Ancien joueur pro passé par Beauvais, Le Mans, Niort, Toulouse, Ajaccio et … PSG, l’entraîneur des Genêts d’Anglet (National 3) évoque le passé, le présent et l’avenir ! Depuis cette saison, le natif de Pau (47 ans) se consacre exclusivement au football. Et si c’était le début d’une nouvelle carrière ?
Quand il était joueur, Cédric Pardeilhan avait un rêve. Jouer avec Pascal Olmeta ! Ce rêve, il l’a concrétisé en signant au Gazelec Ajaccio, en National, en 1998, alors qu’il touchait un meilleur salaire au Mans et, surtout, qu’il évoluait un échelon au-dessus, en Division 2.
Seulement voilà, le natif de Pau (Pyrénées-Atlantiques) ne raisonne pas comme tout le monde. Ses choix ne sont dictés ni par l’argent, ni par le niveau. Sa carrière de joueurs, qui l’a mené de Pau, où il a effectué ses débuts en National à 17 ans, lancé par Slavo Muslin, à Niort, en passant par Beauvais, Toulouse et Le Mans notamment, était comme ça.
Celle d’entraîneur, qu’il a embrassée à l’Aviron Bayonnais, d’abord en réserve, après avoir raccroché les crampons à 30 ans, est et sera également comme ça. Sans calcul. En saisissant des opportunités si celles-ci se présentent.
Mais le Béarnais n’ira pas taper à la porte. Et n’enverra pas de CV. Pas son style. Et puis, paradoxalement, même si son parcours de joueur est bien garni, avec pas mal de changements de clubs, la fin de sa carrière et surtout le début de sa nouvelle d’entraîneur démontre une belle et grande fidélité, que cela soit à l’Aviron Bayonnais, où il a passé 9 ans, ou aux Genêts d’Anglet, qu’il a rejoint en 2013 et qu’il n’a plus quittés depuis.
Ses souvenirs, ses expériences, ses ambitions, les Genêts d’Anglet, Cédric Pardeilhan s’est longuement confié à 13heuresfoot, chez lui, à Tarnos, dans les Landes, à une petite dizaine de kilomètres seulement d’Anglet et de Bayonne.
Cédric, vous êtes Béarnais, vous entraînez dans le Pays-Basque et vous habitez à Tarnos, dans les Landes… C’est possible ça ?
(Rires) Oui ! Ma mère est Basque, mon père est à moitié basque, donc j’ai plus de sang basque même si je renie pas du tout mes origines béarnaises ! Mais j’aime beaucoup mes origines basques aussi !
Pourquoi avez-vous choisi de faire du foot quand vous étiez petit ?
Je n’ai pas vraiment choisi ! J’ai toujours aimé le foot à en crever, mais cela n’a jamais été mon objectif de ne penser qu’à devenir pro, ça m’est tombé un peu dessus. Je ne l’ai su qu’après, quand j’ai grandi. J’ai été contacté par des clubs pros vers l’âge de 13 ou 14 ans mais on ne me l’a pas dit tout de suite. Devenir pro, c’était un rêve caché : je ne pensais qu’au foot, ça c’est sûr, mais pas forcément pour être professionnel.
Si vous n’aviez pas été footballeur, qu’auriez-vous fait ?
Je n’en sais rien du tout. J’ai passé un BEP CAP électrotechnique. Mon objectif au début c’était de jouer dans mon club, à Pau, en équipe première, en espérant qu’ils me trouvent un emploi à la Ville ou quelque chose comme ça. Je n’étais pas très scolaire.
Comment avez-vous commencé votre carrière de coach ?
Quand j’ai mis un terme à ma carrière de joueur à Bayonne, je suis devenu l’adjoint d’Alain Pochat pendant deux ans, puis j’ai pris l’équipe B pendant 4 saisons, en National 3 et en Régional 1. Puis j’ai arrêté pendant un an. Il était question que je prenne la suite à la tête de l’Aviron Bayonnais mais cela ne s’est pas fait pour des raisons extra-sportives. Du coup, je me suis un peu posé cette saison-là, ça m’a permis de faire un point, et je suis aussi devenu à nouveau papa. Puis finalement, je vais aux Genêts d’Anglet. Henry Olazcuaga, le coach, m’appelle, et me propose d’abord de prendre la B, me demande si ça m’intéresse. Mais l’équipe était entraînée par Jean-Louis Cazes, un ami de mon père et aussi un de mes amis. En fait, j’attendais que Jean-Louis dise « J’arrête » pour prendre l’équipe. Et quand il a arrêté, il a été classe, il a dit que j’étais le seul qui pouvait prendre la suite. C’est quelqu’un qui a fait beaucoup de choses aux Genêts d’Anglet. J’ai entraîné l’équipe B pendant 3 saisons, en Régional 1, puis Henri (Olazcuaga) m’a demandé de monter avec lui en National 3. La première saison, on finit 3e alors que ce sont les deux premiers qui montent, avec des décisions un peu bizarre : Limoges, avec un déficit de 150 000 euros, est monté quand même avant d’être rétrogradé administrativement la saison suivante, mais comme le trésorier du club, Monsieur Saïd Enjimi, est aussi président de la Ligue Nouvelle Aquitaine…
Depuis quand êtes-vous à la tête de l’équipe de N3 à Anglet ?
J’attaque ma 6e saison. L’an passé, on a terminé 2e derrière Libourne qui est monté avec un entraîneur qui n’a pas le diplôme, mais qui était couvert par un autre qui avait le diplôme alors que ce n’est plus autorisé depuis quelques années, mais bon, apparemment, certains ont le droit… c’est comme ça… Enfin, non, ça ne devrait pas être comme ça.
De 2005 à 2011, le club a évolué en CFA (National 2) : est-ce qu’il peut retrouver ce niveau et s’y installer à nouveau ?
L’objectif est de continuer à travailler comme ça, avec les jeunes, et que notre équipe première monte en N2. En espérant qu’un jour, on ait 7 ou 8 joueurs du club qui évolue en équipe première. On est sur un bassin où l’Aviron Bayonnais rugby draine tous les partenaires, même si on a la chance d’en avoir aussi, mais c’est un secteur jamais évident. A l’époque, il y avait un budget pour l’équipe Une qui était très conséquent. Aujourd’hui, il est de 850 000 euros pour le club dans sa totalité, et moins d’un quart de ce budget est consacré à l’équipe Une, c’est un choix. Ce n’est pas pour autant que l’on n’a pas de bons résultats : on travaille beaucoup aux entraînements, on fait des séances vidéo, on est pointilleux, on a 85 à 90 % de nos joueurs qui sont du 64 (Pyrénées-Atlantiques) ou du 40 (Landes). Notre recrutement est local. Quand on est d’ici et que votre famille ou que vos amis sont dans les tribunes, eh bien on a plus envie de se « défoncer ». C’est ce qui fait notre identité. A la différence de beaucoup de clubs qui ont beaucoup de joueurs qui viennent de loin : je ne dis pas que c’est bien ou pas bien, c’est juste notre façon de voir les choses. On voit bien, aujourd’hui, dans le foot, qu’il y a beaucoup de joueurs qui, quand ça va mal, vont tout de suite voir ailleurs. Nous, avec nos moyens, les jeunes savent qu’ils ont leur chance chez nous, que cela soit ceux du club ou des alentours. Attention, on peut aussi recruter des gens de l’extérieur, si on a des opportunités intéressantes. Mais, voilà, c’est ce qu’on a instauré; on veut que les gens s’identifient aux Genêts d’Anglet.
Les joueurs travaillent aux Genêts d’Anglet ?
La plupart, oui. Même moi, jusqu’à cette année, je travaillais à côté : mais depuis le 1er juillet dernier, je ne fais que du foot. Avant, j’avais un travail à la Ville de Bayonne, j’étais magasinier. Et j’allais aux entraînements le soir. Là, je me suis mis en disponibilité. Les gens pensent que chez nous, on ne fait que du foot ! Pas du tout, ils bossent, pour certains très dur. Parfois, c’est difficile pour eux.
Se consacrer au foot à plein temps, cela signifie-t-il que vous avez envie de vous investir beaucoup plus ? Que vous serez peut-être plus attendu aussi ?
Déjà, j’étais très investi, je ne m’occupais pas que de l’équipe première. Là, le club m’a proposé de ne faire que ça : on a un directeur sportif, une secrétaire administrative, un directeur administratif, un RTJ (responsable technique des jeunes) et maintenant moi. En plus de la N3, je vais chapeauter l’équipe III et les U19 avec les coachs en place. Je vais m’occuper des classes foot l’après midi avec les collèges concernés. Je vais aussi m’occuper du recrutement de la réserve en Régional 2, et je vais en profiter pour faire des choses que je n’avais pas le temps de faire, comme les montages vidéos, dont s’occupait avant le directeur sportif. C’est du boulot. Mais c’est du foot ! J’aime tellement ça. C’est ma passion. C’est plus qu’une chance d’être dans le foot, parce que je sais ce que c’est que de bosser. Quand j’ai joué à Pau en National à 17 ans, j’avais zéro euro, pas de tenue du club, pas de crampon du club, donc je sais ce que c’est que le travail. Maintenant, me consacrer exclusivement au foot va peut-être engendrer une demande supérieure de résultats, même si, au club, les gens savent ce que je fais. Attention, je n’ai aucune garantie : ça peut aussi être une saison compliquée. Surtout que l’on est attendu, ça fait deux ans que l’on termine dans le haut du tableau (2e en 2022 et 3e en 2021).
Votre président (Vincent Brana) vous fixe-t-il des objectifs ? Le National 2 ?
Tout le monde prend le problème à l’envers. Ce qui fait que l’on peut être en National 2, c’est ce que l’on va faire sur le terrain, et après, si ça arrive, on continuera avec nos moyens. On ne fera pas 20 contrats fédéraux, ce n’est pas un gage de réussite. Y’en a plein qui le font, mais qui n’y arrivent pas, je pense à Poitiers par exemple. Parfois on a des joueurs en face à 2 ou 3000 euros par mois ! Nous, 3000 euros, c’est six joueurs ! Après, forcément, si on monte, on aura un peu plus de partenaires, et sans doute un peu plus de moyens, mais ce n’est pas pour ça que l’on prendra 10 contrats fédéraux ! Peut-être que l’on augmentera un peu nos joueurs et les primes de match, et que l’on en prendra deux ou trois qui auront connu un peu le N2, mais voilà, on ne changera pas notre façon de faire, sauf si un mécène arrive ! Mais je ne suis pas sûr que cela corresponde au club.
Vos relations avec les clubs voisins ?
Il y a une rivalité de clocher, comme dans tous les clubs très proches géographiquement qui évoluent au même niveau ou quasiment au même niveau. C’est obligé que cette rivalité existe : on est sur le même bassin, on veut avoir les meilleurs résultats possibles. Avec l’Aviron Bayonnais, ce sont plutôt des « anciens » qui sont dans cette rivalité. J’ai été capitaine à l’Aviron et je n’ai jamais détesté les Genêts d’Anglet, et maintenant, je ne déteste pas l’Aviron, j’y connais du monde, j’échange avec plein de gens là-bas. C’est un club où, personnellement, j’ai vécu beaucoup de choses.
Karim Fradin, le président de l’Aviron, nous disait, en parlant de son projet de faire une grande équipe au Pays Basque, qu’un rapprochement avec Anglet n’était pas envisageable. Vous en pensez quoi ?
Déjà, je ne suis pas décideur. Je ne pense pas que, chez nous, on pense à ça. Même si, et je le dis en tant que personne et pas en tant qu’entraîneur des Genêts d’Anglet, pour avoir un grand club dans le Pays Basque, il faut que les clubs réunissent leur force. C’est l’avenir. Même si chaque club a son identité. On a beaucoup de clubs dans le bassin, Saint-Pierre-d’Irrube (Iriburuko Ainhara), Saint-Jean-de-Luz (Arin Luzien) et les Croisés de Bayonne sont en Régional 1, on a la JA Biarritz et Hasparren en R2, je pense que, par rapport à la conjoncture actuelle, rapprocher les compétences, les identités, les budgets, cela ferait avancer les choses, mais personne ne résonne comme ça. Regardez au rugby, à un moment donné, on a parlé d’un rapprochement entre l’Aviron et le Biarritz Olympique… mais il y a toujours ces problèmes de personne : les gens veulent garder leur poste. Moi, je n’ai pas ce problème là : si demain ça fusionne et qu’on me dit « Cédric, on ne te garde pas pas parce que l’on a quelqu’un de mieux », je dis tant mieux si cela fait avancer le club. Mais je dois être le seul à raisonner comme ça ! La seule chose à faire, c’est une entité forte, juste avec l’équipe première, et à côté, chaque club garderait ses autres équipes, ses réserves, ses équipes de jeunes, son identité.
Vous êtes toujours en lien avec le club de Pau ?
Oui, oui, j’ai le président (Bernard Laporte-Frey) de temps en temps au téléphone, Joël Lopez (vice-président) aussi mais il n’est plus au club depuis la fin de saison passée, j’ai quelques liens encore et je vais voir quelques matchs de temps en temps. Le club a pas mal changé, évolué. Il a un nouveau stade, il est en Ligue 2.
Cela fait longtemps que vous êtes aux Genêts d’Anglet : un jour, vous aurez peut-être envie d’aller voir ailleurs, non ?
Cela fait 17 ans que j’entraîne. Je n’y pensais pas forcément il y a 7 ou 8 ans. Mais depuis, j’ai eu quelques opportunités que j’ai refusées, pour des raisons familiales essentiellement. Partir seul, c’était compliqué. Après, je ne dis pas que dans 2 ou 3 ans, cela ne peut plus être le cas. Mais je ne me lève pas le matin en me disant « Faut que j’aille entraîner plus haut », non ! Cependant, je ne m’interdis rien. C’est comme quand je jouais : un jour, mon profil a intéressé des personnes et c’est comme ça que je suis devenu pro, ça m’est tombé dessus. On est venu me chercher. J’ai eu cette chance là. Entraîneur, ce sera pareil, ou pas. Aujourd’hui, je fais ce que j’aime, et si un jour ça doit m’emmener ailleurs, et bien ça m’emmènera ailleurs ! Je raisonne comme ça. Bien sûr que l’on essaie d’aller le plus haut possible, que l’on a envie d’entraîner des joueurs qui ne sont focus que sur le football. Qu’on le veuille ou pas, je suis pro aujourd’hui, à mon niveau. Sans être pro. Mais je ne fais que du foot. J’ai déjà cette chance là. J’essaie d’apporter mon professionnalisme. Maintenant, j’ai décidé d’embrasser cette carrière-là, je sais très bien que je ne ferai pas entraîneur toute ma vie aux Genêts d’Anglet… normalement ! C’est ma 6e saison à la tête de l’équipe fanion, je ne pense pas que ceux qui sont là depuis 6 ans en ont marre de m’entendre ! Simplement, je n’envoie pas de CV, je ne suis pas sur Linkedin ou sur les réseaux sociaux. A un moment donné, je pense que pour être le plus pointu possible, il faut être concentré sur une seule chose, n’avoir qu’un groupe à diriger. Mais il y a tellement de personnes et peu d’élus.
Le championnat de N3, vous le voyez comment cette saison ?
Cela va être une découverte, comme il y a pas mal de nouveaux clubs, vers Perpignan, Toulouse, avec des états d’esprit différents que chez nous, ce sera sympa à voir, et ça va nous changer. Mais il va falloir être prêt. Confirmer, cela va être compliqué. Parce qu’on a fini 2e l’an passé et qu’on est attendu.
Cédric Pardeilhan, du tac au tac
Meilleur souvenir sportif ?
Il y en a beaucoup ! Mon dernier match que j’ai disputé avec mon club formateur, le Pau FC, en National 1, ça remonte, j’avais à peine 18 ans ! Je venais de signer au PSG. Il fallait une victoire pour se maintenir sportivement et administrativement, le club venait d’être repris pour un franc symbolique par le président actuel, Bernard Laporte-Frey, et je marque à la dernière seconde, contre Epinal, qui accédait en D2 cette saison-là ! Je récupère un dégagement du gardien adverse, je dribble plusieurs joueurs et je frappe de loin en lucarne ! Et on s’est maintenu. Un moment fort.
Pire souvenir sportif ?
Le dernier match que j’ai disputé avec l’Aviron Bayonnais en National (en 2006). Il fallait un nul pour se maintenir. On perd à la fin, et j’arrête ma carrière de joueur derrière. C’était prévu comme ça. J’avais quelques soucis de santé.
Combien de buts marqués ?
J’ai dû en marquer 4 ou 5 en National, 1 en Ligue 2, mais y’a une saison avec Bayonne, en CFA, j’en ai mis 8 ou 9.
Plus beau but marqué ?
Peut-être pas le plus beau mais le plus marquant, un but que j’avais inscrit à Stéphane Ruffier contre la réserve de Monaco en CFA, avec Bayonne : dans ce match, j’avais mis deux coups francs de loin ! L’année d’après, Stéphane Ruffier était chez nous, prêté par Monaco. J’en ai mis un autre aussi dans le derby avec Beauvais, à Amiens, en Division 2, lors de la dernière journée, on avait fini 5e, on aurait dû monter cette saison-là. C’était aussi un coup franc de loin.
Combien de cartons rouges ?
Je ne connais pas le nombre exact mais j’en ai pris pas mal. Une dizaine. Et lors de ma première saison au PSG, en réserve, j’en ai pris 2 ou 3.
« Joueur, j’aurais voulu rester dans le même club toute ma vie ! »
Qualités et défauts sur un terrain, selon vous ?
Je mettais la tête là où d’autres ne mettaient pas le pied… Après, titulaire ou remplaçant, j’étais content d’être avec le groupe. Le coach faisait ses choix, il n’y avait pas de souci là-dessus. J’avais de l’abattage, du volume de jeu, je pouvais jouer latéral, en 6, un peu partout, j’étais un peu le couteau suisse dans certains clubs. J’étais un peu virulent aussi, je m’énervais parfois pour rien, je pouvais avoir une attitude à la con.
Et dans la vie de tous les jours, qualités et défauts ?
Je suis trop gentil, cela peut être une qualité et un défaut. Je ne suis pas non plus quelqu’un qui veut y arriver à tout prix, coûte que coûte : moi je pars du principe que si les choses doivent arriver, elles arrivent. Mais je veux les faire à fond, du mieux possible, de la meilleure des façons, sans jamais profiter des autres ni au détriment des autres. C’est le travail que je fournis qui importe et qui fait que…
Le club où vous avez pris le plus de plaisir sur le terrain ?
Il y en a vraiment deux : le Gazelec Ajaccio et l’Aviron Bayonnais, avec qui on était monté en National avec un 8e de finale de coupe de France aussi. A l’Aviron, y’avait tout, on était unis à la vie à la mort. Avec le Gazelec Ajaccio, en National, j’ai vécu une grande saison, et il y a ce côté très identitaire, comme à Bayonne du reste, et moi je suis un peu comme ça, je suis très attaché à certaines valeurs. Pourtant je suis passé par pas mal de clubs (Toulouse, Beauvais, Le Mans, PSG, Niort, Pau), alors que, joueur, j’aurais voulu rester dans un même club toute une vie. Depuis que j’entraîne, je montre ma fidélité : je n’ai connu que deux clubs, où je suis resté longtemps, l’Aviron Bayonnais tout d’abord et les Genêts d’Anglet.
« J’ai fait des choix de coeur »
Le club où vous n’auriez pas dû signer ?
Plus qu’une erreur, je parlerais de choix, mais ça, on le sait plus tard : peut-être que j’aurais dû signer pro au PSG plutôt que d’aller au Mans en Ligue 2 avec Slavo Muslin, qui était déjà mon coach à Pau en National. Peut-être que cela m’aurait permis de faire autre chose derrière. En plus, le PSG, l’année d’après, a fait jouer beaucoup de jeunes… Donc on ne sait pas. Je n’ai peut-être pas fait que des bons choix mais j’ai fait des choix de coeur. Ils n’ont jamais été financiers ou liés à un niveau. A Toulouse, par exemple, je n’avais pas fait mes 15 matchs en pro et pourtant on m’a proposé un contrat, que j’ai refusé. J’ai préféré rejoindre Slavo Muslin au Mans, non pas parce que je le connaissais, mais parce je pensais que je jouerais plus, et puis il connaissait mes qualités et mes défauts. Puis après, je devais rester au Mans, on me proposait 2 ans et une revalorisation salariale, mais je suis parti au Gazelec en National, où je gagnais moins ! Et comme je rêvais de jouer avec Pascal Olmeta… ! Il ne faut pas le dire, hein, mais quand je jouais au PSG mais j’étais fan de Papin, Di Meco, de l’OM ! Après, ce sont des choix. Mes parents m’ont toujours laissé libre et fait confiance.
Facile de s’adapter quand on change souvent de clubs ?
Je me suis adapté à tous les états d’esprit, je suis une personne assez malléable. J’ai vécu ma carrière comme je l’ai voulu. Je l’ai arrêtée quand j’ai voulu. J’ai eu toujours en tête d’être entraîneur après ma carrière de joueur. C’est ce que j’ai fait quand j’ai arrêté à 30 ans. J’ai passé mon 1er degré puis mon 2e, j’ai obtenu un emploi à la Ville de Bayonne grâce à l’Aviron Bayonnais FC, et voilà, j’ai pris en charge l’équipe réserve puis j’ai été l’adjoint d’Alain (Pochat) pendant deux ans, je suis le parrain de ses enfants.
Le club où vous auriez rêvé de jouer, dans vos rêves les plus fous ?
Je n’ai jamais rêvé d’aller jouer quelque part. Clairement, ce que je voulais, c’était jouer au foot, quel que soit le niveau. C’est comme entraîner. Je peux entraîner en N3 ou des petits de 6 ans. Moi, ce que je veux, c’est être autour d’un terrain, parce que c’est ma passion.
Un club fétiche ?
Manchester City en ce moment.
Un modèle de coach ?
Non. J’ai eu la chance d’en avoir plein de différents. Luis Fernandez à Paris, c’était une personne exceptionnelle, qui se comportait de la même manière avec les anciens comme et les jeunes. J’ai eu Alain Giresse à Toulouse, un super entraîneur, mais c’était très différent, il était très proche des anciens, et là, peut-être que c’est moi qui n’ait pas été top. J’ai eu Slavo (Muslin), il était top aussi : il avait la panoplie complète, il avait beaucoup de qualités. J’ai eu Marc Westerloope au Mans, pas une grande expérience. A Ajaccio, j’ai côtoyé Jean-Michel Cavalli, le plus fort tactiquement que j’ai eu, dans l’animation des séances, etc. Avec Angel Marcos à Niort, on fait 4e de Ligue 2 et demi-finale de le Coupe de la Ligue, il était proche de nous. J’ai adoré Jacky Bonnevay à Beauvais, il allait chercher plein de choses autour des joueurs, il était très pointu. Et le dernier que j’ai eu, c’est Christian Sarramagna, à Bayonne, puis Henri Olazcuaga, qui est devenu un ami, qui a pris l’équipe première après Sarramagna. C’est lui ensuite qui m’a fait venir à Anglet pour l’équipe réserve et qui m’a pris dans son staff en équipe première. J’ai pris sa suite mais avant ça, je lui ai demandé « Est-ce que ça te dérange que je me propose ? », parce que j’apprécie tellement la personne… Il m’a dit qu’il en avait déjà parlé au président, qu’il avait préparé la suite, et la suite, c’était moi. A Anglet, j’ai aussi la chance d’avoir un directeur sportif, Eugenio Zubialde, exceptionnel. Je n’aurais pas évolué comme j’ai évolué si je ne l’avais pas rencontré. Il est tout le temps en questionnement. C’est le top du top !
Le coéquipier avec lequel tu avais le meilleur feeling sur le terrain ?
Jean-Luc Escayol, qui est aussi mon ami. Il est recruteur. « Fred » Garny aussi, qui entraîne la réserve de Montpellier, et Réginald Ray, le coach du Mans !
Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Il y en a beaucoup. Quelqu’un comme Rai au PSG… J’ai trouvé l’homme gigantesque. Mais c’est un autre monde. Il était proche de tout le monde malgré son statut. Daniel Bravo aussi. J’ai joué avec Philippe Mazzuchetti au Gazelec, malheureusement, avec le temps, on s’est perdu de vue. Mais je l’adore. « Mika » Pagis aussi. Et puis il y en a un dont je n’avais plus de nouvelles, c’était Patrick Van Kets, malheureusement, il est mort. J’ai aussi des nouvelles de Laurent Fournier, que j’apprécie beaucoup.
Un coach perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Slavo Muslin.
Un président ou un dirigeant marquant ?
Michel Denisot. Et aussi Fanfan Tagliaglioli (Gazelec Ajaccio), qui est malheureusement décédé.
Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Alain Roche je pense.
Vos passions dans la vie ?
Mes enfants, ma famille, mon épouse. Je suis très famille. Et sinon le sport. Je fais beaucoup de vélo. On est gâté dans la région. J’ai besoin de ça. J’adore la pèche à la mouche aussi, même si je n’y vais plus depuis longtemps. Vous pouvez en parler à Steve Savidan, je l’emmenais à la pèche avec moi quand on jouait ensemble à Beauvais ! Parfois il en parle dans ses interviews et il dit que c’est son meilleur souvenir de sa saison là-bas (rires) !
Vous étiez un joueur plutôt …
Proche des autres. Un coéquipier modèle.
Un modèle de joueur ?
J’aimais bien Gattuso, ce style de joueur. J’étais fan de Jean-Pierre Papin même si on ne jouait pas du tout dans le même registre. J’ai eu la chance de le rencontrer. Il a failli être notre coach à Bayonne et j’aurais rêvé que ce soit lui. J’ai une anecdote sur lui ! Un jour, je lui ai montré son livre, « Mes buts dans la vie », parce que quand j’étais petit, j’avais imité sa signature pour faire croire à tous mes copains que j’avais eu son autographe : ça l’a beaucoup fait rire ! Bon, il me l’a dédicacé pour de vrai du coup !
Vous êtes un entraîneur plutôt…
Passionné, pas rancunier et qui essaie tout le temps de donner le meilleur à mes joueurs. Je suis proche d’eux, toujours à 2000 à l’heure ! Peut-être que par rapport au niveau National 3, je suis trop dans le détail avec eux.
Le milieu du foot, en deux mots ?
Compliqué et pour des personnes averties.
Les Genêts d’Anglet ?
Un club familial, ambitieux, avec des moyens minimes. Un club qui, des U6 aux seniors de N3, essaie de mettre tout le monde dans les meilleures conditions possibles, avec des entraîneurs diplômés. Tout le monde sait ce que l’on fait ici à Anglet, que l’on est un club structuré, qui travaille bien, où chacun est à sa place. On est 5 employés au club, on a eu jusqu’à 815 licenciés une année ! C’est le sport le plus pratiqué ici, largement, devant le rugby. D’ailleurs, les parents ne veulent plus mettre leurs enfants au rugby, c’est normal, quand vous voyez ce qui s’y passe.
Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06
Photos : Genêts d’Anglet et 13HF
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