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Anthony Losilla : « C’est extraordinaire de jouer en Bundelsiga ! »

Formé à Saint-Etienne, le milieu de terrain passé par le National (Cannes, Paris FC) et la Ligue 2 (Laval) évolue depuis 11 ans en Allemagne où il a découvert en 2021, à 35 ans, la Bundesliga avec Bochum, dont il est l’actuel capitaine !

De Firminy (Loire) à Bochum, de la réserve de Saint-Etienne à la Bundesliga, découverte à 35 ans, Anthony Losilla vit une carrière en forme de cheminement, un parcours fait de patience et de détours.

A 37 ans aujourd’hui, le milieu de terrain et capitaine du VFL – qui vient de disputer, le mois dernier, son 300e match avec son club – profite à fond en Allemagne, après avoir connu le National avec Cannes et le Paris FC, et la Ligue 2 avec Laval.
Entretien avec un joueur attachant, disponible, et dont on ressent le bonheur d’évoluer au plus haut niveau. Car si le chemin a été long à se dessiner, il est avant tout magnifique pour le Français.

Photos VFL Bochum

Anthony, les gens vous connaissent par rapport à la Bundesliga. Mais vous avez fait votre formation à Saint-Etienne, avant de vous affirmer à Cannes, en National. Racontez-nous un peu vos débuts.
Je n’étais pas le joueur sur qui le club misait, au départ, à Saint-Etienne. Et puis grâce à deux saisons avec l’équipe réserve et notamment le coach Claude Robin, qui m’a fait confiance et mis capitaine, j’ai commencé à m’entraîner avec les pros. Il a vu cette chose en moi, et au bout de cette année décisive, où, quand on est jeune joueur, soit on signe pro, soit on part, j’ai signé pro. Malheureusement l’entraîneur de l’équipe première, Elie Baup, est parti à l’intersaison, et le nouveau coach ne comptait pas sur les jeunes. Je n’ai pas tergiversé et je suis parti en prêt à Cannes (National), après trois jours de préparation avec les pros à « Sainté ». On m’a dit « Cannes veut te voir » et j’ai filé, je n’ai même pas cherché à comprendre. Après dix jours à voir comment ça se passait, je suis resté là-bas et j’ai signé définitivement à la fin du prêt, car je m’y sentais bien. Voilà comment a commencé ma carrière !

« J’ai vu qu’il n’y aurait pas d’évolution à Saint-Etienne »

Pas de regret de ne pas rester à l’ASSE, votre club formateur et de cœur ?

Bien sûr que quand on signe pro, on aimerait faire ses premiers pas dans son club de cœur. Après, je ne m’attendais pas à ce contrat, et quand j’ai vu comment ça se passait, avec le changement d’entraîneur, et que le coach ne me connaissait pas du tout, je me suis dit « Ok, je vais faire une saison en réserve, je viens d’en faire deux d’affilée ! ». Je n’ai pas trop réfléchi, je me suis dit que j’allais passer le cap d’après, jouer à un niveau au-dessus, en 3e division, en National, pour prendre du temps de jeu, et puis on verra. Malheureusement, il n’y a jamais eu trop de contacts pendant mon prêt à Cannes et j’ai vu qu’il n’y aurait pas d’évolution à Saint-Etienne, donc j’ai fait mon petit bonhomme de chemin… Et voilà.

« Je marche à l’affectif »

Vous avez quand même un certain parcours et pedigree en France. Après Cannes, il y a eu le Paris FC en National et Laval en Ligue 2.

J’ai fait de très bonnes saisons en National, mais je ne m’attendais pas, à un moment donné, à arriver en Ligue 1 ou autre. J’étais content d’être en National. Je me suis dit que j’allais faire ma petite carrière, puis j’ai vu que je faisais partie des meilleurs joueurs du championnat. Donc pourquoi pas aller voir au-dessus. A chaque fois, j’ai eu cette mentalité-là, de tout donner.

Je suis parti au Paris FC car ils m’ont témoigné beaucoup de confiance, même si d’autres équipes me voulaient. Ils sont arrivés assez tôt, je suis un peu comme ça, je marche à l’affectif, donc je me suis dirigé vers eux. Je me suis encore aguerri, même si je me dis que j’ai passé trop de temps en National des fois. Mais quand je vois où je suis aujourd’hui, j’avais peut-être besoin de ça. Et puis Laval m’a donné ma chance de passer le cap en Ligue 2. Pour moi c’était… Ligue 2, je me suis dit « woaw ! ». C’était déjà inespéré, génial.

A Laval, j’ai vu dès la première année que j’avais le niveau (en 2010-2011, il avait même fini 17e aux étoiles France Football de la division, Ndlr). Ensuite je suis parti en Allemagne, et même à 35 ans à mes débuts en Bundesliga, j’ai vu que je ne dépareillais pas, que je faisais mes matches. Je me suis adapté à chaque fois. Je suis un joueur qui a su progresser à tous les niveaux. C’est comme ça que je caractériserais ma carrière.

C’est drôle, car quand on regarde votre parcours, il y a une forme de linéarité. Mais le National à l’époque, ce n’était donc pas un temps de passage ? Vous êtes dans l’équipe type du championnat une année, quand même !

Après Cannes et le Paris FC, oui, j’ai voulu passer le cap, je sentais que j’avais fait le tour du National. Le PFC était un club ambitieux, déjà à l’époque en N1, ils m’avaient permis de franchir un autre palier après mes deux années cannoises. Et puis je vais à Laval en L2, un club familial, où je me suis senti très tôt, très bien, ils m’ont mis dans les meilleures conditions. J’y ai passé un autre cap, j’avais besoin de cet environnement pour m’épanouir encore plus. Cela a suscité des intérêts de clubs de Ligue 1 à l’époque.

Malheureusement, en France, ça a mis beaucoup de temps à bouger, et je suis quelqu’un qui préfère la sécurité. C’est pour ça que j’ai préféré partir du côté de l’Allemagne (à Dresde). Mais dans chaque club français, j’ai de très bons souvenirs, j’ai rencontré de très belles personnes. Je suis content d’avoir fait cette carrière en France. Celle qui a permis d’aller en Allemagne.

« En France, le foot allemand n’avait pas une très belle image »

Merci pour la passe décisive ! Vous faites en effet le choix de partir en Allemagne, au Dynamo de Dresde, en D2. Pourquoi, alors que vous aviez des touches en L1 ?

Je sortais de deux belles années à Laval, j’entendais parler de l’intérêt de clubs de Ligue 1 ; Nice, Valenciennes, Sochaux. Pas mal de clubs s’intéressaient à moi. Je me voyais en L1, et puis un club allemand est arrivé très tôt, Dresde. La première fois qu’ils prennent contact, je recherche un petit peu quel club c’était, « Dresde, deuxième division, c’est quoi ? » …

A l’époque, en 2012, l’Allemagne, ce n’était pas suivi comme maintenant en France, il n’y avait pas une très belle image du football allemand, je ne m’en faisais pas une belle idée. Je ne me voyais pas là, ma femme attendait notre premier enfant, donc je refuse la proposition. Et puis leur coach m’appelait très souvent, en anglais. Comme je ne parlais pas un mot d’allemand, on arrivait à communiquer quand même, il insistait, mais je refusais.

La dernière journée de L2 avec Laval, on va à Clermont, et là un joueur de Dresde, Romain Brégerie, qui est devenu un très bon ami, m’appelle à l’hôtel la veille. Il me dit : « Voilà, ils m’ont dit de t’appeler, je voulais juste te dire ce qui t’attend si tu signes ici, même si c’est toi qui choisiras à la fin ». Mais je ne me voyais pas encore passer ce cap de l’étranger, car je voulais jouer en Ligue 1.

Le lendemain, je refuse une nouvelle fois leurs avances. Puis je pars en vacances. Mais il n’y a pas de choses concrètes qui se passent avec les clubs de L1. Je suis à Nice avec ma femme, qui est du sud, et le directeur sportif de Dresde rappelle mon agent et demande à me voir. Il me demande d’amener mon épouse, on se retrouve dans un hôtel à Nice. Il vient avec des documents sur plusieurs hôpitaux où ma femme peut accoucher, pour une personne qui peut m’aider dans les démarches administratives. Là, je me dis : « Quel club me porte autant d’intérêt ? Aucun ». Il était venu aussi avec des vidéos des supporters de Dresde, des fous furieux. Quand on est joueur, on voit ça, ça fait envie quand même. Et le soir même, ma femme me regarde et me dit « Prends ta décision, je te suis ». Ils ont faxé mon contrat à l’hôtel, et voilà, c’était parti !

Un transfert décidé sur le plan humain, donc.

C’est le côté affect, oui ! Je marche beaucoup comme ça. Ils m’ont eu comme ça ! J’en suis ravi aujourd’hui. Et il y a aussi la lenteur des clubs français de l’époque pour faire confiance. Je sortais de deux belles saisons à Laval, mais ils étaient frileux : « Oui, mais il a 26 ans, il n’a toujours pas connu la Ligue 1 » etc. Ils se posent beaucoup de questions.

« Ils ont des règles, et ils s’y tiennent »

Comment se sont passés ces premiers mois en Allemagne ?

Il y avait quelques joueurs qui parlaient français qui étaient là depuis un petit moment, Romain Brégerie donc, et Mickaël Poté, un attaquant qui jouait avec moi à Cannes lors de ma première année. Donc déjà ça m’a pas mal aidé pour m’intégrer, moi qui ne parlais pas un moment d’allemand et suis d’origine espagnole ! Il y a une personne qui s’occupait de nous trouver un appartement aussi. Donc j’ai pu me concentrer sur le côté sportif.

Même si collectivement on a une première année où on s’est sauvés à l’arrache, une deuxième où on est descendus, j’ai commencé à me faire connaître ici. Dès le mercato hivernal, j’entendais des clubs de Bundesliga qui évoquaient mon nom. Ce qui est marrant, c’est que l’année où on descend, j’avais prolongé de trois ans à Dresde, mais juste en cas de maintien. Je me sentais bien, mais je suis parti.

Quelles différences avez-vous trouvé en arrivant en Allemagne, entre les deux D2 ? Et qu’en est-il de la célèbre rigueur allemande !
Cette fameuse rigueur, elle est globale. Dans tout ce qu’ils font, toutes les personnes, c’est carré, l’heure à laquelle ils mangent… Et je raconte à chaque fois cette anecdote, mais nous Français, qui traversons au vert ou au rouge, on s’en fiche, on traverse s’il n’y a pas de voiture. Ici j’ai vu des gens attendre le vert alors qu’il n’y avait pas de voiture à 100m à gauche et à droite. Ils ont des règles, et ils s’y tiennent. Ils aiment bien que ça soit droit. Je trouve ça top, mais c’est aussi parce que je suis un peu comme ça.

Côté sportif, ce qui m’a marqué, c’est que tout ce que les gens font, ils le font à 100%, pour être le plus efficace possible. Par exemple les centres, ils perfectionnaient ça pour être les meilleurs à leur niveau. Même si au niveau qualitatif, je comparais souvent avec la Ligue 2 française, il y avait certaines équipes moins bonnes, mais qui, par leur rigueur, leur sérieux, et cette envie de toujours se perfectionner, eh bien le collectif est meilleur finalement; ça rendait les équipes meilleures. C’est ce qui m’a marqué un peu sur les méthodes d’entraînement.

« On a tous un club qui nous marque, moi, ça sera Bochum ! »

A Dresde, vous appréhendez ce football allemand, et y restez deux saisons. Avant de passer un nouveau cap à Bochum.

Mon arrivée à Bochum, c’est pareil, ça ne s’est pas fait si facilement que ça. Ils sont arrivés également très tôt, mais il y a des clubs qui étaient arrivés encore plus tôt, et qui m’avaient appelé moi et mon agent avant qu’on ne descende avec Dresde. Comme Kaiserslautern, qui me disait de venir voir les infrastructures, venait de finir 4e, était descendu de Bundesliga 2 ans avant. Je suis parti avec mon agent quelques jours après la fin du championnat, je me dis « Woaw ».

Bochum voulait m’avoir, le club de Greuther Fürth aussi. Pour moi, mon choix était fait, je voulais aller à Kaiserslautern. Et puis pendant l’entretien, ils me parlent moins du côté sportif, plus du côté leader d’hommes, diriger, m’ont demandé pourquoi je n’étais pas capitaine à Dresde. J’attends donc leur proposition, et elle n’est pas venue. Le joueur les intéressait, mais ils voulaient un meneur, et je n’étais en Allemagne que depuis 2 ans, je ne maîtrisais pas bien la langue, je n’étais pas préparé pour ce rôle-là. Greuther Fürth devait vendre un joueur pour me faire venir. Je ne voulais pas attendre, on était déjà fin juin.

Bochum m’appelait tous les deux jours, comme Dresde… Donc j’ai pris cette décision, je suis parti là-bas. A l’époque je me disais : « Est-ce que ça vaut le coup ? », car ils étaient descendus deux-trois ans avant de Bundesliga, mais jouaient plutôt le maintien en D2. J’ai signé pour l’intérêt qu’ils me portaient, ils restaient en contact avec moi, même si je leur disais que j’étais en contact avec d’autres clubs. Et 9 ans après, je suis encore là !

« On a tous un club qui nous marque, moi, ça sera Bochum ! »

Désormais, vous êtes une légende du club (il rit). Neuf ans au VFL, une montée en Bundesliga comme capitaine. Une aventure sportive et humaine qui vous marquera à vie on imagine.

Oui, c’est ma neuvième saison au club. On en voit peu des joueurs qui restent aussi longtemps dans un club, et puis qui… Qui jouent autant de matches pour le club. J’ai fait mon 300e match il y a trois semaines, ce sont des choses qui comptent ! Je suis arrivé dans une région, la Ruhr, un peu similaire à la région stéphanoise, à mes vertus à moi, c’est ce qui a fait que je me suis tout de suite senti bien ici, dans ce club, qui m’a fait confiance.

C’est pour ça que j’ai à chaque fois prolongé mon contrat. C’est quelque chose qui ne s’explique pas. Et puis c’est vrai que maintenant, il y a cet épisode où après 11 ans d’attente, on fait remonter le club, j’étais capitaine, donc oui, ça joue encore plus pour les supporters, les gens du club, ça donne une image encore plus belle de mon passage. Après voilà, ce que j’ai vécu et que je continue à vivre, ce sont des moments magiques en tant que joueur, parce que je profite de chaque instant sur le terrain, en Bundesliga, à jouer dans le club où j’ai passé le plus de temps dans ma carrière. C’est juste fantastique.

L’année dernière, on se maintient plutôt facilement en plus, avec des performances contre des grosses équipes… Chaque joueur dans sa carrière a un club qui le marque, et bien moi voilà, ça sera le VFL Bochum. Je vais y finir ma carrière, et il y a de grandes chances que j’y reste ensuite.

« Je ne m’attendais plus à jouer en première division ! »

Le maintien est en vue en plus, cette année encore.  Ca doit être un rêve éveillé de jouer en Bundesliga.

C’est extraordinaire pour moi de jouer en Bundesliga ! Comme je le disais, l’année dernière on s’est sauvés plutôt aisément, avec de très belles performances. Cette deuxième année est plus difficile, avec pas mal de changements. On a eu du mal à se trouver en tant qu’équipe, on a commencé par six défaites en six matches, et puis il y a eu un changement d’entraîneur, qui a repris les choses en mains, on va dire. Le coach a réussi à redonner une osmose au groupe, entre les anciens et les nouveaux. On a fait une super série pour se remettre bien à la trêve.

Depuis, on a réussi à se sortir de cette zone de relégation, c’est serré, mais on a fait le plus dur avec ces deux victoires contre Leipzig et Cologne. On a une occasion de mettre un concurrent à 9 points à sept journées de la fin en battant Stuttgart, à nous de la saisir (entretien réalisé avant le match Bochum – Stuttgart et la défaite 3 à 2 du Vlf). Même si ça ne sera pas facile contre Stuttgart, une équipe plus costaude que le VFL Bochum, déjà d’un point de vue financier. Il y a encore une différence ici entre les équipes au niveau des budgets. Mais on fait avec nos moyens, nos vertus. On a prouvé qu’on pouvait se maintenir comme ça, et on va se maintenir encore comme ça.

Votre parcours est finalement bluffant, du National en France à la Bundesliga en Allemagne, à jouer contre le Bayern, Dortmund ou Leverkusen : qu’est-ce que ça vous inspire ?

Il ne faut jamais rien lâcher, et je n’ai jamais rien lâché dans ma carrière. J’ai toujours travaillé. On va dire que je n’avais pas le talent de beaucoup de joueurs, mais j’avais des qualités, d’intelligence de jeu notamment, et j’ai travaillé. Je n’ai pas abandonné, et dès qu’il y avait une possibilité, j’y allais, je saisissais l’occasion. Mon parcours n’a peut-être pas été direct, mais quelque part, peut-être que j’en avais besoin. Et à 35 ans, jouer en Bundesliga pour la première fois, alors que, sincèrement, je ne m’attendais plus jamais à jouer dans n’importe quelle première division (rires), c’était… magnifique (il cherche ses mots).

C’est dur de décrire le sentiment que j’ai eu à ce moment-là, car c’était tellement inespéré. C’est peut-être ce qui fait que je joue encore à 37 ans, je profite. Le foot c’est ça aussi, il faut savoir mettre la pression un peu de côté, et puis profiter d’être sur le terrain. C’est quelque chose magnifique de jouer au foot, à ce niveau-là encore plus. Je profite de chaque instant, jusqu’à ce que je ne puisse plus jouer.

C’est vrai qu’on n’en a absolument pas parlé, mais vous avez 37 ans ! Quelle longévité…
C’est vrai qu’on m’en parle souvent plus tôt dans une interview (rires) ! J’ai prolongé en début d’année mon contrat d’un an, donc j’irai jusqu’à 38 ans, c’est sûr. Et il y a encore une option. Je montre chaque week-end que je peux encore courir beaucoup, l’un de ceux qui courent le plus en Bundesliga avec mon club, des qualités essentielles pour mon poste, je pense. Après, la vitesse ça n’a jamais été une des caractéristiques de mon jeu, je compense beaucoup par ma lecture. J’ai également la chance d’avoir été épargné par les blessures. Si mon corps suit, je veux en profiter au maximum. Pour l’instant, c’est un an de prévu. Je prends ce qu’il y a à prendre. Tant que je peux en profiter sur le terrain – car je sais que ça va être dur quand je vais arrêter – je prends tout ce que je peux.

Quels sont vos plans pour l’après, que ça soit dans un, deux, trois, ou cinq ans !
(Rires) C’est déjà prévu avec le club que je continue ici. J’ai joué avec la personne qui s’occupe de la formation, et il voudrait que je le rejoigne, que je m’occupe d’une des équipes. Donc soit dans le centre de formation en tant qu’entraîneur, où j’ai déjà commencé à mettre le nez là-bas une fois par semaine. Soit en tant qu’adjoint de l’équipe première, dans le staff. Je pense que je resterai quelqu’un d’actif sur un terrain plus que dans un bureau, et que je resterai dans le football, avec de grandes chances que ça soit dans ce club.

« Je ne pensais pas faire une telle carrière ! »

De vos débuts à maintenant, presque vingt ans plus tard, est-ce que vous pensiez réaliser une telle carrière, pour conclure ?

Je ne le pensais pas du tout. Mon parcours a été tel que je sentais que je n’étais pas le premier choix à des moments importants, à part chez les jeunes jusqu’en moins de 13. Après, j’ai eu une progression plus lente que les autres, des joueurs passaient devant moi jusqu’à mes années en CFA, du coup je me suis concentré sur les études, j’ai passé mon bac S, je me renseignais pour l’université. Mais je me suis laissé deux ans en réserve…. C’est venu comme ça, à chaque étape, j’ai savouré, car je ne me voyais pas du tout réussir de la sorte. Et c’est d’autant plus beau d’être arrivé-là où je suis.

Anthony Losilla, du tac au tac

« J’aimerais bien revoir Gilles Cioni »

Meilleur souvenir ?
J’en ai eu pas mal sur les dernières années, mais celui qui restera gravé, c’est le dernier match de la montée, du VFL Bochum, il y a 2 ans. On avait assuré la 3e place pour le match de barrage, et il fallait gagner à tout prix pour être champion de Bundesliga 2, à domicile. On gagne, et en plus je marque le 2-1, on monte, je soulève le trophée de champion.

Pire souvenir ?
J’en ai deux, contre le même adversaire. Le Bayern Munich, où on a pris deux fois 7-0 cette saison. J’avoue qu’en tant que joueur, prendre une valise comme ça, ce n’est jamais plaisant, même si c’est contre le Bayern. Notamment à domicile, où on nous attendait alors qu’on les avait battus l’année dernière.

Ton premier match en pro ?
Le premier, je m’en rappelle comme si c’était hier, c’était contre Boulogne-sur-Mer avec Cannes, où j’étais prêté à l’époque par Saint-Etienne. On avait perdu 2-1 à domicile, je crois.

Le joueur le plus fort contre qui tu as joué ?
Il y en a eu pas mal ces dernières années, mais pour l’avoir eu en adversaire direct, Thiago (Alcantara), au Bayern. C’était en Pokal (coupe d’Allemagne), avec Bochum quand on était en D2. J’avoue que c’est un phénomène, dans la technique, les déplacements, je suis sorti du match, j’ai dit « woaw, ça c’est un autre niveau ». C’est une plaque tournante, il touche beaucoup de ballons, et surtout, il joue juste. Il voit des passes que personne ne voit, c’est d’une intelligence… Il est toujours bien placé, son premier contact est monstrueux. Il est impressionnant.

Le coéquipier le plus fort avec qui tu as joué ?
Pascal Feindouno à Saint-Etienne, même si je n’ai pas joué de matches officiels avec lui, car j’étais en réserve. Il était impressionnant par sa technique. En tant que coéquipier, l’année de la montée avec Bochum, Robert Zjul, un Autrichien, c’était notre numéro 10, une intelligence et des passes toujours justes, un des grands artisans de notre montée.

Le coéquipier le plus fou que tu aies côtoyé ?
Notre gardien actuel à Bochum, avec qui je joue depuis des années, Manuel Riemann. Il est vraiment à part. Quelqu’un qui peut… C’est un gagnant, il le montre, et parfois il peut dépasser les limites. Il n’a plus le droit aux interviews pour vous dire, car il est très franc, très honnête, qui dit les choses en face ! C’est peut-être ce qui fait qu’il n’a pas fait la carrière qu’il aurait dû faire.

L’anecdote la plus folle vécue dans ta carrière ?
Qu’est-ce que je peux raconter qui peut être sorti, surtout… Il y a eu un couac en déplacement cette année. On est un club de Bundesliga, mais ça ne fait qu’un an et demi qu’on y est. Pour le match à Fribourg, on part en train, un train classique, qui est annulé. La personne de « l’orga » n’a pas de solution. On est restés une heure sur le quai de la gare pour trouver une solution, et du coup c’est Dominique Heintz, un de nos joueurs, qui a organisé un vol charter par une connaissance. On est arrivés à 10h du soir. Sans cela, on serait parti le lendemain, mais il y a plus de six heures de route, Fribourg ce n’est pas à côté, alors qu’on jouait à 15h30, donc pas idéal pour préparer un match. Dominique s’était mué en manager !

Le coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Gilles Cioni, au Paris FC. On a joué ensemble deux ans là-bas. J’avais même été à son mariage. Ensuite à Laval, j’avais joué contre lui quand il était à Bastia. A Paris j’avais un très bon contact avec lui, c’était même mon camarade de chambre en déplacement. On a perdu un peu contact quand je suis parti en Allemagne. On avait créé des liens, puis on s’est un peu perdu de vue.

L’entraîneur qui t’a marqué ?
Quelque part, beaucoup d’entraîneurs marquent, ils nous apportent tous. Mais mon coach actuel, Thomas Letsch. Je trouve sincèrement qu’il a beaucoup de choses pour être un très, très bon entraîneur. Tant sur le plan humain, que tactique, connaissance du foot. C’est l’un des plus complets que j’ai eu. Et je dirais Claude Robin, un de mes premiers entraîneurs, en réserve de Saint-Etienne. Il m’a donné sa confiance en moi, ce qui a fait qu’Elie Baup m’a convoqué après à l’entraînement en équipe première. Un 3e, ce serait Philippe Hinschberger à Laval, en Ligue 2, j’ai vraiment adoré les deux années avec lui.

Un président marquant ?
Philippe Jan, à Laval, très gentil, proche des joueurs, ça a été un président proche de nous, il faisait les voyages en bus, il m’a marqué. En Allemagne, c’est un autre management, le président s’occupe moins du sportif, il y a le directeur sportif pour ça, et donc on les voit un peu moins.

Le stade qui t’a le plus impressionné ?
En France, je crois qu’il n’y a pas photo, c’est Lens. Bollaert, même en Ligue 2, jouer là-bas c’était formidable, impressionnant, il y a un engouement. En Allemagne, il y a plein de stades où on se dit « woaw, quelle ambiance ». J’ai joué la semaine à Francfort, les fans ont une sacrée réputation. Sinon, y’a un stade, qui est un peu plus petit, où il y a toujours une ambiance formidable, c’est l’Union Berlin (Stadion An der Alten Försterei, « À la vieille Maison forestière »). Après j’ai joué à Dresde, et quand j’ai débarqué là-bas… Mon premier match, j’ai eu la chair de poule, les fans étaient fous. Les nôtres à Bochum sont tops aussi.

Texte : Clément Maillard / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @MaillardOZD

Photos : Vfl Bochum