Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Christophe Celdran (Marignane Gignac CB) : « On sait où on veut aller ! »

Le co-président du club provençal, en tête de sa poule en National 2, effectue un très large tour d’horizon de la nouvelle entité MGCB, née de la fusion de deux clubs l’été dernier.

« Ce match, c’est une petite finale ». Voilà comment Christophe Celdran, l’un des quatre présidents du « MGCB » (Marignane Gignac Côte Bleue*) qualifie le choc de la 24e journée de National 2, à Grasse (l’entretien a été réalisé juste avant le match nul 0 à 0 à Grasse). Un choc qui voit le dauphin de la poule – le RC Pays de Grasse – accueillir le leader provençal.

Même si on voit bien la métaphore, on n’est pas obligé d’être d’accord avec le PDG du réseau Clairimmo-Maxihome, le groupe qu’il a fondé en 1995. Parce qu’après ce choc, il restera encore six journées de championnat, et absolument tout pourra se passer. Pour remporter Roland-Garros, Rafael Nadal doit gagner 7 matchs. La fin de parcours du MGCB se rapproche peut-être plus d’un tournoi de tennis, avec un tableau … sans élimination directe !

Un projet ambitieux et cohérent

En revanche, avec Christophe Celdran, on est d’accord sur une chose évidente : la saison est folle ! Folle parce que les quatre équipes de tête étaient encore ex aequo avant la 23e journée, et qu’elles se tiennent aujourd’hui en 3 points avant la 24e !
Folle aussi parce, hormis Auxerre (5e), Hyères (6e) et Thonon Evian Grand Genève (7e, 35 points chacun), les neuf autres équipes de la poule (du 8e au 16e) sont concernées par la descente (5 relégations et peut-être 6 en fonction des moins bons 11es).
Si l’ex-président du FC Côte Bleue (Carry-le-Rouet / Sausset), de 2016 à 2022, est à l’autre bout de l’écran, face à nous, ce n’est pas pour évoquer ce choc au sommet mais pour présenter son nouveau club, né de la fusion l’été dernier de Marignane-Gignac avec, donc, le FC Côte Bleue. Un projet ambitieux, forcément, cohérent, surtout, qu’il détaille dans un long entretien accordé en amont de cette affiche de haut de tableau de National 2.

Agé de 55 ans, Christophe Celdran – aucun lien de parenté avec l’ex-professionnel de Guingamp, Sedan et Le Mans, Philippe Celdran ! – a posé le siège de sa société à Martigues mais a grandi à Sausset-les-Pins, le village dont il est resté fidèle et où ses parents ont déménagé quand il avait 14 ans, après une enfance à Marseille.

Depuis le 1er juillet 2022, il préside aux destinées du MGCB aux côtés des trois autres présidents, Marc Vicendone, Michel Leonardi et Baptiste Giabiconi. « Si on est là, c’est pour le bien du club, lance d’emblée Christophe Celdran; on n’est pas des investisseurs, on ne gagnera pas de l’argent avec le club, il ne faut pas sortir de Saint-Cyr pour le comprendre. Ce que l’on veut, c’est pérenniser le club et sortir des jeunes, se faire plaisir en gagnant des matches, et on verra où est le plafond de verre. C’est un travail quotidien, comme dans une entreprise ».

*Marignane Gignac Côte Bleue est un club fondé en juilet 2022 et né de la fusion entre le Marignane-Gignac FC d’un côté et le FC Côte Bleue de l’autre. le Marignane-Gignac FC etait lui même né de la fusion en 2016 de l’US Marignane et de l’US Gignac; le FC Côte Bleu, quant à lui, était né en 1996 de la fusion entre le SO Saussetois (Sausset-les-Pins) et le Carry Sports Côte Bleue (Carry-le-Rouet).

INTERVIEW

« Ce serait une immense déception de ne pas monter en National »

Les coprésidents Baptiste Giabiconi (à g), Michel Leonardi, Marc Vicendone et Christophe Celdran, encadrent l’entraîneur du MGCB Brahim Hemdani (au centre).

Président, la première saison du MGCB n’est pas terminée, mais peut-on déjà tirer un bilan ? Comment se passe cette fusion ?
On fera le bilan en fin d’année. Là, il ne peut être que provisoire. Sur le plan des licenciés, on est aujourd’hui 1082 : c’est en ligne avec ce qui avait été prévu. Avec la fusion des deux entités, on s’est retrouvé avec des équipes en double. Il a donc fallu en « sacrifier », notamment chez les seniors, où on en a conservé trois. On a aussi supprimé les deux équipes U20, une équipe U19, et on a eu quelques problèmes avec la section féminine, où on a perdu 120 licenciées.

On savait que, mathématiquement, on aurait un effectif total inférieur au cumul des deux clubs. 1082 licenciés, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Malheureusement, des personnes qui n’étaient pas favorables à cette fusion et qui ne la voyaient pas d’un bon oeil ont raconté un peu tout et n’importe quoi… Donc, voilà, la vraie rentrée, ce sera en septembre 2023 : c’est là que l’on fera les compte. On sera plus nombreux et les esprits seront, je le pense, apaisés. Parce que l’on aura appris, tous, éducateurs, dirigeants, directeurs sportifs, à se connaître un peu mieux même si, entre nous, les quatre présidents et les membres du Comité, on se connaît bien.

« Allez expliquer à un joueur de N2 qu’il va aller jouer en R2… »

Et sportivement, êtes-vous dans les clous ?
On est, là encore, en ligne avec les objectifs fixés. L’an passé, on a supprimé les U19 et U20. Par contre, on a refusé la montée en Régional 1 pour permettre aux U18 de la saison passée d’aller plutôt s’aguerrir en Régional 2 : actuellement, on est 6e, à 2 points du 3e, avec des jeunes. On pense que cela a été une bonne décision, surtout que notre équipe II est en National 3, malheureusement elle est dernière de son groupe. En N3, on n’a pas eu beaucoup de réussite, on a mal géré certains matchs, on a été maladroits, et puis c’est toujours difficile de faire redescendre des joueurs de N2 en N3.

Quant à ceux qui jouaient déjà en N3 l’an passé, de la partie Côte Bleue, et qui sont restés au club, ils n’ont pas apporté ce qu’ils auraient dû apporter : pour eux, avec le fait se retrouver en équipe II alors qu’ils jouaient en équipe I l’an passé, la motivation est moins importante. On va essayer de finir le plus haut possible (l’équipe reste sur deux succès 3 à 0 à chaque fois face à l’OM et face à Carnoux) et on verra aussi en fonction des problèmes extra-sportifs de certains clubs.

Très peu de clubs fonctionnent avec une N3 et une N2 : vous arrivez à gérer ça ?
C »est compliqué mais je pense qu’on est passé à côté de quelque chose en National 3, où on visait le maintien, car on a de la qualité. En fait, c’est difficile psychologiquement pour certains joueurs qui, comme je le disais, ont pris un coup au moral en devenant des joueurs de l’équipe II. Mais je sens que l’envie et la motivation sont revenues. Maintenant, allez expliquer à un joueur de N2 qu’il va aller jouer en Régional 2… Je préfère lui dire d’aller en N3. Le « gap » est trop important entre N3 et R2. Et puis ce n’est pas déshonorant de jouer en réserve, surtout en National 3 ! En plus, financièrement, une équipe de R1, et vous allez être surpris de l’apprendre, coûte un peu plus cher qu’une National 3 !

En N3, on a un effectif plus restreint, on n’a pas de salaires exorbitants, les arbitres sont pris en charge par la FFF ainsi que nos déplacements en corse à hauteur de 4 200 euros. Sans compter les aides de la Fédération via la licence club pour nos déplacements. Y’a juste le staff qui coûte un peu plus cher.

« J’ai choisi Brahim Hemdani pour sa patte, sa rigueur, son travail, son humilité »

L’équipe fanion est leader avec 2 points d’avance sur Grasse avant le choc de ce week-end (samedi 15 avril à 18h) : vous attendiez-vous à cela ?
Il faut revenir en arrière : l’été dernier, notre coach Mohamed Sadani est parti à Aubagne, il habite à 5 minutes du stade là-bas, et il a emmené des joueurs. C’est là que l’on s’est demandé ce que l’on voulait faire, comment on voyait le club dans quelques années, si on voulait jouer le maintien ou le haut de tableau, et qui il fallait prendre au poste d’entraîneur en fonction d’un budget à ne pas dépasser.

On a choisi Brahim Hemdani, que je connaissais car il était adjoint à Côte Bleue. On l’a pris pour sa rigueur, sa patte, sa marque de fabrique, son travail, son humilité, alors que l’on a reçu une quantité de CV. Brahim, je l’ai choisi aussi car je connais l’Homme avec un H majuscule, et pas pour jouer le maintien. Ensuite, il a voulu prendre Michel Flos comme adjoint, qui a du réseau, et on a pris Laurent Tudela, l’entraîneur des gardiens, qui était aussi à Côte Bleue. On a un staff restreint et on a mis en place une politique sportive : celle d’avoir des joueurs confirmés avec les jeunes qui étaient déjà au club.

On a aussi fait revenir Guillaume Bosca (8 saisons à Marignane entre 2011 et 2019, parti ensuite à Dunkerque en L2 et au Red Star en National) pour montrer que l’on avait de l’ambition. Guillaume avait déjà fait la montée en National en 2017-18; il connaît le club et a envie de s’incrire sur la durée. Tous les joueurs qui sont venus ont signé pour 2 ans : ce qui montre le projet de s’inscrire sur la durée. On a encore fait un effort à la trêve, en recrutant Karim Bouhmidi (ex-Lyon-Duchère), qui commence à claquer but sur but (6 buts en 7 matchs). On n’a pas le plus gros budget de la poule , loin de là, mais on a un groupe.

« Des idées, de la rigueur et de l’envie »

Vous disiez que ce championnat de N2 était fou…
C’est très serré. On a repris la pole, c’est vrai. On va à Grasse (2e à 2 points), et on a aussi 3 points d’avance sur La Duchère et Jura Sud. Rien n’est acquis. On a la qualité pour aller au bout mais tout peut changer. Malgré tout, je préfère être dans ma position. On va aller à Alès qui fait mal en ce moment avec son nouveau coach Hakim Malek, on va à Thonon Evian qui vient de battre La Duchère. Je pense que cela va se décanter dans les deux dernières journées. Et puis ce qui peut nous aider, c’est que, du 8e jusqu’au 16e, tout le monde joue le maintien.

Récemment, on a « réveillé » Aubagne qui était avant dernier en allant perdre chez eux ; est-ce que c’était le contexte du derby ? Est-ce que c’était parce qu’il y avait notre ancien coach sur le banc d’en face ? Est-ce que c’était dû au fait que des joueurs de chez eux étaient chez nous l’an dernier ? J’espère que cette défaite va nous aider puisqu’on a les a relancés et qu’ils peuvent se maintenir.

Je n’oublie pas que Hyères possède trois fois notre budget, que Fréjus et Toulon ont un budget largement supérieur au nôtre aussi. Nous, on essaie d’avoir des idées, de la rigueur et de l’envie. On ne veut pas de mercenaires mais des gens du cru ou qui connaissent le club, comme Ali Bamba, revenu l’an passé, ou Kassim Abdallah (ex-OM, Evian, Sedan et Ajaccio), formé à Marignane. On souhaite avoir « l’esprit région, local ». On reste un club familial et convivial.

Ne pas monter en National cette année, ce serait une immense déception ?
On a passé la plupart de la saison en tête donc si on finit 2e à un point du premier, on va se souvenir du match retour contre Aubagne, une équipe contre laquelle on n’a pris qu’un point sur 6. Maintenant, même si on n’avait pas programmé la montée, ce serait une immense déception si on n’y parvenait pas, mais on a notre destin entre nos pieds. Les joueurs sont face à leurs responsabilités : qu’est-ce qu’ils veulent faire ? Aller jouer en National la saison prochaine ou rester en National 2 ? Voilà, c’est à eux de décider de ça. Ils ont donné un élément de réponse lors du dernier match contre Hyères, une équipe qui nous a agréablement surpris (succès 4-2). Je ne connais aucun président ni aucun entraîneur qui vous diront en début de saison « Je joue pour descendre » : c’est toujours soit le maintien, soit la montée. Là, il reste 7 matchs : à nous d’être performants. Et si on n’y arrive pas, ça sera partie remise mais on prendra un gros coup au moral.

Développer le business club

Le club a passé une saison en National en 2018-2019 mais après une bonne première partie de championnat, il s’était écroulé après la trêve : qu’avait-il manqué à l’époque pour se maintenir ?
Je connais les raisons internes mais je ne veux pas les dire… Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a eu un problème de management que l’on a mal géré; cela a perturbé l’équipe psychologiquement. Il y a eu une cassure liée à la coupe de France, alors que l’on était 9e à la trêve.

Depuis 2019, le National a encore évolué : comment le MGCB peut-il exister dans ce championnat où il pourrait y avoir plus de la moitié des clubs qui possèdent le statut pro la saison prochaine ?
On travaille avec les partenaires autour du développement d’un business club. On arrive à une quarantaine de partenaires aujourd’hui. Il faudra que l’on se donne les moyens d’exister, sachant qu’avec 255 000 euros de subventions, on est très loin des 1,1 million à Martigues, par exemple. Cela passe par l’arrivée de partenaires privés, même si ce n’est pas ça qui, on est bien d’accord, nous fera jouer un jour en Ligue 1 ou en coupe d’Europe !

Ce que l’on veut, c’est travailler sur la durée, monter en National, puis, sur la dynamique de la montée, espérer un maintien haut, comme le fait Martigues cette saison et là, félicitations à eux, félicitations au travail du staff, à Grégory Poirier qui est un super coach et à Djamal Mohamed le directeur sportif. Ensuite, il faudra pérenniser le club. Après, y’a le fameux serpent de mer avec cette Ligue 3 : on ne sait pas où en est ce feuilleton mais ce qui est sûr, c’est qu’on a envie d’aller jouer au Mans, à Nancy, à Châteauroux, dans des stades qui ont une histoire, contre des clubs qui ont un vécu.

« La Ligue 2, c’est du fantasme »

La Ligue 2 pourrait-elle, à termes, être envisagée ?
La Ligue 2, c’est du fantasme. Mais après tout, Martigues prouve que « pourquoi pas ? ». Nous, on en est très loin, d’ailleurs, on n’est même pas en National ! Après, Consolat a failli monter en L2 avec des moyens pires que les nôtres ! Ce que je vois, c’est qu’au MGCB, on a des infrastructures avec 12 ou 13 stades qui permettent de bien travailler sur la masse.

On a aussi un projet de centre de formation : on est déjà en partenariat avec un lycée à Marignane qui va ouvrir une classe sportive, idem dans un collège à Sausset-les-Pins, qui va en lancer une. On travaille sur un centre d’hébergement, à Marignane ou à Sausset, pour avoir des joueurs qui viennent d’un peu plus loin que la région. Mais tout ça ne se fait pas du jour au lendemain. C’est pour ça que si on monte en National, ça mettra un coup d’accélérateur à ces projets-là. La locomotive, c’est l’équipe première, c’est pour tous les clubs comme ça.

Mais y’a du monde, avec Martigues, même si eux, ils sont plutôt en concurrence avec Istres; nous, on est plutôt tourné vers Vitrolles, Berre, Aix, Luynes, les quartiers nord de Marseille aussi. On essaie avec nos modestes moyens de bien travailler, d’être pragmatiques, concrets, pour essayer de tirer la quintessence du club. On veut faire un gros club, à l’est de l’étang de Berre.

« Il faut une enceinte sportive digne du département »

Le stade Saint-Exupéry à Marignane.

De toute façon, si un jour le club venait à évoluer en Ligue 2, il serait confronté à un problème d’infrastructures…
C’est le point noir du département qui, hormis le Vélodrome, n’a pas de stade. C’est un scandale et cela relève du domaine politique. La communauté territoriale a toute sa responsabilité là-dedans. Y’a le stade Parsemain, au bout du bout du département, qui a été repris par la Métropole; il y a le stade Turcan de Martigues, qu’il faudrait rénover, le stade Delort à côté du Vélodrome qui est dédié à l’athlétisme, et puis voilà.

La métropole doit se poser la question, car une municipalité ne peut pas financer une infrastructure à 10 ou 15 millions d’euros : peut-on avoir un club de la région avec une deuxième enceinte de 5 000 ou 7 000 places pour abriter un club de Ligue 2 ? Ou bien doit-on faire ce qu’il faut pour que le stade Parsemain soit aux normes et, surtout, pour que l’on puisse y jouer quand il y a du vent ? Ou alors faut-il rénover Turcan ? A Marignane, au complexe Bolmon, où s’entraîne la N2, on a un projet, il y a quelque chose de bien à faire dans ce stade, donc à voir… si les architectes, encore une fois, écoutent. Pas comme pour le stade Parsemain qui a été construit en dépit du bons sens.

En tout cas, il faut une enceinte sportive, digne du département, avec des clubs résidents ou pas, qui puisse accueillir des événements sportifs mais aussi des concerts. Ce problème, c’est le même que l’on retrouve à Paris. La Métropole doit prendre ce dossier à bras-le-corps. Alors, forcément, cela fera des mécontents en fonction du lieu choisi, mais maintenant, il faut y aller !

Même le stade St-Exupéry, à Marignane, est « limite » pour le National : y’ a-t-il un projet de rénovation ?
Chaque chose en son temps. Le club était moribond il y a deux ans. Je suis venu pour redonner de l’ambition et du dynamisme. On a anticipé la fusion, on y est allé à marche forcée, mais ça s’est bien passé. Il y a un engouement qui se met en place parce que le club redevient ambitieux et parce qu’on a des résultats, que l’on crée du jeu. On verra, si on monte, pour faire quelques aménagements à Saint-Exupéry, avec, on l’espère, l’aide de la mairie, même si celle-ci a le projet de tout raser pour y faire un programme immobilier.

Avec cette fusion, comment vous organisez-vous au niveau des jeunes ?
Jusqu’aux U13, il y a un pole à Côte Bleue, où les jeunes sont l’ADN, et un autre à Gignac, réputé pour sa formation. On n’a pas voulu déplacer les « petits ». Il faut que la greffe prenne. Récemment, on a fait un rassemblement à Carry-le-Rouet en U10 et U11, avec les jeunes des deux pôles, tous mélangés, pour que tout le monde se connaisse, pour que les coachs discutent entre eux, pour qu’il y ait une émulation, un dynamisme.

L’idée est de travailler main dans la main, et pas de se dire « Ceux de Gignac sont meilleurs que ceux de Carry ». Il y a de la place pour tous. On a des jeunes en foot à 8 ans qui gagnent tout ! On a un réservoir, un vivier. Ensuite, on resserre à partir de la catégorie U14. La difficulté, c’est d’être fédérateur et de récupérer les meilleurs jeunes de la région : il faut arrêter de se « faire la guerre », Martigues, Istres, Aubagne et nous.

« Nous serons bientôt cinq coprésidents »

Comment fonctionnez-vous avec les trois autres présidents ?
Nous sommes quatre coprésidents. Marc Vicendone, qui est le patron de Villas Prisme, est un historique de Marignane. Michel Lombardi est le président historique de Gignac. Ce sont surtout eux qui sont au club au quotidien. Baptiste Giabiconi s’occupe des relations publiques et de la communication. Quant à moi, j’étais le président du FC Côte Bleue et j’avais déjà été président de Marignane pendant un an. Je m’occupe surtout du pôle seniors et des 18 ans. Je laisse la gestion du quotidien à Marc, qui s’occupe plus du coté « jeunes » : on se répartit bien les tâches, on a appris à ce connaître, on fait ça sans forcer le trait, comme si on se connaissait depuis toujours. On a partagé les tâches de manière naturelle. Bientôt, nous ne serons plus quatre, mais cinq coprésidents…

« Giabiconi n’est pas le monstre que l’on a décrit »

Dans un passé récent, Baptiste Giabiconi a été président du FC Martigues, où il n’a pas laissé de très bons souvenirs, c’est le moins que l’on puisse dire…
Il connaît bien le maire de Marignane, et avec un an de recul, maintenant qu’on le connaît beaucoup mieux, il n’est pas le monstre que les médias ont bien voulu décrire. Il ne s’en est pas mis « plein les poches » à Martigues contrairement a ce qui a été écrit, et c’est un bon mec. Il a été le bouc émissaire d’une mauvaise gestion de la part de certaines personnes et de la municipalité de Martigues.

Bergerac, club de N2, passe actuellement en société : votre équipe fanion peut-elle, elle aussi, sortir du giron de l’association ?
Pas dans l’immédiat. On a un gros projet que l’on va présenter au comité directeur, qui permettra d’aller au-delà de l’aspect sportif, basé sur le business, le domaine entrepreneurial et les RSE. C’est un projet ambitieux mais réaliste, très « corporate », qui peut fédérer les énergies et apporter des moyens financier supérieurs afin d’exister en National.

« Aucun joueur ne touche plus de 3000 euros »

Brahim Hemdani, le coach de l’équipe de N2.

Le budget du club et de l’équipe fanion ?
Pour l’équipe de N2, il est de 600 000 euros, et pour l’ensemble du club, il est de 1,5 millions d’euros, avec une N3, des U17 Nationaux, etc. Chez nous, en National 2, il n’y a aucun joueur qui touche plus de 3000 euros par mois. Et on ne fait pas de surenchère, contrairement à d’autres clubs. Nos maîtres mots sont humilité, travail, rigueur, collectif et mentalité.

Avant vous, d’autres clubs ont essayé d’aller plus haut, comme Istres, Cassis-Carnoux ou Arles-Avignon : n’avez-vous pas peur de vous brûler les ailes ?
Au sein du MGCB, le projet sportif est écrit, le projet financier est en train de s’écrire, celui des infrastructures aussi. On va essayer de ne pas faire comme certains, je pense à Arles-Avignon et un peu à Istres même si Bertrand Benoît avait au départ fait du très bon boulot. Nous, ce n’est pas la lumière qui va nous brûler les ailes : on sait où on veut aller et avec qui. On a écarté des personnes qui n’entraient pas dans le projet. On sait se mettre derrière le comptoir à la buvette, on est un peu de l’ancienne école.

« On veut travailler main dans la main avec l’OM »

Quelles sont vos relations avec l’OM ?
On est complètement supporter de l’OM mais on doit se rapprocher encore plus et travailler avec eux. L’OM a le voeu de recentrer les clubs partenaires, et privilégier Burel, Air Bel et nous. On a de très bons jeunes. Nos 18 ans ont disputé un 8e de Gambardella. D’un côté, on a un club qui passera à 1200 ou 1300 licenciés l’an prochain, avec du réservoir et de la masse, et de l’autre on a l’OM, qui possède l’élite; il faudrait sortir un maximum de joueurs en partenariat avec l’OM qui, on l’espère, jouera le jeu et pourra nous prêter des joueurs pour éclore, et nos meilleurs jeunes iront chez eux (le MGCB a toutes ses catégories en Ligue, Ndlr). On voit bien que, à part des Nasri ou des Lopez, les jeunes ont du mal à sortir à l’OM.

Il faut aussi pérenniser le match amical de préparation, comme la saison passée à la commanderie : le premier match de l’ère Tudor, c’était contre nous ! Cela nous donne une visibilité supérieure. Les fondations du club sont profondes : avec des seniors et des jeunes, on est un peu les seuls. Par exemple, à Air Bel et à Burel, il n’y a que les jeunes. On essaie de travailler sur le réservoir pour avoir un football de masse avant, dans un second temps, de resserrer l’élite. L’objectif, c’est que nos meilleurs jeunes évoluent dans 2 ou 3 ans en seniors sous les couleurs du MGCB.

Mais il faut qu’on finaliste ce partenariat, à la fois sportif et financier. On a le plus gros vivier de la région. On discute avec Marco Otero (patron de la formation), Franck Borelli (entraîneur au Centre de formation), Pablo Longoria (président) : il faut que tout ça se concrétise. Récemment, on a encore reçu des convocations pour certains de nos jeunes, y’en a un qui va à Saint-Etienne, l’autre à Nîmes… Donc voilà… Plus l’OM prendra de joueurs, plus il en ressortira quelque chose.

Depuis toujours, on a l’impression que c’est dur d’exister à côté de l’OM…
C’est vrai que dans les Bouches-du-Rhône, il y a l’OM, et puis c’est tout. Nous, on ne veut pas concurrencer l’OM, de toute façon on n’y arrivera jalmais ! On veut juste être des partenaires financiers solides, des partenaires de la « Next generation »; on veut travailler main dans la main sur la durée avec eux.

L’entretien a été réalisé avant le match à Grasse qui s’est soldé sur le score de 0 à 0, qui permet au MGCB de conserver la tête de la poule.

 

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @13heuresfoot et @BOYERANTHONY06

Photos : MGCB et DR