriant, dynamique et détendu que l’on a donc retrouvé quelques heures avant le retentissant succès des jaunes et bleus dans leur antre de Bonal, face à l’US Orléans (5-0) lors de la deuxième journée de National.
Aujourd’hui, les Sochaliens comptent 9 points après quatre rencontres (trois victoires et un revers), ont inscrit neuf buts et en ont encaissé seulement trois. Le FCSM n’avait pas aussi bien entamé un début de championnat depuis la saison 2000-2001. Un succès sportif que les dirigeants souhaitent voir perdurer le plus longtemps possible pour mener à bien la quête de montée en Ligue 2.
Mais cette promotion, si elle doit arriver, ne doit pas être « forcée » pour Clément Calvez. Elle doit surtout être « méritée ». Le quarantenaire s’est engagé devant les actionnaires du club à porter un projet aux multiples facettes, sportif, financier et social, dont il éclaircit les contours au cours de cette interview.
On retrouve en fait un Sochalien de la première-heure à la tête d’un club à l’identité retrouvée et l’ancrage local affirmé comme socle de départ. Un président qui a appris de chacune de ses aventures du côté du Havre ou de Strasbourg. Son parcours, son attachement au FCSM, Clément Calvez s’est confié sans filtre, sans détour, avec une ambition affichée, en toute humilité.
Interview
Clément Calvez : « La place de Sochaux n’est pas en National »
Alors qu’il a rejoint le FCSM pour des petits boulots (à la boutique du club notamment) à côté de ses études au début des années 2000, Clément Calvez a construit son histoire avec le club doubiste lorsque le foot a commencé a muté, Sochaux avec lui, et qu’une approche plus commerciale a commencé à se développer. « Lorsque je termine mon DUT technique de commercialisation, le club était en train de créer une régie intégrée (commerciale) et ils avaient besoin de jeunes commerciaux pour aller battre le terrain et c’est ainsi que je débarque véritablement. »
Les prémices d’une histoire sochalienne

« Avoir Jean-Claude Plessis (ex-président emblématique du club) comme beau-père, c’était aussi une pression supplémentaire. Il fallait prouver que je n’étais pas là seulement parce-que je suis le « beau-fils de ». Il faut beaucoup travailler. Peut-être plus que les autres, être consciencieux afin que le travail soit reconnu pour ce que tu fais et pas pour qui tu es. Sportivement, le club remontait en Ligue 1, il y avait une dynamique incroyable, tout le monde bossait extrêmement dur pour faire partie de cette histoire. En tout, j’ai passé 6 ans au FCSM à cette époque. En 2008, Jean-Claude s’en va, mes collègues partent et Alexandre Lacombe me nomme responsable de la cellule BtoB (ndlr : business to business, soit le commerce d’entreprises à entreprises), donc j’évolue. »
Promu au sein de son « club de coeur », celui dans lequel il a commencé à travailler, il reste finalement six années supplémentaires, jusqu’en 2014, année de la descente en Ligue 2 et de la vente par Peugeot. « À ce moment-là, je sens que je ne vais plus m’y retrouver. Ce qui était super excitant au FC Sochaux, c’était de vendre de grands projets, une identité, une marque. Tout est lié à Peugeot quand on parle des valeurs du club ou de la région. Sochaux, c’est le travail, l’humilité, des valeurs familiales. Et tu te dis mince, ce que j’ai toujours vendu et mis en avant, je n’aurai plus les arguments pour le faire. Ce que j’aime, c’est l’ancrage local et l’identité du club, et ils disparaissaient. »
De nouvelles opportunités s’offrent alors à lui, surtout une, au Racing Club de Strasbourg, alors pensionnaire de National : « Et je me lance avec eux, à cette époque on était 10. C’était une toute petite structure ».
« À Strasbourg, Keller voulait qu’on se compare au Bayern Munich »

« Comme Sochaux en Franche-Comté, le Racing c’est un emblème. C’est le totem de l’Alsace. Lorsque j’ai rencontré le président Marc Keller et les actionnaires locaux, leur projet était de refaire du Racing ce qu’il était avant et oublier les années sous pavillon américain. Ils voulaient un club alsacien avec à sa tête des dirigeants alsaciens et j’ai senti que ça collait même si je ne suis pas d’Alsace. Dans les valeurs, on disait « on met en avant le club qui est l’emblème de ma région et on va jouer sur l’ancrage et l’identité locale pour attirer et fédérer autour de nous ». Je retrouvais ce que j’avais connu à Sochaux. Je fais donc 4 ans au Racing Club de Strasbourg et j’avais récupéré toute l’activité commerciale (sponsoring, billetterie et boutique). »
Dans le Bas-Rhin, l’actuel président sochalien reconnaît avoir eu la chance de rencontrer Marc Keller, l’iconique président du Racing. Une figure qui lui sert, sans le dire, de modèle, d’inspiration aujourd’hui dans ses fonctions sochaliennes.

« J’ai eu cette chance de pouvoir travailler avec lui. C’était dur car c’est quelqu’un d’extrêmement exigeant, parfois rude. Mais c’est aussi quelqu’un de très paternaliste, qui rend aussi beaucoup. Quand on a la chance d’être dans ses proches collaborateurs, tu reçois même de l’amour de sa part. C’est quelqu’un d’extrêmement compétent et c’est un ancien sportif de haut niveau (6 sélections en équipe de France), donc il sait ce que c’est. Sur les aspects sportifs il sait de quoi il parle, pareil pour le commercial, il a fait des études et connaît le fonctionnement d’un club. Il a une sensibilité pour le football allemand et s’en inspire beaucoup. C’est un exemple, je trouve, en Europe. Et avec lui, tous les curseurs sont poussés au maximum. On était en National, on était 10 et il voulait qu’on se compare au Bayern Munich ! J’ai aussi un souvenir de lui sur la prise en charge des buvettes, à 10 heures, la veille d’un match. Il voulait tester le temps de cuisson des merguez et des saucisses blanches, thermomètre à la main, pour savoir combien de temps il fallait les chauffer pour être à la bonne cuisson pour les supporters (rires) ! Sur tous les sujets, c’était comme ça. Chaque lundi matin, c’était débrief du match et il n’y a pas eu une fois où il disait « Super les gars, tout roule ». J’ai beaucoup appris avec lui. Je suis parti en 2020 au Havre et j’ai gardé de très bonnes relations avec lui. »
Au Havre, « des vraies valeurs de travail »

Recruté en qualité de directeur du développement par le HAC, Clément Calvez récupère tous les porte-feuilles non-sportifs du club normand (commerce, organisation des matchs, communication). Une expérience « très intéressante sur un territoire à forte identité. C’était un très beau club, avec des vraies valeurs de travail, dirigé par Vincent Volpe, qui n’est pas un footeux à la base mais qui a construit sa fortune sur le territoire normand. Il a voulu rendre au territoire ce qu’il lui avait donné. Il s’est mis au foot car il sait ce que représente le HAC pour les Havrais. C’est le plus vieux club français et l’un des meilleurs centres de formation de l’Hexagone ». Un club où il a vécu la montée en Ligue 1, le remplissage d’un stade Océane qui était un peu déserté et l’ancrage des couleurs du HAC au coeur de la ville. C’est ainsi que Clément Calvez vivra quatre saisons « magnifiques » sous pavillon ciel et marine avant de revenir là où tout a commencé pour lui : au FCSM, mais dans le costume de président, un rôle tout à fait différent.

Alors que le FC Sochaux évolue pour la troisième saison consécutive en National (le club est tombé en 2023), les attentes sont fortes quant à un retour dans le monde professionnel en Ligue 2. Si Clément Calvez a pris, en 2024, la suite de Jean-Claude Plessis et tient la barre du FCSM, il doit faire face, comme tout le monde au sein de l’organisation franc-comtoise, à une forte pression. Mais attention, pour lui, la remontée doit être le fruit d’un mérite sportif comme extra-sprortif. « C’est un environnement stimulant. Le club est un historique du football français. Localement, il y a encore un engouement incroyable et il reste le porte-drapeau d’une région, tout du moins du Nord Franche-Comté. C’est aussi pas mal de pression. Quelque part, on a peur de l’échec. La place de Sochaux n’est pas en National et un jour il faudra remonter au moins en Ligue 2 mais la moitié des équipes du championnat postulent à une remontée à court ou moyen terme et en National, tout le monde peut battre tout le monde, peu importe ta masse salariale. Il faut aussi se rendre compte qu’avec le passage à 18 en Ligue 1 et Ligue 2, des gros clubs, historiques eux aussi, se sont retrouvés en National, Sochaux, Dijon, Valenciennes, Caen, Nancy… Le Mans était encore là l’an dernier. C’est donc un championnat difficile où il faut se battre. Nous, on sait où on veut aller, on veut remonter, mais il faut que la montée soit inéluctable, qu’elle soit un aboutissement, la conséquence du travail qui a été mené en amont. Quand on parle du projet du club, il est capital de rappeler que le projet du club est à trois facettes : sportif, financier et social. »
Un projet sportif ambitieux, réaliste et local

Le projet sportif comporte plusieurs phases. Si bien-sûr, dans un premier temps, les Doubistes souhaitent monter en Ligue 2 le plus rapidement possible, l’idée n’est pas de faire l’ascenseur la saison suivante.
« Il faudra s’asseoir dans ce championnat de Ligue 2 et essayer de se stabiliser dans le premier tiers de cette division, puis, de temps en temps, une année où tout se passe bien, réussir à grimper en Ligue 1, y vivre le plus longtemps possible, et si on en descend cela ne doit pas être une catastrophe. Si on réussit tout ça, alors on aura accompli de belles choses. Quand on regarde les clubs qui évoluent en Ligue 1 par le prisme de la taille de leur ville, de leurs infrastructures ou la composition de leur actionnariat, c’est extrêmement compliqué pour nous de pouvoir dire « on est un club de Ligue 1. C’est David contre Goliath. Nous, on a un stade des années 2000 qui est super (Bonal), mais qui, en 2025, est un très beau stade de Ligue 2. En Ligue 1, ils ont tous un stade capable de générer plus de chiffres. Donc, il y a ce premier point quant au potentiel économique des villes ou des régions. Le Nord Franche-Comté avec Montbéliard et Belfort, c’est 300 000 habitants. On peut essayer d’aller chercher le Haut-Doubs, Besançon, un peu la Suisse, un peu le Sud-Alsace, le Jura ou la Haute-Saône mais malgré tout, on n’a pas le potentiel économique de Strasbourg, de Montpellier, de Nice ou même du Havre. Il faut s’en rendre compte. Par contre, on a la chance d’avoir des actionnaires locaux qui permettent de réaffirmer un projet local. Un club détenu par les Francs-Comtois, pour les Francs-Comtois. Ça représente des avantages en retrouvant notre identité locale, en redevenant un club populaire et familial. Un club qui promeut des valeurs d’humilité et de travail et c’est super. J’ai la certitude que notre développement et ceux de clubs de notre taille passera par cette capacité à être ancré sur son territoire et à fédérer les habitants autour. Évidemment, notre projet sportif se base sur la formation. On a le plus vieux centre de formation de France, on a besoin de s’appuyer sur lui pour atteindre nos objectifs sportifs mais aussi économiques et sociaux. De ce fait, on a signé huit jeunes professionnels. Pour prendre un exemple, il y a le voisin, le FC Metz. C’est un club qui fait souvent l’ascenseur, qui est capable de descendre sereinement lorsqu’il est relégué. Enfin, c’est l’impression qu’il donne de l’extérieur. Il y a une stabilité et une pérennité sans va-tout sportif. »
Le projet économique : « Attirer du public par autre chose que du résultat sportif et de la performance »

« Le projet économique est capital. Aujourd’hui, on ne peut plus se permettre d’avoir un déficit structurel comme celui que l’on a connu sous pavillon chinois avec plusieurs dizaines de millions d’euros en Ligue 2, plus que les 22 millions annoncés. Un déficit compensé par l’actionnaire tant qu’il était capable de le faire. On ne peut plus se le permettre sur la durée. Intellectuellement, ça ne colle pas avec l’environnement du club. Comment on explique aux supporters à qui on vend des billets, qu’on a besoin de ces recettes ? Comment on va démarcher des sponsors pour qu’ils nous soutiennent en disant « on a besoin de cet argent-là » alors qu’à côté il y a un trou de 22 millions ? Notre objectif est donc de revenir à une réalité économique avec des collectivités locales et des actionnaires locaux qui ne seront pas capables de venir à notre secours tous les ans et même s’ils le refaisaient, à un moment, ils en seront lassés, peu importe ce que représente le club. Ils ont une entreprise qu’ils ne pourront pas mettre en danger, des familles, des enfants. Nos actionnaires sont nombreux, solides et impliqués. Ils sont capables de venir en soutien si on est en difficulté, mais notre devoir avec Julien (Cordonnier, directeur sportif) est d’éviter cela et de ne pas aller toquer à la porte chaque année. On a donc eu deux solutions : dans un premier temps il a fallu réduire les charges en baissant notamment les masses salariales sportives et administratives, en baissant le train de vie du club. Cela ne s’est pas fait sans mal mais c’était obligatoire. Ensuite, il y a le développement des recettes : c’est extrêmement important et ça passe par un changement de discours. On doit faire en sorte d’attirer plus de monde au stade. On doit arrêter de s’adresser à des fans de foot, de ne vendre que des résultats. Le sportif c’est notre raison d’être, mais si la performance nous anime au quotidien, on veut attirer ceux qui ne sont pas fans de foot, ceux pour qui le FC Sochaux représente quelque chose sur l’aspect familial. Je le répète, il faut fédérer autour du club. C’est ce qui permettra de développer nos recettes et d’éviter d’être confrontés aux mêmes problèmes. Le stade Bonal doit être le plus gros équipement de loisirs de Franche-Comté, voire de Bourgogne Franche-Comté avec l’Abbé-Deschamps à Auxerre. On a donc un outil extraordinaire pour faire en sorte que les habitants viennent passer un bon moment de détente. On doit garantir des résultats pour nos fans, mais aussi autre chose pour les non-fans. C’est quelque-chose qui a été un peu oublié précédemment. Pendant dix ans, le club n’a investi que dans la performance sportive pour finalement ne jamais atteindre les objectifs visés. On doit attirer du public par autre chose que du résultat sportif et de la performance. »
Le projet social : une présence sur tous les terrains

C’est le troisième aspect du projet sochalien : le social. Le FCSM est un acteur de sa région, une entreprise locale. « On reçoit beaucoup. On doit rendre au territoire ce que le Nord Franche-Comté nous donne. On travaille beaucoup sur l’insertion, notamment au sein de notre centre de formation. On planche aussi sur la féminisation du sport avec le développement de notre section féminine, c’est important de le faire même si notre objectif n’est pas de monter à court terme en D1 ou D2. Aujourd’hui le football féminin est hautement déficitaire et on n’a pas les moyens pour ces accessions-là. Les équipes féminines sont financées par les masculines, et clairement, nous, on ne peut pas le faire. Par contre, on veut faire en sorte que les jeunes filles du secteur puissent pratiquer sous les couleurs du FC Sochaux-Montbéliard et qu’elles puissent continuer en seniors à un bon niveau régional. Enfin, le dernier point est l’aide aux personnes en difficulté. On soutient plusieurs associations locales comme la Ligue contre le cancer, on met à disposition nos infrastructures pour leurs événements, on participe aux collectes de dons. On a développé avec eux la section « sport santé » pour que les personnes malades ou en rémission puissent venir faire du sport avec nos éducateurs au centre de formation. Ça nous tient à coeur. Pour le reste, c’est une présence sur le territoire avec notamment des entraînements délocalisés, des séances dédicaces. Il faut être un acteur local. »
« Voilà les trois volets de notre projet, de ce qu’on est. Le FC Sochaux c’est tout ça. On ne met pas tous nos oeufs dans le même panier parce qu’on a une histoire, une identité et que c’est important que tout s’aligne pour qu’on atteigne nos objectifs sportifs. On veut tous que Sochaux remonte, mais tout ce qu’on fait, c’est pour faire en sorte que le sportif avance et aille mieux. Le sportif est le coeur du réacteur, mais le reste permet d’alimenter le réacteur. Tout miser sur le sportif c’est aussi mettre toute la pression sur 25 joueurs et le staff. Nous, on veut impliquer tout le monde, tout ceux qui travaillent au club. Et si le sportif va mal, alors je demanderai encore plus d’efforts aux autres pour continuer à alimenter le réacteur et protéger les joueurs. »
« L’année dernière, on n’a pas tout bien fait… »
Si cette année le début de saison est quasi-excellent pour les Lionceaux, l’an dernier fut une désillusion pour toute la maison jaune et bleue. Sur le papier, le FCSM avait l’un des meilleurs effectifs du championnat et devait jouer les premiers rôles. Finalement, la qualité sur le terrain a laissé à désirer, les supporters se sont irrités, les critiques et la défiance sont arrivées et un vent de crise a soufflé dans le Doubs.
Pour autant, la direction a tiré des leçons de ses revers. « On ne peut pas nier que la saison passée a été compliquée. Il y a eu une multitude d’éléments qui ont conduit à cette situation. En début de saison, il y a eu un défaut de communication de notre part sur les objectifs à atteindre et sur le caractère impératif de ces objectifs. On avait dit aux supporters « On a deux ans pour remonter en Ligue 2 ». Quand ils ont vu qu’on n’allait pas « rouler » sur le championnat, il y a eu une grosse tension. On a créé beaucoup d’attentes et on a subi des pressions et des critiques. »
« On aurait dû plus protéger Karim Mokeddem »

« Aujourd’hui, on a construit une équipe pour jouer les premiers rôles, on veut être en haut mais on fera le bilan en fin de saison. L’an dernier, on n’a pas su créer un collectif fort, on avait de supers individualités et on n’a pas su trouver cet entrain dans le vestiaire entre les joueurs de la première année et ceux qui les ont rejoints ensuite. Il y a aussi le cas du coach, Karim Mokeddem, où, en étant 6e du championnat, on avait rehaussé les objectifs, et puis viens cette série de onze matchs nuls, on avançait petitement et le soir du match au Mans, où on n’arrivait toujours pas à marquer, on fait le choix avec Julien et les actionnaires de se séparer de Karim Mokeddem en espérant créer un déclic offensif, mais ça n’a pas été un choix heureux. Karim a été très vite remis en question, trop vite. On aurait dû plus le protéger. On ne pouvait pas s’attendre à avoir le jeu chatoyant des années 2000, mais j’ai un regret car il n’a pas été dans de bonnes conditions pour travailler sereinement. Karim n’a pas tout bien fait et est, en partie, responsable du manque de cohésion, mais, nous non plus, nous n’avons pas tout bien fait. On a tous une part de responsabilité dans l’échec de la saison dernière. Lorsqu’on se sépare de Karim, on n’a pas 50 options, on fait le choix de Frédéric Bompard car il voulait vraiment venir, il avait une vraie expérience, mais pour lui aussi les choses se sont mal emmanchées. Il est venu pour une mission, qui, après deux matchs, a été grandement compromise. »
« La Ligue 3 permettra d’homogénéiser le championnat »

La troisième division est-elle un environnement viable pour l’entité sochalienne ? Un championnat à deux vitesses entre les grosses cylindrées qui jouent la montée et les autres. Le championnat est compliqué avec aucun droits TV et des déplacements types Ligue 1, Ligue 2 aux quatre coins de la France. C’est, un peu, un gouffre financier pour des clubs aux capacités limitées. « Le National, c’est un championnat hybride. Nos recettes se limitent à ce que nous, on est capables de générer seul (sponsoring, billetterie, hospitalité et vente de joueurs grâce au centre de formation). On cherche à optimiser notre organisation tout en l’allégeant pour supporter les obstacles. Assumer notre projet a un coup et nos capacités de recettes ne suffisent pas. Les droits TV sont un enjeu et nous n’en avons pas, et la valeur des joueurs est beaucoup plus faible qu’en Ligue 2. Annuellement, on prévoit des ventes à hauteur de 500 000 euros voire 1 million d’euros là où en Ligue 2, on pourrait tabler sur 3 millions en plus des droits TV. »
Mais à partir de la saison 2026-2027, le championnat se professionnalise et devient la Ligue 3. Un point extrêmement positif aux yeux du président. « Cela permettra d’homogénéiser le championnat. La moitié des clubs sont professionnels, l’autre est amateure. On ne part pas sur un pied d’égalité et les disparités administratives sont marquées entre les formations. On peut, niveau infrastructures, passer d’un Bonal ou d’un Hainaut (Valenciennes) au synthétique du stade Pelé (Paris 13 Atlético) : il y a de grosses disparités. C’est parfois déroutant. Pour revenir aux droits TV, il y a quand même des difficultés pour la Ligue 1 et la Ligue 2… On risque d’avoir des difficultés avec la Ligue 3 aussi. Le National est passionnant, tout le monde peut battre tout le monde avec de belles équipes qui la compose, attractives et suivies, mais… »
« On veut redonner de l’envie à nos supporters »

Et si Sochaux ne monte pas, le club pourrait-il supporter une quatrième saison en National ? « On devra et on le fera. Ce qui est important, c’est de mettre en places les conditions pour monter. On doit faire en sorte d’aligner toutes les planètes pour atteindre nos objectifs. On fera en sorte avec les actionnaires de trouver les solutions nécessaires, peut-être que cela passera par de nouvelles adaptations de la masse salariale, de notre mode de fonctionnement. En tout cas, il est hors de question, déjà pour cette année, de reproduire les mêmes erreurs. La cohésion est un sujet sur lequel on s’est rapidement dit qu’il ne faudrait pas se rater pour cette saison. On veut faire une belle saison après le raté de l’an dernier. On veut redonner de l’envie à nos supporters, les faire vibrer. Sur notre recrutement on s’est attaché à faire venir des joueurs qui étaient motivés à porter ces couleurs, qui ont l’expérience du National et qui ont connu des stades exigeants avec ce type d’ambiance. On avait les mêmes critères pour le choix du coach Vincent Hognon, un choix unanime entre le directoire et les actionnaires. On travaillait depuis un moment sur la constitution de l’équipe de cette saison lorsque les dés étaient jetés pour l’an dernier. »
Des choix payants après quatre journées de championnat et une place de co-leader avec Versailles (qui compte un match de retard), mais la saison sera longue et les Sochaliens devront tenir la cadence et seule, elle, permettra de dire dans huit mois si la stratégie portée par Clément Calvez était la bonne.

- Texte : Augustin THIEFAINE
- Photos : Philippe LE BRECH (sauf mentions spéciales)
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