L’ancien milieu offensif de Créteil a fait le choix d’un football « exotique » en 2016 en signant à Gabala, en Azerbaïdjan, où il a découvert la Coupe d’Europe, puis à Bakou. Aujourd’hui, il évolue à Chypre, à l’Apollon Limassol, où il a décroché deux titres en 2022.
Talent passé entre les mailles des filets franciliens avec une formation sous les couleurs du FC Lorient (2007-2009), Bagaliy Dabo (34 ans) a néanmoins terrassé ses adversaires sur les défenses parisiennes pendant une bonne partie de sa carrière.
D’abord pendant deux ans à Ivry (2009-2011) en CFA2 et CFA, puis pendant quatre autres à l’US Créteil (National, Ligue 2). Il a aussi effectué un passage éclair à Istres (2013-2014) pour ses débuts professionnels en Ligue 2.
La descente avec le club cristollien de Ligue 2 en National à l’issue de l’exercice 2015-2016 marque un tournant dans la carrière du milieu offensif tricolore.
Alors qu’il aurait pu rester aux portes de l’élite du foot français en poursuivant en Ligue 2, Bagaliy Dabo surprend son monde, direction l’Azerbaïdjan pour rejoindre les rangs de Gabala (2016-2018).
Après deux campagnes européennes héroïques et deux saisons en championnat âprement disputées, le virevoltant buteur signe deux ans en Azerbaïdjan, à Bakou (2018-2020) sans y remporter de trophée. Vient alors l’heure de s’envoler en 2020 pour Chypre et l’Apollon Limassol.
Là encore, les coups de reins et les « coups de savate » de « Baga » font des ravages. Vice-champion la première saison, le serial buteur ne se manque pas lors du dernier exercice. Auteur de 8 buts avec l’Apollon, il décroche un nouveau titre de champion après celui obtenu en National avec Créteil en 2013. Il y a quelques semaines, Dabo s’offrait même un doublé Championnat/Coupe avec la Super Coupe de Chypre. Sur un rythme effréné entre championnat et Coupe d’Europe, Dabo a néanmoins pris le temps de parler foot une heure durant.
« Je suis très heureux à l’Apollon Limassol »
Titi parisien né à Clichy-le-Garenne, comment te retrouves-tu au centre de formation de Lorient ?
À la base, je devais signer à Guingamp mais Lorient les a contactés et je suis allé passer quelque jours là-bas. La semaine d’après, je me suis retrouvé à signer mon contrat stagiaire avec Lorient. J’avais aussi la possibilité d’aller à Toulouse et Nantes, mais j’ai choisi la Bretagne. J’y suis resté deux ans. Sur Paris, je n’avais pas trop de piste.
Au bout de deux ans, tu reviens chez toi pour jouer avec Ivry en CFA2, puis tu grimpes encore les échelons en rejoignant Créteil (2011-2013). Deux années de National riches en émotion, avec une accession en L2 à la clé…
À Ivry, j’arrive en cfa2 en effet avec une montée dès ma première année. J’enchaîne par une saison en CFA avant de partir pour Créteil où j’ai vraiment passé deux années riches en émotions avec un joli parcours en Coupe de France la première année. On va jusqu’en 16e de finale et on perd chez nous aux tirs au but contre les Girondins de Bordeaux. L’année suivante, on effectue une saison extraordinaire en contrôlant le championnat du début à la fin et on monte en Ligue 2.
Alors que la suite logique était la ligue 2 avec Créteil, c’est du côté de Istres que tu découvres le monde pro. Que s’est-il passé ?
Rien de spécial. On n’est juste pas tombé d’accord contractuellement tout simplement… Du coup, je suis parti découvrir le monde professionnel à Istres. La descente en National fut une déception, mais j’ai vraiment pris du plaisir notamment au niveau du jeu que l’on pouvait proposer.
Tu es de retour à Duvauchelle en 2014 pour deux nouvelles saisons difficiles pour le club en Ligue 2. Quels souvenirs en gardes-tu ?
C’est vrai que ce n’était pas si facile mais je n’irais pas jusqu’à dire difficile non plus. On a eu des haut et des bas comme dans tout club. Je pense notamment à la deuxième saison où on n’a pas su se sortir de ce moment difficile qui nous a condamnés au National et à une sortie rapide en Coupe de France contre les Lusitanos de Saint-Maur (2-4). Pourtant , nous avions de bons joueurs pour éviter cette issue pour le club et les gars.
La descente marque un tournant dans ta carrière avec un choix surprenant : partir en Azerbaïdjan. Que retiens-tu de ces quatre années là-bas ?
Ce sont quatre années où je me suis ouvert à une autre culture. J’y ai appris l’Anglais, j’y ai appris à être plus professionnel sur et en dehors du terrain. Et bien évidement j’ai développé mes talents de buteur avec beaucoup de travail, sans oublier la découverte des compétitions européennes.
Dès mon arrivée, je disputais un tour préliminaire d’Europa League contre un club géorgien. On sort même Lille pour notre 3e tour avant de nous qualifier pour les poules (ndlr : 6 défaites en 6 matchs, dont un double revers contre Saint-Étienne) en éliminant Maribor.
Depuis 3 saisons maintenant, tu t’éclates à Chypre avec l’Apollon Limassol. Comment décrirais-tu le niveau de ce championnat ?
À Chypre, le championnat n’est pas évident avec pas mal de bonnes équipes. La preuve, nous avons deux équipes qualifiées en Europa League. Nous aurions pu être là troisième avec une élimination aux tirs au but contre l’Olympiakos Le Pirée.
Au final, nous sommes en Conférence Europa League et dans le coup pour nous qualifier. Remporter le championnat et la Coupe ne sont pas des choses faciles. Je situerais nos équipes dans le haut tableau de Ligue 2, milieu de tableau de Ligue 1.
Aujourd’hui, on peut voir Ndoye en National avec le Red Star, Seck en N2 avec Créteil. Une dernière pige en Île-de-France est elle possible ?
Ce n’est pas d’actualité, mais franchement le football nous a appris que tout était possible, donc pourquoi.
Seul l’avenir nous le dira, mais c’est vrai que je suis très heureux aujourd’hui avec l’Apollon Limassol.
« Baga » Dabo, du tac-au-tac
Premier match en pro ?
Dès le début de la saison 2013-2014 à la maison contre Angers. On démarre très mal avec deux buts concédés en 20 minutes pour au final perdre 4-2. Je suis titulaire et sur la pelouse tout le match.
Premier but en pro ?
À domicile 15 jours après la défaite contre Angers. On reçoit le CA Bastia qui était promu en Ligue 2 comme Créteil. Les Corses ouvrent le score sur penalty et j’égalise sur le coup d’envoi ou presque.
Le joueur le plus fort avec qui tu as joué ?
J’ai eu la chance de jouer avec des joueurs très forts, notamment techniquement. Mais si je devais en retenir un, je dirais Jérôme Leroy à Istres. Il était impressionnant et j’ai pu apprendre beaucoup et m’inspirer de certaines choses chez lui.
Le joueur le plus fort contre qui tu as joué ?
Alors il n’est pas connu du grand public, mais je dirais Miguel Madera, un milieu évoluant en 6 ou 8 qui est maintenant à la retraite. J’ai pu jouer contre lui plusieurs fois en Azerbaïdjan et c’était rarement une partie de plaisir.
Ton plus beau stade ?
Je vais en citer deux qui sont, je trouve, incroyable. C’est le stade de Maribor en Slovénie et le stade Félix Bollaert de Lens. J’y ai à chaque fois senti une énorme ferveur et une vraie pression.
Ta plus grande joie ?
Je pense que c’est celle du championnat de Chypre que l’on gagne la saison passée au bout du suspense. Ce fut une saison longue durant laquelle nous avons presque toujours été devant. Conclure a été compliqué. Je pense aussi à ma première qualification en Europa League pour laquelle j’ai pratiquement ressenti la même émotion.
Ta plus grande déception ?
Je pense que c’est ma première saison à Chypre en 2020-2021 où l’on perd le championnat sur le fil face à l’APOEL Nicosie. Et la finale de la Coupe d’Azerbaïdjan perdue à domicile avec Qarabag contre Kesla (1-0) en 2017-2018. Ce fut une grande déception.
L’entraîneur qui t’a le plus apporté ?
Sans langue de bois, je pense que chaque entraîneur m’a apporté un petit quelque chose à son échelle que ce soit en CFA, en National, en Ligue2 ou à l’étranger j’ai toujours appris de mes coachs.
L’entraîneur que tu n’as jamais compris ?
Là par contre, je vais éviter de donner des noms, mais il y en a (grand éclat de rire).
Texte : Julien Leduc / Mail : jleduc@13heuresfoot.fr / Twitter : @JulienLeduc37
Photos : Philippe Le Brech