Bryan Locko (Avoine-Chinon-Cinais, N2) : « Mon frère Bradley me pousse vers le haut »

Pendant que son frère jumeau Bradley, avec lequel il a longtemps évolué chez les jeunes, brille avec Brest en Ligue 1, l’ailier tente de faire décoller sa carrière chez les amateurs. Avec son club, pensionnaire de National 2, le joueur de 21 ans va affronter Strasbourg en 32e de finale de la Coupe de France.

Avec son frère jumeau Bradley (à droite), lors de leur signature à Lorient en 2019. Photo DR

En cette veille de Noël, samedi 23 décembre, une certaine effervescence régnait au Palais des Sports de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Les deux frères jumeaux, Bryan et Bradley Locko organisaient la MPA Cup, un tournoi en salle réservé aux 15-18 ans. Un moment de partage important pour les deux garçons. « Vitry, c’est ma ville, je reviens souvent voir des matchs, il y a des bons petits joueurs », sourit Bryan, 21 ans.

En 2019, les deux jumeaux avaient rejoint le centre de formation de Lorient. Si Bradley a éclaté au plus haut-niveau ces derniers mois en disputant l’intégralité des 17 matchs de Brest, équipe surprise de cette première partie de saison en Ligue 1, et en étant appelé par Thierry Henry en équipe de France Espoirs, Bryan, lui, évolue dans un certain anonymat à l’AOCC (Avoine Olympique Chinon Cinais, actuellement 9e de National 2).

Avec Avoine-Chinon, lors de la défaite 3-1 au Paris XIII Atlético, le 16 décembre dernier, en N2 (J12). Photo Philippe Le Brech

Mais chez le joueur offensif de couloir, il n’y a aucune trace d’amertume. Juste une profonde détermination à gravir les échelons, sous les encouragements toujours bienveillants de Bradley.

Les 32es de finale de la Coupe de France vont offrir à Bryan une part de lumière. Samedi 6 janvier, à 18 heures, l’Avoine Olympique Chinon-Cinais va en effet recevoir Strasbourg, club de Ligue 1, au stade de la Vallée du Cher à Tours.

« C’est une bonne opportunité pour mon frère jumeau, estime Bradley. On va dire que ça peut être le match de sa vie qui peut rebooster sa carrière. Il a le niveau. S’il reste concentré et focus, il n’y a pas de raison pour qu’il ne me rejoigne pas un jour en haut…»
Pour 13HeuresFoot, Bryan Locko est revenu sur son parcours.

« Dans notre famille, on a tous joué au foot sauf ma petite sœur »

Avec Avoine-Chinon, lors de la défaite 3-1 au Paris XIII Atlético, le 16 décembre dernier, en N2 (J12). Photo Philippe Le Brech

Avec deux parents qui ont joué au foot dont la mère Hermancia en Division 2 au Congo et qui a élevé seule ses enfants, le destin des frères Locko était tout tracé. « On a tous joué sauf ma petite sœur », explique Bryan qui a longtemps lié ses pas à son frère jumeau Bradley, né le 6 mai 2002 comme lui.

Après des débuts dans leur ville de Vitry-sur-Seine, ils rejoignent Ivry en U11 puis le CFF Paris (Centre de formation de football Paris), un club basé à Orly (Val-de-Marne). « Le CFF Paris a sorti beaucoup de joueurs, sa formation était réputée en région parisienne. Après, le Paris FC a construit son centre sur ses installations. »

En Avril 2019, avec les U17 Nationaux de Montrouge. Facile de reconnaître les deux frères Locko, non ? Photo Philippe Le Brech

Après le CFF Paris, les frères Locko ont plusieurs propositions en région parisienne pour évoluer en U17 nationaux. Leur choix final s’effectue entre le Paris 13 Atletico et Montrouge. « On a choisi Montrouge et on ne l’a pas regretté, sourit Bryan. On a vraiment réussi une sacrée saison sur le plan collectif et individuel. »

Le club des Hauts-de-Seine réussit en effet un exploit historique en étant le premier club amateur à se qualifier pour les demi-finale du championnat U17. La belle aventure s’achève à Béziers le 26 mai 2019 face au FC Nantes (4-0) de Quentin Merlin ou Lohan Doucet (prêté par Nantes au Paris FC).

Avec Avoine-Chinon, lors de la défaite 3-1 au Paris XIII Atlético, le 16 décembre dernier, en N2 (J12). Photo Philippe Le Brech

Mais les jeunes de Montrouge se sont fait remarquer. Dix joueurs de l’effectif signent pour des centres de formation. Les frères Locko croulent sous les propositions. Ils choisissent tous les deux de rejoindre Lorient avec un contrat d’aspirant d’un an (plus deux en option). « On a décidé de rester ensemble comme depuis nos début, explique Bryan. On voulait continuer dans la même équipe car on était ensemble presque 24 heures sur 24 depuis qu’on était petits, vivre du foot ensemble et partager ces moments. Lui avait des propositions seul, moi aussi. Mais on a privilégié un choix familial. Amiens et Dijon nous voulaient aussi tous les deux. On a choisi Lorient. »

« On savait bien qu’on ne ferait pas toute notre carrière ensemble »

Avec Avoine-Chinon. Photo Philippe Le Brech

Mais en Bretagne, les choses ne tournent pas forcément bien pour les deux frères. C’est aussi le moment où leur maman tombe malade. A la fin de la saison, ils quittent Lorient. Pour la première fois de leur vie, leurs chemins doivent se séparer. En juin 2020, Bradley signe un contrat pro de trois ans avec Reims. Bryan se retrouve, lui sans club.

« J’étais content pour Bradley. On a aussi compris que c’était le moment de voler chacun de nos propres ailes. On savait bien qu’on ne ferait pas toute notre carrière ensemble. Quand on a signé à Lorient, on n’avait pas la maturité pour comprendre qu’il valait peut-être mieux travailler et réussir seul, chacun de notre côté. Maintenant, lui est heureux seul et moi je suis heureux seul. Le plus important est qu’on soit tous les deux heureux. »

Malgré leur séparation géographique, les deux jumeaux sont restés très proches. « On se parle et on s’envoie des messages tous les jours et on se voit dès qu’on peut. Je suis très fier de le voir aujourd’hui en haut. Dans une carrière, il y a toujours une part de choix et de chance. Bradley a certainement eu le déclic avant moi, il a davantage bossé que moi. Moi, je me suis mis au travail pour essayer d’atteindre aussi le haut niveau. J’ai compris qu’il n’y avait que le travail qui te faisait réussir, pas seulement les qualités. Mon frère Bradley me pousse vers le haut. »

« Ça m’a fait du bien de changer de cadre et de partir de Paris »

Avec les U17 Nationaux de Montrouge (2017-18). Photo Philippe Le Brech

Après Lorient, Bryan reconnaît avoir bien « galéré ». « Je devais signer à Troyes mais il y a eu le covid et je me suis un peu blessé. »

Après une saison blanche, il rejoint le FC 93 Bobigny (N2) par l’intermédiaire de Thomas Berlette, son ancien coach des U17 à Montrouge qui avait signé dans le club du 93 avant de le quitter quelques semaines plus tard pour Reims. S’il effectue la préparation avec l’équipe première, il joue surtout avec les U20. L’équipe de Bobigny joue les premiers rôles en N2 et lui manque de régularité selon ses coachs. Bryan n’effectue qu’une seule apparition en N2, en entrant lors du temps additionnel le 19 février 2022 lors d’un match à Belfort (victoire 2-1).

Avec les U17 Nationaux de Montrouge (2017-18). Photo Philippe Le Brech

A l’été 2022, il quitte la région parisienne pour le club de Châteauneuf-sur-Loire, une petite ville du Loiret, qui évolue en N3 : « ça m’a fait du bien de changer de cadre et de partir de Paris. Je me suis retrouvé seul à devoir me gérer, j’avais mon appartement. Ça m’a vraiment fait gagner en maturité. J’ai grandi dans ma tête. Châteauneuf-sur-Loire, c’est un bon petit club, on m’a fait confiance et j’ai marqué pas mal. »

Avec 14 buts et 3 passes décisives, il réussit une belle saison. Au mois de juin, il a plusieurs propositions. Il choisit Avoine-Chinon, une équipe qui a terminé championne du groupe de N3 où évoluait Châteauneuf-sur-Loire, devant le Tours FC, et qui est donc promue en N2.

Avec les U17 Nationaux de Montrouge (2017-18). Photo Philippe Le Brech

Sa première partie de saison a été délicate avec 8 matchs joués et pas encore de buts marqués. Des débuts mitigés. « Les « stats », c’est important dans le foot maintenant. Je ne regrette pas mon choix d’avoir signé à Avoine-Chinon. C’est un club familial, je m’y sens bien. Je prends mes marques. J’espère bien finir la saison et m’imposer. C’est une nouvelle étape dans ma carrière pour continuer ma progression. »

Il espère maintenant briller contre Strasbourg en Coupe de France. « C’est un match pour se montrer et se faire remarquer. Il ne faut pas avoir peur de le jouer. Le foot, ça peut aller vite. Des portes peuvent s’ouvrir. »

Bryan Locko, du tac au tac

Avec les U17 Nationaux de Montrouge (2018-2019). Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir ?
Ma signature au centre de formation de Lorient en 2019. Il y avait tout pour bien travailler avec des belles structures. Ça m’a fait murir physiquement.

Pire souvenir ?
La défaite en demi-finale des championnats de France U17 face à Nantes en 2019. On avait pris un vrai score, en plus (4-0). Après, forcément, mon départ de Lorient en 2020. J’aurais pu et dû faire mieux.

Avec Avoine-Chinon cette saison en N2. Photo DR

Ton geste préféré ?
Le un contre un. J’adore faire des crochets, j’ai une facilité à dribbler.

Qualités et défauts ?
La vitesse, le dribble. Je suis solide sur mes appuis, j’arrive à me retourner et tenir sur mes jambes. Après, je dois travailler la finition ainsi que mon physique pour mieux défendre.

Plus beau but ?
La saison dernière en N3 avec Châteauneuf-sur-Loire contre la réserve de Chartres. Le ballon est parti en l’air, je l’ai repris et ça a fini en lucarne.

Photo DR

Le joueur le plus fort avec qui tu as joué ?
Mon frère Bradley, bien sûr ! A Montrouge, on avait une grosse équipe avec notamment Check Oumar Diakité qui a joué ensuite en L2 au Paris FC. Il est Turquie maintenant (Adanaspor). Au CFF Paris, il y avait aussi Brandon Soppy (Torino) et Ahmed Sidibé (Saint-Etienne).

Le joueur le plus fort contre qui tu as joué ?
Tidjany Touré, en jeunes, dans la région parisienne. Il était au Paris FC puis au PSG. Il était trop fort ! Comme il était de petite taille, tout le monde l’appelait Messi. Il est à l’étranger maintenant (Gil Vicente, prêté par le Feyenoord Rotterdam).

Avec les U17 Nationaux de Montrouge. Photo Philippe Le Brech

L’entraîneur ou les entraîneurs qui t’ont marqué ?
Thomas Berlette à Montrouge. C’est un super coach, humain, proche des joueurs qui envoie beaucoup de messages pour prendre des nouvelles. Il nous a tous fait progresser en nous tirant vers le haut. Cette saison à Montrouge, avec lui, ça a changé beaucoup de choses pour moi. Grâce à lui, j’ai eu un déclic. J’ai bien apprécié Joan Mély la saison dernière à Châteauneuf-sur-Loire

La saison ou le club ou tu as pris le plus de plaisir ?
Je me suis vraiment éclaté à Montrouge en U17 Nationaux et Châteauneuf-sur-Loire la saison dernière. C’était ma première saison complète à ce niveau, je m’y suis fait ma place.

Lors de sa signature à Châteauneuf-sur-Loire.

Modèles ou joueurs préférés ?
Des dribbleurs comme Ousmane Dembelé ou Neymar. Mais celui qui m’a fait rêver plus jeune, c’est Robin van Persie. La classe…

Ton équipe préférée ?
Arsenal de l’époque. Il y avait van Persie, c’était le beau jeu.

Stade préféré ?
Je n’en ai pas visité beaucoup… Je dirais ceux de Reims et de Brest quand je suis allé voir jouer mon frère.

Tes occupations en dehors du foot ?
Je prépare un BPJEPS pour être éducateur sportif ou coach chez les jeunes. Ça m’occupe beaucoup. Je regarde aussi beaucoup de matchs à la télé. La L1, les championnats étrangers, à part l’Italie que j’aime un peu moins au niveau du jeu.

Si tu n’avais pas été footballeur ?
Le foot, il n’y a toujours eu que ça pour moi. J’ai essayé d’autres sports comme le basket mais non… L’école, ce n’était pas trop ça, non plus. A Lorient, on avait commencé un CAP plomberie. Mais je veux persévérer dans le foot.

Le milieu du foot en deux mots ?
Argent et business. Maintenant, on recherche les talents de plus en plus jeunes. En région parisienne, il y en a beaucoup et partout. Le foot, c’est aussi de la construction.

Coupe de France (32e), samedi 6 janvier, à 18h, à Tours, au stade de la vallée du Cher : Avoine Chinon (National 2) – RC Strasbourg (Ligue 1).

Texte : Laurent Pruneta – Twitter : @PrunetaLaurent

Photo de couverture : Philippe Le Brech

Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)

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