Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Boris Mahon de Monaghan : « Mes premières émotions ? La Coupe de France ! »

L’ex-latéral droit de l’US Créteil, passé aussi par Sedan, le Gazelec Ajaccio et Orléans, sa ville natale, prend toujours du plaisir sur les terrains. Il évolue aujourd’hui en N3, à Argelès, dans les Pyrénées-Orientales, où il est également coordinateur sportif du club. Et il a même monté son académie !

Comme pour le bon vin, le temps n’a pas d’emprise sur Boris Mahon de Monaghan. Bien au contraire. À 36 ans bien tassés, « Bobo » pour les intimes continue de traîner ses guêtres sur les terrains de football. Champion de France en National avec Créteil en 2013, le latéral droit/milieu offensif/défenseur central – mais jamais buteur ! – de formation prend aujourd’hui du plaisir du côté du FC Albères*/Argelès en National 3 (Ligue Occitanie), mais aussi dans une Coupe de France chère à son coeur, sous la direction d’un ex-pro Raphaël Girardot (Louhans-Cuiseaux, Pau, Besançon). Ce dernier est de retour à la tête de l’équipe (il avait déjà entraîné l’équipe fanion) en remplacement d’un autre ex-pro, le « régional » de l’étape, Guillaume Boronad, reparti quant à lui entraîner la réserve du Canet-en-Roussilon. Entre deux biberons, des séances d’entraînements, une formation « technico-commercial », un poste de responsable de la section sportive (des jeunes de la 6e à la 4e) et coordinateur sportif au FCAA, Boris Mahon de Monaghan, dont la carrière est riche de plus de 450 matchs de la N3 à la Ligue 2, a pris le temps de revenir sur une vie de passion.

Comment as-tu attrapé le virus du ballon rond ?
Je l’ai eu tout petit. Mes parents étaient au stade tous les week-ends du côté de Jargeau, tout près d’Orléans. À 5 ans, j’avais ma première licence et j’ai commencé à jouer au foot. Et comme je me débrouillais bien, on m’a très vite donné l’opportunité de jouer à tous les postes. À droite, à gauche, défenseur central, numéro 10 !

Après le centre de formation de Châteauroux, tu fais un passage à Sedan où l’on peut dire que tes cheveux t’on coûté ta place !
(Rires) Alors on ne va pas polémiquer ou remuer le couteau dans la plaie, mais oui. J’avais les cheveux longs et bouclés et ça ne plaisait pas à tout le monde. À un dirigeant plus particulièrement. C’était devenu plus un problème qu’autre chose. Il fallait que je me fasse couper les cheveux pour espérer un contrat. À 17/18 ans, je trouvais ça quand même limite. J’étais même un peu dégouté du monde pro (Sedan évoluait en Ligue 2). D’autant que l’entraîneur de l’époque, Serge Romano, voulait me faire signer. Et c’est sur internet que j’ai appris que je n’étais pas conservé ! Comme j’étais parti de la maison à l’âge de 13 ans, j’ai pensé qu’il était temps de rentrer chez moi, à Orléans.

« J’ai beaucoup appris aux côtés de Duhamel, Esteves, Outrebon, Trivino… »

C’est alors un retour aux sources avec en 2006 des vrais débuts pour toi à Orléans, ta ville natale. C’était un rêve de porter ce maillot ?
À ce moment là non, parce que je me retrouvais en CFA en descendant du coup de deux échelons, moi qui rêvais de national ou de Ligue 2… La signature s’est faite rapidement avec Pascal Moulin et cela a été un vrai plaisir de porter le maillot de l’USO. Je n’ai hélas jamais eu le bonheur de jouer en Ligue 2 avec Orléans. C’était une équipe qui comptait beaucoup pour moi lors de mon passage dans la région. Au même titre que Jargeau.

Photo USCL

Ta plus longue histoire d’amour, tu vas la vivre avec l’US Créteil avec qui tu disputes plus de 200 matchs.
Absolument, et ce n’était pas prévu que j’aille là-bas puisque j’étais encore sous contrat. A Orléans, Yann Lachuer devait reprendre l’équipe en remplacement de Pascal Moulin et je sentais que ça allait être compliqué pour moi. Cet été-là, je suis à la plage avec des copains et je vois que Bruno Germain, le directeur sportif d’Orléans, n’arrête pas de m’appeler. Je finis par décrocher et il me dit que son pote « Lolo » Fournier veut me faire signer à Créteil ! Mais, par contre, pas en numéro 10, mais en latéral droit. À la fin du premier match amical, Fournier m’attrape, comprend que ce n’est pas mon poste de formation et me « drive » pour m’aider à progresser. Dès le match suivant, il me dit que je ferais un très bon latéral droit. On termine cette première saison à la 4e place en National derrière Troyes, Reims et Évian-Thonon-Gaillard. À 23 ans, j’étais le petit jeune de l’équipe et j’ai beaucoup appris aux côtés de Mathieu Duhamel, Helder Esteves, Julien Outrebon, Michel Rodriguez, Johann Paul, Richard Trivino, Sébastien Gondouin, et j’en passe. Laurent Fournier part alors à Strasbourg avec deux joueurs de l’effectif. Je devais être le troisième, mais le président cristolien a dit « stop » ! Je ne l’ai pas regretté car la saison suivante, la saison 2012-2013, fut incroyable. Sur le plan collectif, c’était impressionnant, même de l’intérieur. Rien ne pouvait nous arriver. Lorsque nous encaissions le premier but, nous savions que nous allions revenir sans problème. On nous a appelé le rouleau compresseur. On avait des joueurs de « ouf » avec Ndoye, Seck, Diedhiou, Kerboriou… Jean-Luc Vasseur, le coach, nous disait souvent d’en profiter car ce genre de saison arrive rarement dans une carrière. Dès février ou mars, la montée était déjà quasi actée.

« Au bout d’une semaine, je signe à Albères/Argelès »

Sous le maillot de l’US Créteil (photo Philippe Le Brech)

A 32 ans, tu fais un passage éclair d’une saison au GFC Ajaccio en L2, puis un retour express à l’US Créteil (2017-2018), puis tu descends en National 3 à Canet-en-Roussillon. Comment atterris-tu là-bas ?
J’étais en fin de contrat à Créteil et je devais partir. J’avais fait le tour. Alors que je suis à l’époque au Gazelec (2016-2017), je reçois un appel de William Prunier qui est alors à Toulon. Le club termine 2e et Prunier part pour Canet-en-Roussillon qui recherche un latéral droit. William me propose de venir. Je suis hésitant après deux saisons difficiles, mais j’ai encore faim de foot. Son discours me plaît, les déplacements ne sont pas longs en National 3, alors je me lance dans l’aventure. La première saison, nous finissons 3es derrière Montpellier et Alès, puis la deuxième, nous décrochons la montée en National 2 ! Derrière, le coach change, mais nous vivons notre épopée en Coupe de France contre Marseille et Montpellier. Je passe mon BEF en même temps ce qui rend la tache plus compliquée pour être dans le groupe. Le plaisir commence à disparaître.

Aujourd’hui, tu portes les couleurs d’Albères/Argelès en N3 : tu y retrouves l’esprit pote et plaisir que tu avais pu perdre ?
J’aurais pu rester au Canet qui voulait que je m’occupe de l’ensemble des sections féminines. C’était intéressant, mais je ne m’y retrouvais pas car je devais faire une croix sur la N2. Je n’étais pas loin de rebondir à Fréjus en N2 avec Jean-Guy Wallemme. Pour être en forme, je demande à m’entraîner avec Albères/Argelès. Au bout d’une semaine, on m’a proposé de signer avec le club. J’ai vite accepté et je ne le regrette pas. Je fais une saison pleine en loupant seulement deux matchs au moment de la naissance de mon fils en janvier dernier.

Footballeur, papa à temps plein de trois enfants, tu as trouvé le temps de lancer ton académie de foot. Quels sont les objectifs et comment t’es venue cette idée ?
Je veux avant tout partager mon expérience de pro tant sur le plan humain que sur le plan sportif. L’idée, c’est d’accompagner les joueurs dans leur quotidien, mais aussi de les aider à préparer l’après football. La tête est aussi importante que le corps. Je suis également sur du baby-foot avec les 3/5 ans pour aider à la motricité des enfants avec le ballon. C’est ma 3e année et je m’éclate au quotidien. Et comme mes journées ne sont pas assez longues, je suis le coordinateur sportif du club des U7 au U20. J’accompagne notamment les éducateurs pour l’organisation des plannings, ce qui n’est pas simple avec un seul terrain à notre disposition pour le moment.

Boris Mahon de Monaghan, du tac au tac

Avec le FC Albères/Argelès (Photo FCAA)

Premier match en pro ?
En 2004 à Dieppe en Coupe de France où l’on passe aux tirs-au-but. Je rentre à 20 minutes de la fin (il avait remplacé Liri, qualification de Sedan aux tirs au but, 3-3 à l’issue du temps réglementaire). Je fais une grosse entrée et la semaine suivante, je suis dans le groupe pour jouer contre Troyes en championnat. On gagne 2-1 chez nous, mais, surtout, le match est diffusé sur Eurosport. Pour l’occasion, mes parents avaient pris un rétroprojecteur pour que toute la famille puisse en profiter. J’ai joué une petite demi-heure.

Le joueur le plus fort avec qui tu as joué ?
Je ne l’ai pas cité tout à l’heure lors de mon passage à Créteil, mais Jean-Michel Lesage, c’était quand même très très fort. Il avait un sacré pied. C’était vraiment le métronome de l’équipe à Créteil avec son pied gauche incroyable. Il régulait le jeu de l’équipe. J’ai aussi joué avec Flo Mollet (aujourd’hui à Schalke 04, en Bundesliga) et Cheikh Ndoye (au Red Star), mais « Jean-Mi », c’était quelque chose.

Boris (en bas au milieu) avec l’US Orléans où il a passé trois saisons en CFA de 2006 à 2009. Photo Philippe Le Brech

Le joueur le plus fort contre qui tu as joué ?
C’était au début de la saison 2013 lors d’un match à Auxerre et je ne peux pas dire que Jean-Luc Vasseur ne m’avait pas prévenu ! Je devais m’occuper de Paul-Georges N’tep et il m’avait tué ce soir-là. Fanéva (Andriatsima) était venu m’aider avant de vite me dire « démerde toi » (rires). Il me mettait toujours dans le vent. Un coup à droite, un coup à gauche. Je n’étais pas loin d’avoir des crampes au bout de 20 minutes. Quelque temps plus tard, en décembre 2014, je l’ai retrouvé à Rennes en Coupe de la Ligue. On perd 1-0 et Sylvain Armand, le buteur du soir, avait été surpris que je « gère » N’tep aussi bien.

Ta plus grande joie ?
Mes premières émotions viennent de la Coupe de France. C’est par là que j’ai fait mes débuts avec Sedan à Dieppe. En 2006, je me souviens d’un déplacement avec Orléans sur le terrain de l’AC Ajaccio. On va là-bas et on se qualifie facilement (3-0) et en plus je marque le 2e but. J’ai souvent vécu de belles émotions grâce à la Coupe de France. Quand tu es le petit et que tu bats le gros, tu ne peux pas faire mieux. C’était toujours un moment fort. La montée avec Créteil, c’est autre chose, car le championnat, c’est la continuité de toute une saison.

Ta plus grande déception ?
C’est l’année de la descente de L2 en National avec Créteil en 2016. Là encore, nous avions une belle équipe et nous ne devions pas descendre. D’ailleurs, souvent les adversaires nous disaient qu’ils n’étaient pas inquiets pour nous, que ça allait le faire. Et puis finalement… La descente est officielle lors d’un déplacement à Niort que l’on perd 4-2. On fait une bonne entame et derrière, on prend un rouge avec Yann Kerboriou, notre gardien. On en prend un autre en fin de match. On était quasiment tous touchés et en larmes à la fin du match. C’est un souvenir d’autant plus mauvais que quelques jours plus tard, les médias ont parlé d’un match arrangé, ce qui n’était pas le cas.

*Albères est le nom de la chaîne montagneuse qui domine la plage et la commune d’Argelès.

Texte : Julien Leduc. Mail : jleduc@13heuresfoot.fr / Twitter : @JulienLeduc37

Photos : Philippe Le Brech, FC Albères/Argelès, USCL et DR