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Anthony Ribelin (FBBP01) : « Je suis fier d’avoir rebondi ! »

Après avoir découvert la Ligue 1 à 18 ans à Montpellier, son club formateur, le Nîmois a connu une expérience très difficile à Rennes avant de se reconstruire en National 2 à Endoume Marseille, puis de trouver une stabilité à Bourg-en-Bresse.

Photo Philippe Le Brech

Joueur très polyvalent, Anthony Ribelin (26 ans) est devenu une valeur sure du championnat National. Le mois dernier, il a été nommé parmi les 4 joueurs du mois. « Non, je ne suis pas déçu. Hicham (Benkaid) a marqué 4 buts en 4 matchs dont un superbe ciseau. Il mérite le trophée. Pour moi, c’était déjà bien d’être nommé parmi les 4 joueurs du mois de janvier, ça me montre que je suis sur le bon chemin. »

Devancé lors de cette élection par l’attaquant de Saint-Brieuc (46,01% des votes), Anthony Ribelin, 2e avec 28,06%, est fair-play. En marquant ses deux premiers buts de la saison lors de ce même mois de janvier, le milieu polyvalent de Bourg-en-Bresse a parfaitement entamé l’année 2023.

Fils de l’ancien attaquant professionnel Didier Martel, passé par Châteauroux, le PSG ou Utrecht aux Pays-Bas, Anthony Ribelin, 26 ans aujourd’hui, a parfaitement repris le fil de sa carrière qui s’était enlisée à Rennes après avoir été lancé en Ligue 1 avec son club formateur Montpellier, alors qu’il avait 18 ans.

Avec Montpellier et l’entraîneur de l’époque, Rolland Courbis. Photo Philippe Le Brech

Arrivé à Bourg-en-Bresse/Péronnas en 2019 après avoir dû passer par le National 2 à Endoume Marseille, il a trouvé une stabilité et une régularité.

Il est devenu une valeur sure du championnat National où il dispute sa 6e saison, la 4e avec Bourg-en-Bresse après deux prêts au Paris FC et à l’Entente Sannois-Saint-Gratien lorsqu’il était à Rennes. « Forcément, j’aspire à jouer plus haut. Je suis très bien ici à Bourg-en-Bresse, j’ai vraiment envie de monter en Ligue 2 avec ce club. »
Pour 13HeuresFoot, il est longuement revenu sur son parcours pas toujours linéaire.

Des poussins à la Ligue 1 avec Montpellier

Natif de Nîmes, il a rejoint Montpellier en Poussins 2e année. « J’ai gravi tous les échelons jusqu’au pros », raconte Anthony, qui a été sélectionné en équipe de France U16 et U19. Le 9 août 2014, il effectue ses premiers pas en équipe pro lors de la 1ère journée de L1 lors d’un Montpellier – Bordeaux (0-1).

Avec Rennes, face au PSG. Photo Philippe Le Brech

Il remplace le Colombien Victor Montano à la 71e minute. « C’était un rêve de débuter en L1 chez moi, devant ma famille à la Mosson ». Rolland Courbis le fait également rentrer en jeu lors des 2e (à Marseille) et 3e journée (face à Metz). Au total, il effectue 7 apparitions en L1 lors de cette saison 2014-2015. La suite est plus délicate avec une seule apparition en L1 et une titularisation en Coupe de France sur le terrain de l’OM.

« Avec Courbis, tout se passait bien. Mais quand Frédéric Hantz est arrivé, ça s’est moins bien passé. Montpellier devait se sauver. Il avait besoin d’expérience. Peut-être qu’il me trouvait trop jeune… J’ai été renvoyé en réserve avec les autres jeunes. »

Une situation qui aura des conséquences sur son avenir. Encore stagiaire, il est alors en pleine négociation pour signer son premier contrat professionnel. Mais finalement, il va le signer à… Rennes où il s’engage pour 3 ans. « Je regretterai tous les jours cette erreur. Au début, je pensais que ça me ferait du bien de sortir de mon petit cocon de Montpellier. Mais j’ai fait le mauvais choix en écoutant mon ancien agent. Au fond de mon cœur, j’aurais pourtant tellement voulu m’imposer à Montpellier. J’ai déçu ma famille, ça a été le plus grand regret de mon père… J’en suis encore très loin mais ça serait mentir si je disais que je ne rêve pas d’y retourner un jour…»

Rennes, le coup d’arrêt

Avec Montpellier face à Rennes. Photo Philippe Le Brech

A Rennes, l’entraineur Christian Gourcuff décide de l’utiliser comme attaquant. « J’ai fait quelques bancs en L1 sans jamais entrer en jeu. En réserve, j’ai marqué 5 ou 6 buts. Mais je n’ai jamais eu ma chance. Pour gagner du temps de jeu, on a convenu qu’il valait mieux que je sois prêté. »

Relégué de L2, le Paris FC (National) obtient son prêt en janvier 2017. « C’était une très belle expérience. L’entraineur Réginald Ray m’a redonné la confiance que j’avais perdue. On n’était pas très bien classé lorsque je suis arrivé et on a fini très fort lors de la 2e partie de saison. »

Anthony marque 3 buts et le Paris FC arrache une place pour les barrages lors de la dernière journée en terminant 3e ! « On avait cravaché pour en arriver là et contre Orléans, en barrages, on manquait de gaz. On avait aussi beaucoup de joueurs blessés. On a vécu deux matchs compliqués (deux défaites 1-0). C’était une grosse désillusion. Même si je n’étais que prêté, je me suis vraiment bien senti à Paris. On a vécu un truc sympa. Heureusement, le Paris FC a été repêché en juillet pour monter en L2 car un club s’est arrêté (le SC Bastia). J’étais content pour les joueurs. »

Sous le maillot du FBBP01. Photo Philippe Le Brech

Anthony avait, lui, dû retourner à Rennes. Le début d’une petite descente aux enfers. « J’ai vécu le pire du football, des choses qui n’avaient rien à voir avec le terrain. Mon ancien agent était bien avec l’ancien président de Rennes. Ça a joué en ma défaveur. »

L’arrivée de Sabri Lamouchi sur le banc l’a définitivement condamné. « Je devais être convoqué dans le groupe L1. Mais deux jours après, je n’y étais plus. Je devais même m’entraîner à part. On ne m’a jamais donné de raisons, ni de réponses. Moralement, ça été très difficile à vivre. J’étais au fond du trou. C’est compliqué de subir des choses extra-sportives. »

Il accepte un nouveau prêt en National en région parisienne, cette fois à l’Entente Sannois-Saint-Gratien. Mais l’aventure dans le Val-d’Oise ne se passe pas comme au Paris FC. Il ne dispute que 5 matchs. « Le président (Christian Fouché) était super, très proche des joueurs. . Mais avec le coach (Vincent Bordot), ça n’a pas collé. Je n’ai pas ressenti une très grande confiance à mon égard. Il voulait m’utiliser comme excentré droit, je n’ai pas trop adhéré. L’Entente SSG s’est sauvée lors de la dernière journée en réussissant un exploit à Grenoble qui avait besoin d’une victoire pour monter en L2 . Mais moi, je n’étais pas dans le groupe. »

Le retour chez les amateurs à Endoume Marseille avant la stabilité à Bourg-en-Bresse

Sous le maillot du Stade Rennais. Photo Philippe Le Brech

Après avoir résilié sa dernière année de contrat à Rennes, Anthony Ribelin repart chez les amateurs en signant à Endoume Marseille en août 2018. Le club du VIIe arrondissement de Marseille est promu en National 2. « C’est l’entraineur Gregory Poirier (aujourd’hui à Martigues en National), que je ne connaissais pas, qui est venu me chercher, je luis dois beaucoup. »

Loin du confort qu’il a connu à Rennes, c’est dans ce petit club de quartier, familial et convivial, qu’il va retrouver l’envie. « On s’entrainait le soir, parfois je n’avais pas très envie d’y aller. Bien sûr qu’à un moment, j’ai pensé à tout arrêter. Mais le coach m’a toujours poussé à m’accrocher. En National 2, j’ai retrouvé la confiance que j’avais perdue depuis plus d’un an. Je suis revenu aux sources, un football simple, des vrais rapports humains et ça m’a fait beaucoup de bien. J’ai énormément réfléchi à ce que je voulais faire de ma vie. J’aurais pu plonger mais j’ai réussi à ne pas me laisser aller et à rebondir. Je suis fier de ça. Endoume a été un passage très important pour moi. Il m’a fait murir. »

Sous le maillot du FBBP01. Photo Philippe Le Brech.

En fin de saison, Endoume termine à une bonne 6e place. Lors d’un match contre Saint-Priest, Anthony avait tapé dans l’œil de Karim Mokeddem, présent dans les tribunes. L’ancien coach de Lyon-Duchère, qui allait reprendre Bourg-en-Bresse/Péronnas, lui propose de le rejoindre. « Ça me permettait de retrouver un contrat pro, c’était un beau projet. »

Trois ans et demi après son arrivée dans la Préfecture de l’Ain, Anthony Ribelin est toujours là. Malgré quelques propositions en Ligue 2, il a prolongé son contrat pour trois ans en juin 2021. Après avoir beaucoup bougé, il a trouvé une stabilité dans sa vie personnelle et sur le terrain. « Ça se passe super bien à Bourg-en-Bresse, je suis vraiment bien ici. J’ai eu des contacts, j’aurais pu partir. Mais je n’ai pas voulu refaire la même erreur qu’à Montpellier. Je ne suis plus le même, je me suis assagi et j’ai muri. La naissance de ma fille, qui a 2 ans maintenant, m’a aussi changé. Ca fait réfléchir au sens des priorités. »

Battu à Cholet (3-2) vendredi, Bourg-en-Bresse reste 9e, à 9 points des deux premières places. « On a un bel effectif, rien n’est encore perdu pour la montée. J’ai envie de monter en L2 avec Bourg-en-Bresse. Le président David Venditelli veut construire quelque chose de bien. Moi, j’ai joué à de nombreux postes cette saison. Mais j’essaye d’apporter ma pierre à l’édifice, quel que soit le poste où le coach me fait jouer. »

Après chaque match, un débrief avec son père

Sous le maillot du FBBP01. Photo Philippe Le Brech.

S’il ne porte pas le même nom, Anthony est le fils de Didier Martel, ancien attaquant révélé en Division 2 dans les années 90 (Nîmes, Châteauroux, ASOA Valence) qui a ensuite signé au PSG en 1998 avant de conquérir les Pays-Bas où il a été élu meilleur joueur du championnat lors de sa première saison à Utrecht.

Au total, il a joué pendant six aux Pays-Bas (Utrecht, Vitesse Arnhem, Helmond). « Anthony a grandi loin de moi (après la séparation de ses parents), il s’est fait tout seul. Je ne l’ai pas élevé car j’avais ma carrière à l’étranger. Pour moi, c’est une fierté qu’il soit à son tour devenu footballeur pro. Il a peut-être hérité de mes gènes, mais il n’a jamais eu besoin que je pousse la chose grâce à mon nom. Il a des qualités de vitesse, de percussion, il est polyvalent et a une bonne mentalité », expliquait le papa en 2017 dans le Parisien.

« On est très proches, appuie Anthony. Il ne m’a jamais lâché dans les moments difficiles. Il connaît le foot et ses mauvais côtés. Il n’a pas besoin de vivre ses rêves à travers moi puisqu’il a fait une très belle carrière. J’étais encore petit quand il jouait mais j’ai quand même de vagues souvenirs. C’est plaisant d’avoir un père qui a réalisé une telle carrière. C’est aussi une fierté d’essayer de prendre sa suite. Le fait de ne pas porter le même nom a été plutôt un avantage quand j’étais plus jeune. Ça m’a enlevé un poids et permis d’éviter les comparaisons. J’ai été moins exposé. Et ça a évité aux gens de dire que si j’en étais arrivé là, c’était grâce à l’aide de mon père et de ses connaissances dans le milieu. »

Recruteur pour Utrecht depuis plusieurs années, Didier Martel ne rate aucun match de son fils. « J’ai toujours droit à mes messages et aux débriefs après chaque match, sourit Anthony. Il me pousse toujours à faire encore mieux et plus. Travail, humilité, persévérance… Ces trois mots, il me les répète tout le temps. »

Anthony Ribelin, du tac au tac

« Je suis très bien à Bourg-en-Bresse »

Sous le maillot du FBBP01. Photo Philippe Le Brech

Première fois dans un stade ?
En jeunes, à Gallargues-le-Montueux dans le Gard. En pro, c’était à la Mosson pour un Montpellier – Bordeaux.

Meilleur souvenir de joueur ?
Ma première titularisation avec Montpellier. C’était contre l’OM au Stade Vélodrome en Coupe de France (20 janvier 2016). On avait perdu 2-0.

Pire souvenir de joueur ?
Pas de mauvais souvenir en particulier. Mais une période plus globale. Mon expérience rennaise qui a été très compliquée pour moi.

Une manie, une superstition ?
Aucune.

Le geste technique préféré ?
Contrôle – passe, la base du football.

Qualités et défauts sur un terrain ?
La vitesse, la puissance et la vision du jeu. Mais je dois améliorer mon jeu de tête et mon pied faible.

Votre plus beau plus beau but ?
Il date d’il y à peine quelques semaines (16 janvier). Contre Concarneau (victoire 3-2), je fais une aile de pigeon qui a lobé le gardien !

Le buts d’Anthony face à Concarneau (avancez jusqu’à 2 minutes 29)

Votre poste de prédilection ?
Je ne sais pas si c’est un avantage, mais je peux jouer à beaucoup de postes, latéral droit, milieu droit, piston avant-centre, derrière l’attaquant. Je travaille pour le collectif. J’essaye de donner le meilleur de moi-même quelque soit le poste où le coach me fait jouer. Mais je reconnais que mon poste de prédilection, c’est en 8.

Sous le maillot du FBBP01. Photo Philippe Le Brech

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Marco Verratti avec Montpellier face au PSG.

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
J’ai joué avec pas mal de joueurs très forts. Mais je ressortirais Ryad Boudebouz à Montpellier.

L’ entraîneur ou les entraîneurs qui vous ont marqué ?
J’en ai 4 ! A Montpellier, Frédéric Mendy que j’ai eu en jeunes, puis Rolland Courbis qui m’a donné ma chance en pros. Ensuite, Grégory Poirier à Endoume Marseille et Karim Mokeddem qui m’a recruté à Bourg-en-Bresse. Tous les deux, ils ont cru en moi après mon passage difficile à Rennes.

Le président qui vous a marqué ?
Louis Nicollin, c’est LE président. Il était super proche des joueurs, humainement quelqu’un de très bien. Son fils Laurent est pareil. Tous les deux, ils ont toujours essayé de me donner des conseils.

Sous le maillot de l’Entente Sannois-Saint-Gratien. Photo Philippe Le Brech

Une causerie marquante d’un coach ?
C’était avec Karim Mokeddem à Bourg-en-Bresse. C’était lors d’une mi-temps, on faisait un mauvais match. Il nous a mis une grosse soufflante, je m’en souviens encore… Il y avait un gros mot (rires), une allusion aux vidéos qu’on faisait sur Youtube. Une autre fois, il nous a dit, vous vous « c… desssus », en nous donnant des sachets de Spasfon.

Le club où vous vous êtes senti le mieux ?
Je suis très bien à Bourg-en-Bresse où je me suis épanoui. Mais forcément, mon club, c’est Montpellier. J’y ai fait toutes mes classes, des jeunes jusqu’au monde professionnel et la L1.

Le club qui vous fait rêver ?
Real Madrid.

Votre joueur préféré ? Un modèle ?
Karim Benzema.

Sous le maillot du Paris FC. Photo Philippe Le Brech

Un stade mythique ?
Le stade Vélodrome de l’OM.

Vos amis dans le foot ?
J’en ai trop, je n’ai pas envie de faire des jaloux (sourire).

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Andy Delort.

Vos occupations en dehors du foot ?
La Play Station et surtout ma fille de 2 ans qui prend beaucoup de temps.

Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
J’aurais repris l’entreprise familiale de miroiterie et verrerie. Mais ce n’est pas perdu. Ça reste une option pour l’après-foot.

Le sud, où vous avez grandi, la Bretagne et la région parisienne, où vous avez joué, ou l’Ain, où vous êtes depuis 2019 ?
Sans hésitation. Le sud, d’où je suis natif. Largement…

Le milieu du foot en deux mots ?
Collectif et ambitieux.

Texte : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent

Photos : Philippe Le Brech