A 37 ans, le défenseur est rentré chez lui, à Beauvais (National 2), là où tout a commencé. La boucle est bouclée après une carrière longue, riche et souvent mouvementée !
« C’est en allant voir mon grand frère jouer au foot que ma passion est née » confie Romain Elie au moment d’évoquer ses premiers souvenirs liés au ballon rond.
C’est ainsi qu’il se retrouve, à 4 ans, à porter les couleurs de l’AS Beauvais Oise. « Avec Amiens, c’était le club phare de la région, le club de ma ville, et c’était surtout celui où tout le monde voulait évoluer. »
Il effectue toute sa formation chez les sang et neige, et commence comme attaquant – « J’étais vraiment pas mal, je marquais beaucoup de buts, mais dès qu’on est passé au foot à 11, je n’y arrivais plus » – avant de finir arrière gauche. « Je n’ai pas arrêté de reculer, heureusement je n’ai pas fini gardien » rigole-t-il !
Débuts pros au FC Rouen
Romain doit toutefois quitter les sang et neige lors de sa dernière saison en moins de 18 ans car les Beauvaisiens ne lui propose pas de contrat professionnel. « J’étais un joueur moyen de l’équipe, pas le meilleur ça c’est sûr. Toutefois, dans tout ce que je faisais, que ce soit aux matchs, aux entraînements, j’étais toujours à 100-110%. C’est ce que j’essaie de faire comprendre aux plus jeunes, le talent ne suffit pas. Il n’y a qu’à voir, on connaît tous un joueur qui était au-dessus des autres et qui n’a jamais fait carrière. De mon côté, je pense que c’est cet état d’esprit et le fait d’avoir su tirer le maximum de mes capacités qui m’a permis de faire ma carrière. »
Une carrière qui commence à une petite centaine de kilomètres de chez lui, à Rouen. « Je venais d’avoir mon bac, et mes parents m’ont proposé un deal : ils me laissaient un an pour réussir dans le foot et m’aider en me payant l’appartement pendant cette période. Et si je n’y arrivais pas, je devais reprendre mes études. J’ai passé un essai concluant au FC Rouen pour rejoindre leurs moins de 18 ans qui venaient d’accéder au championnat National, et à la mi- saison j’ai intégré l’équipe fanion qui évoluait en Division 2. »
Une ascension express mêlée à un petit coup de pouce du destin. « J’étais venu pour être arrière gauche, et comme il y a eu une pénurie d’arrières centraux, le coach Yves Brecheteau m’y avait installé. Dès les premiers matchs j’étais sorti du lot et, honnêtement, si j’avais fais mes matchs à gauche, je ne pense pas que j’aurais percé. Comme quoi, une carrière se joue sur des détails… Il faut aussi de la réussite, même si tu ne peux pas baser une carrière uniquement sur cela. »
S’il termine la saison avec 5 apparitions en D2, il reprendra la saison d’après en National, avec Jean-Guy Wallemme, après la descente des Diables rouges. « J’ai voulu rester car je venais de découvrir le monde professionnel, c’était le club qui m’avait lancé, et j’avais besoin de temps de jeu. »
La plus belle saison de Raon-l’Etape
S’il acquiert de l’expérience en disputant une dizaine de rencontres, Romain Elie ne peut éviter la nouvelle relégation des siens en CFA. « Les premiers pas en pros furent difficiles avec deux descentes d’affilée. J’aurais pu être le chat noir » rigole-t-il encore, des années plus tard.
A l’été 2005, il s’envole pour Raon l’Etape en National. « Je voulais rester en National et découvrir autre chose. Je me suis donc mis à chercher un club, non pas pour l’argent, mais où je pourrais jouer toute la saison. »
Titulaire dans les Vosges, il vit une saison pleine ( 35 matchs). « Je suis retourné au poste d’arrière gauche, et comme j’ai une grosse VMA, j’ai pris le couloir toute l’année et je me suis éclaté. Cela reste une des très belles saisons que je garde en mémoire, ce fut l’une des meilleures saisons du club (8e), et on a même flirté à un moment avec la Ligue 2. A côté, je me suis aussi fait des amis que je côtoie toujours. »
Révélé aux yeux de nombreux observateurs, « Nancy, alors en L1, était intéressé mais cela ne s’est pas fait », le Beauvaisien de naissance rejoint Boulogne (2006). « Même si je restais en National, c’était une étape de plus dans ma carrière car l’USBCO jouait la montée. Le fait qu’Hubert Fournier soit l’adjoint de Philippe Montanier a aussi eu un impact. Quand j’ai intégré la D2 à Rouen, lui finissait sa carrière. Il avait vu le petit jeune qui arrivait, il a sans doute dû me suivre par la suite, et c’est lui qui m’a dit de venir. »
Accession en Ligue 2 avec Boulogne
Quelques mois plus tard, son choix s’avère payant : les Nordistes accèdent à la L2, et lui décroche le titre de « meilleur arrière gauche de National ». « C’était top, Greg Thil mettait but sur but (31) et moi les passes décisives. »
La suite est un peu moins drôle. « On m’a fait comprendre que malgré ma belle année, le club allait recruter un numéro 1 à mon poste et que je devriendrais le 1 bis. Je me revois partir dans le bureau du coach, regarder Montanier et Fournier et leur dire qu’il pouvait faire venir qui ils voulaient, que c’est moi qui jouerai, et c’est ce qu’il s’est passé. Rabuel a signé, il a commencé, j’ai pris sa place et nous avons fini la saison ensemble car il a fini milieu gauche. »
Malgré un maintien (16e) et 20 apparitions, l’intersaison 2008 est encore mouvementée. « On me dit qu’on ne va pas me renouveler car je n’ai pas assez progressé. Honnêtement, je l’ai mal pris car ce n’était pas cohérent avec la saison qui venait de se passer. En plus, je regardais ce qui se faisait à cette époque en Ligué 2, et j’étais le plus jeune arrière gauche (23 ans) à jouer. »
Contraint de partir avec « peu de contacts car, malgré ma vingtaine de matchs en D2, je manquais d’expérience, alors qu’aujourd’hui, dans pareille situation des clubs de L1 seraient intéressés », Romain prend finalement la direction de Gueugnon en National. « Hubert ( Fournier) voulait devenir entraîneur principal, donc il a rejoint Gueugnon qui venait d’être relégué de Ligue 2. De mon côté, je n’ai pas trop réfléchi, surtout que le club était encore professionnel, ce qui voulait dire contrat et statut professionnel. En plus de cela c’est un club un peu mythique, style Beauvais, et j’espérais remonter l’année suivante en Ligue 2 pour y refaire une saison pleine. Finalement, ça s’est mal passé, collectivement, ça s’est mal goupillé et on a joué le maintien. En plus, Hubert a été viré au bout de quelques mois. »
Malgré ce naufrage, il tire son épingle du jeu et est encore élu meilleur arrière gauche de National, avant de retrouver la Ligue 2 l’année suivante avec Arles. « J’avais réussi mon pari, même si je souhaitais le faire avec Gueugnon. »
Arles-Avignon : la magie puis le cauchemar
La suite appartient à la magie. Arles Avignon décroche son billet pour la Ligue 1. « Il y a des choses qui ne s’expliquent pas. Tout le monde nous voyait finir derniers de chez derniers ; et on peut faire 10 saisons avec le même effectif, sans doute qu’on descendrait 7 fois. Après, nous étions un mix entre des jeunes qui ont explosé comme Benjamin Psaume ou André Ayew, et des anciens revanchards comme Sébastien Piocelle ou Kaba Diawara, qui malgré leurs superbes carrières, étaient de supers mecs. Pareil, c’est la première et seule fois de ma carrière où nous nous retrouvions pour manger et partager des trucs dans la semaine, ça forge un groupe. »
Alors qu’il s’apprête, enfin, à goûter à la Ligue 1, à 25 ans, Romain déchante. « C’est simple, à l’été 2010, il y a eu l’épisode du bus de Knysna avec l’équipe de France et nous ! L’intersaison fut du grand n’importe quoi entre notre coach (Michel Estevan) qui se fait virer à la reprise, puis qui est rappelé ; nous qui attaquons la reprise avec seulement 8 joueurs présents… Pour nous qui venions du monde amateur et qui n’avions jamais connu ce niveau, qui plus est dans un club comme Arles Avignon où c’était à la bonne franquette, nous nous disions que c’était n’importe quoi, mais sans plus. Pour moi, la grosse erreur a été de tout vouloir changer. Le nouveau président (Marcel Salerno) a voulu empiler les noms, alors qu’en conservant notre ossature et en rajoutant 1 ou 2 joueurs par ligne, on aurait pu se sauver comme l’ont fait les autres promus cette année-là. »
Romain n’est pas de cette triste aventure : il rejoint Charleroi en prêt avant la fin du mercato estival. « Lors des 4 premières journées, l’équipe ne faisait que de perdre, et je ne jouais pas, il n’y avait pas de changements… Je ne prétendais pas à une place de titulaire, mais j’étais quand même dans l’équipe type la saison d’avant et j’avais été élu meilleur latéral gauche de L2. Mais ce qui m’a poussé à partir, c’est lors d’une semaine de match où je sentais que j’allais jouer, un article de presse allait même en ce sens, et au final, je n’ai pas joué. Le coach était venu me voir en me disant que c’était mieux ainsi, car lui allait partir dans quelques jours et que je devais en faire autant car je ne jouerais pas. Sur l’instant, j’ai bien fait, même si je suis convaincu que si j’étais resté, quelques semaines après j’aurais pu découvrir la L1. En tout cas, Charleroi est venu me chercher, et j’ai tout de suite accepté. C’était côté français, j’évoluais en Division 1, et dans ma stratégie de carrière, je m’étais dit que si je faisais une bonne saison, j’aurais pu attirer l’œil des gros clubs autour, d’autant plus que les Belges sont friands des transferts entre eux. »
La malédiction des « backs gauches »
Si les débuts se passent bien – « J’ai fait partie de l’équipe type de la première journée, et j’ai réussi à tirer mon épingle du jeu par la suite » -, la malchance arrive. « Je me suis fait les croisés, et même si je suis revenu vite ( 5 mois et demi après), cela a coupé l’élan de ma carrière, d’autant plus qu’ils sont descendus en L2 et que j’ai dû retourner à Arles Avignon. Le plus drôle dans tout cela, c’est qu’ils m’ont dit qu’il y avait une vraie malédiction avec les « backs gauches », qu’ils se faisaient tous les croisés. Il y avait même un article qui dressait le listing, et j’y ai rajouté mon nom. »
De retour dans les Bouches-du-Rhône, Romain Elie vit « encore » une drôle de mésaventure. « La préparation se passe bien, je suis titulaire et le président, toujours le même (Salerno), vient me voir et me dit qu’il y a un problème, car avec la relégation, les joueurs ont perdu 20-30% sur leur salaire, alors que moi j’avais une augmentation de 30%. J’ai beau lui avoir expliqué que quand nous étions monté en L1, c’est lui qui m’avait prolongé avec un salaire sur 2 ans sans clause, il n’a rien voulu savoir et m’a dit que tant que ce n’était pas réglé, je n’aurais ni le droit de jouer, ni le droit de m’entraîner.
Heureusement, l’un de mes coéquipiers, Bobo Baldé, avait connu la même chose en Ecosse, au Celtic, et il a dit que si je ne m’entraînais pas, personne ne s’entraînerait. Les gars ont été solidaires et ont suivi. Nous avons rediscuté avec le président, et je lui ai dit que je voulais bien baisser mon salaire, à condition qu’il me donne trois ans de contrat pour que je m’inscrive dans le club. Au final nous ne nous sommes pas entendus, et comme la date des transferts était passée, je n’avais plus de possibilité de partir. Alors il m’a dit « Si le coach veut te faire jouer, tu joues. Et j’ai tout joué sans rien toucher à mon salaire » rigole-t-il. Après, je pense surtout que le président était très mal conseillé, car dans le fond il n’était pas méchant. »
Levski Sofia, le « Marseille bulgare »
Malgré 27 nouvelles apparitions en L2, Romain Elie est, « à ma grande surprise, pas conservé l’année suivante. » Arrive alors une proposition pour le moins surprenante. « J’ai été contacté via Facebook par un agent qui me disait que le Levski Sofia (Bulgarie) cherchait un défenseur, que leurs dirigeants s’étaient un peu renseigné sur moi et qu’ils m’avaient fait une proposition. Je me souviens avoir dit à ma femme de ne pas s’inquiéter, que j’allais juste voir les installations et que je revenais. Sauf que sur place, l’agent me dit qu’il y a un quiproquo, car les dirigeants étaient persuadés que j’allais signer. Alors oui les termes du contrat m’allaient, mais il fallait quand même que j’en discute avec mes proches car c’était un changement de vie. Je n’en ai pas eu l’occasion, car je me suis retrouvé devant le fait accompli à devoir signer, rester sur place, m’entraîner et partir en stage dans la foulée. »
En Bulgarie, au sein « du Marseille bulgare », Romain Elie confie avoir « l’impression de jouer au foot. Autant en France c’est très physique, que là-bas, c’est essentiellement basé sur la technique et le contrôle-passe. Pour l’anecdote, lors de notre premier amical, je vois notre attaquant partir et je tente un jeu long. Je me suis fait incendier car ils ne veulent que du jeu court. Il y a pas mal de talents là-bas et on ne s’en rend pas compte, car quand vous jouez dans des pays qui ne sont pas collés à la France, on a l’impression que vous venez de D5, alors que ce sont ces mêmes clubs qui tapent les L1 en Coupe d’Europe. Quant aux supporters, cela dépasse l’entendement. Autant quand vous êtes dans la rue, vous êtes tranquille car il n’y a pas de délinquance ; mais alors dans les stade,s c’est chaud, il n’y a pas de limites. Je me souviens d’un match où nous avions fait un nul contre une petite équipe. Sur le chemin du retour, les supporters avaient fait un barrage, le bus s’est arrêté, les supporters sont rentrés et voulaient nous faire sortir. L’adjoint s’est pris des claques et la police est arrivée. Pareil après une autre contre performance, nous avons mis 3 heures avant de pouvoir sortir du stade. Par contre, quand ça gagne, c’est génial. Ici ce n’est pas un public, c’est des supporters. En plein match, j’ai vu un feu d’artifice autour du stade. Aller en Bulgarie m’a permis de relativiser et de me dire que la France, c’est très bien. Quand vous voyez les banques, les centres commerciaux, c’est beau, mais j’ai vu des maisons sans fenêtre. »
La saison suivante, « Le président a voulu faire du ménage en se débarrassant des étrangers qui avaient les plus gros salaires. J’ai alors reçu une offre d’Azerbaïdjan, sans doute le plus beau contrat de ma carrière, mais j’ai dit non pour ne pas partir tout seul, d’autant plus que ma femme était enceinte de notre deuxième enfant et que, avec les matchs et les mises au vert, je n’avais été là que 2-3 jours par semaine à la maison lors de notre période en Bulgarie. J’ai donc privilégié la famille. »
Première recrue à Nîmes mais contrat non homologué !
Et un retour vers la France à l’été 2013. Un retour qui ne pouvait qu’être marqué par un nouvel épisode à rebondissement. « Je souhaitais retrouver un salaire similaire à celui que j’avais avant de partir, mais j’ai vite vu que je n’étais plus en phase avec le marché, car les salaires de L2 commençaient à se dégrader. J’ai attendu jusqu’au dernier moment avec mon agent, mais au final je n’ai rien eu. Je me suis donc retrouvé au chômage, mais mon ancien président à Arles (Jean-Marc Conrad, le prédécesseur de Marcel Salerrno) me dit qu’il va racheter Nîmes et qu’il veut me faire signer là-bas. Septembre, Octobre, Novembre passent et le rachat ne se fait pas. En Janvier, il me fait venir à Nîmes, à l’hôtel, car l’officialisation va se faire et qu’il faut que je signe dans la foulée. Sauf qu’encore une fois, rien ne se fait. Je signe donc en urgence, le 31 Janvier, au Pontet ( CFA). Il me promet que je serai sa première recrue, mais je n’y crois plus. Finalement le rachat se fait en Mars-Avril et je signe derrière avant la reprise de la saison… pour un montant qui était divisé par deux. »
S’arrêter à ce simple détail serait trop facile. « Le club enregistre une dizaine d’autres recrues, et alors que la saison s’apprête à commencer, le directeur sportif, qui était mon agent, vient me voir à quelques jours du match d’ouverture pour me dire que mon contrat n’est pas homologué. C’est-à-dire que j’ étais la première recrue, mais qu’ils ont fait passer tout le monde avant moi. Il y avait quand même mon agent et mon ex-président ; à la base ils doivent tout faire pour moi. Là ils m’ont tué psychologiquement, et la veille j’apprends que mon contrat est finalement homologué et que je suis titulaire. Inconsciemment un truc s’est cassé, et même si nous avons gagné, j’ai commis une énorme boulette à domicile, aux Costières. J’ai mis 6-7 mois à sortir la tête de l’eau, car durant cette période je jouais avec des doutes et je n’étais plus le même. Finalement je finis bien, et je récupère même le brassard en début de saison suivante. »
Sauf que le destin et la malchance viennent une nouvelle fois à sa rencontre. « Je me pète le pectiné et suis absent un gros mois. Sauf qu’un nouveau coach arrive (Bernard Blaquart) et me dit qu’il veut réduire le groupe et qu’il ne veut plus de moi. J’ai fini les 6 derniers mois avec la réserve. »
Quatre ans au Puy, son plus long bail !
Parti sur un sentiment d’inachevé – « Nîmes était le club que je voulais le plus et c’est celui où j’ai le moins réussi » -, Romain Elie rebondira en CFA au Puy-en-Velay. « J’étais un peu dégoûté de ce que je venais de vivre, et je recherchais une ambiance plus conviviale, tranquille. C’est alors que Le Puy m’a contacté en me proposant un contrat de 3 ans alors que j’avais 31 ans. Mon pote Benjamin Psaume, que j’avais connu à Boulogne et à Arles, a fini de me convaincre avec un projet où l’idée était de rejoindre le National sur 3 ans. Au final ce fut une super aventure, c’est là où je suis resté le plus longtemps (4 ans) et nous avons connu cette fameuse montée. Humainement, c’était top, il n’y avait pas de pression, peu de public, et que des gens adorables à l’image du président (Christophe Gauthier), qui même lorsque nous perdions, nous faisait des câlins alors qu’il aurait dû nous taper sur les doigts. »
Toujours aussi performant, Romain Elie quitte l’Auvergne au printemps 2020 pour revenir boucler la boucle, à 35 ans, du côté de l’AS Beauvais Oise. « Quand nous sommes montés en National avec Le Puy, le club m’a offert une prolongation de contrat de 3 ans, ce qui était exceptionnel étant donné que j’étais âgé de 34 ans. Malheureusement avec la Covid, le club a été relégué administrativement, et mes années de contrat n’étaient valables qu’en cas de maintien. Le club voulait alors renouveler son effectif, et même si nous étions un peu dans le flou avec la crise sanitaire, je n’ai pas senti qu’ils voulaient me verrouiller. J’ai donc pris les devants et lors d’un rendez-vous avec le directeur sportif et le coach, je leur ai dit que j’allais partir à Beauvais, quand bien même je divisais mon salaire par deux. C’était un choix de vie, qui me permettait à la fois de conjuguer ma vie professionnelle, car c’était pour moi l’occasion de boucler la boucle en jouant enfin en seniors à Beauvais, tout en pouvant gérer à côté mes investissements immobiliers sur Amiens. De l’autre côté, j’ai ma belle famille qui est sur Beauvais, les enfants n’ont jamais eu papy-mamie à côté ; donc honnêtement rien ne pouvait rivaliser avec. »
Romain Elie du tac au tac
« En Bulgarie, c’était un peu le folklore ! »
Meilleur souvenir ?
La montée en L1 avec Arles Avignon.
Plus grande émotion ?
Pour être honnête, ce n’est pas la montée en L1 avec Arles justement… Mais c’est quand nous nous sommes maintenus en L2 avec Boulogne lors de la dernière minute de la dernière journée face à Niort (victoire 1-0, but de Perrinelle à la 90e), l’ascenseur émotionnel fut intense. On n’y croyait plus du tout, et au final il y a eu ce miracle à la fin qui nous a fait passer de la peur à la joie.
Pire souvenir ?
Il y a celui de ne pas avoir eu ma chance en L1 alors que je pensais la mériter et aussi la perte des 2 titres avec le Levski Sofia ( Coupe de Bulgarie et Championnat), car cela aurait tout simplement pu m’ouvrir les portes de la Ligue des Champions.
Le coach le plus marquant ?
Hubert Fournier car c’est un peu mon père, dans le sens où il m’a pris à Boulogne, à Gueugnon et qu’il me voulait même à Reims ; mais vu que le président avait déjà fait un deal avec un autre joueur cela ne s’était pas fait. Il m’a aussi appris pas mal de trucs défensivement.
La causerie plus marquante ?
Avec Michel Estevan, nous rentrions sur le terrain avec la bave. Sinon je me souviens de celle Roland Vieira avec Le Puy lors du match de la montée en National en 2019. Il s’était inspiré de celle de Pascal Dupraz avec les vidéos des proches ; c’était marquant et quelques larmes ont coulé avant la rencontre.
Le coéquipier le plus fort ?
Benjamin Psaume était énorme, André Ayew, qui même s’il était encore jeune était un très bon joueur chez qui nous sentions de suite quelque chose. Greg Thil à son apogée lorsqu’il mettait but sur but, c’était quelque chose. Enfin même si je ne l’ai connu qu’à sa fin de carrière, Sébastien Piocelle c’était très fort techniquement.
Ton adversaire le plus fort ?
Je me souviens qu’Olivier Giroud nous avait mis un quadruplé. Côté « grands noms », j’ai eu Pavlyuchenko au marquage mais il ne m’avait pas tant marqué que ça. Je galérais pas mal face à Langil (ex-Auxerre, Caen, Valenciennes…) car il allait très vite. Enfin Kévin Anin ( ex Le Havre, Sochaux, Nice) était puissant. Je me souviens avoir goûté à son épaule, il m’avait fait valser.
Une dernière anecdote ?
Je venais d’arriver au Levski et nous nous étions fait éliminer des qualifications pour l’Europa League. Le lundi, le président arrive dans les vestiaires et nous dit que si nous ne gagnons pas nos 6 prochains matchs, nous aurons 50% en moins sur nos salaires jusqu’à la fin d’année. Je regarde autour de moi, et je vois que personne ne dit rien et que tout le monde acquiesce. En France, ça n’existe pas ; et au final je ne sais pas s’il l’aurait fait car nous avons gagné nos 6 matchs ; mais voilà cela fait partie du folklore bulgare !
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Texte : Thibault Hannicq / Mail : contact@13heuresfoot.fr
Photos : T. H., L’observateur de Beauvais, Sébastien Ricou et AS Beauvais Oise