Aliaume Gonthier (Marignane-Gignac CB) : « J’ai mis tout le monde d’accord »

Intronisé le 21 décembre dernier, l’entrepreneur se décrit comme un président-supporter. Ce passionné fourmille d’idées et déborde d’ambition pour Marignane-Gignac-Côte Bleue (National), où le vaste chantier ne lui fait pas peur, et où il se voit rester longtemps.

Aliaume Gonthier, aux côtés de Christophe Celdran, l’un des vice-présidents, et de Vincent Montagnac, directeur général. Photo Maritima.

C’est le plus jeune président du National. Mais pas le moins expérimenté en matière de business et de gestion d’entreprise. Et parce que le football se gère comme une société, et parce que le ballon a toujours été sa passion, Aliaume Gonthier a craqué. Juste avant Noël, il s’est offert un joli cadeau. Un club de football. Pas le plus glamour. Mais pas le moins inintéressant non plus : parce qu’au MGCB – Marignane Gignac Côte Bleue -, il y a (presque) tout à faire. Tout à construire. Et c’est bien connu, « il est beaucoup plus facile de détruire que de construire », comme il le répète.

A 34 ans, le natif de Beauvais, dans l’Oise, fils de commerçants, s’est découvert une passion pour ce club niché sur les bords de l’étang de Berre, en face de Martigues et d’Istres, à quelques centaines de mètres de l’aéroport éponyme : ça tombe bien, le supporter du FC Sochaux (où il est toujours actionnaire), et aussi du RC Lens et du Stade de Reims, entend faire décoller son club, d’abord en parvenant à le maintenir en National, puis en le faisant évoluer, tant sportivement que structurellement. Un pari osé, cher, dans un coin de France où le foot n’est une religion qu’à l’OM; où Martigues, distant d’à peine plus de 15 kilomètres, truste le haut de tableau du tableau en National depuis sa remontée au 3e niveau de la hiérarchie française en 2022; et où l’on ne se bouscule pas pour aller voir des matchs amateurs… Tout ça, Aliaume Gonthier le sait bien, mais il veut faire bouger les choses.

Actionnaire au FC Sochaux

Maxence Renoud, arrivé au mercato de janvier 2024, en prêt de Lausanne, aux côtés du coach Brahim Hemdani et d’Aliaume Gonthier.

Quand il a officiellement repris le club, le 21 décembre dernier, les finances étaient plus que dans le rouge. Avec un trou de 600 000 pour boucler la saison actuelle, le MGCB était au bord du dépôt de bilan. En coulisses, les dirigeants s’employaient pour trouver un repreneur, afin, dans un premier temps, de terminer l’exercice 2023-24.

Et ce repreneur, c’est lui, Aliaume Gonthier, actionnaire du FC Sochaux-Montbéliard (via les Sociosochaux), dont la volonté première, après avoir contribué au sauvetage du club l’été dernier (260 000 euros d’investissement), était d’entrer au Conseil d’administration du club du Doubs. Mais comme les dirigeants Sochaliens n’ont pas voulu de lui, il a donc jeté son dévolu sur Marignane !

Mais qui est Aliaume Gonthier, ce jeune président que l’on a vu crier et chanter en tribune au stade Saint-Exupéry avec les supporters du MGCB contre Avranches (4-1), le mois dernier, au point de le confondre avec un supporter lambda ? Un président qui a beaucoup pris la lumière – à son insu – depuis sa prise de fonction, au point parfois d’en oublier qu’il y avait une équipe de National derrière, coaché par un garçon au CV de joueur long comme le bras, Brahim Hemdani, en difficulté dans son championnat. En difficulté, mais loin d’être larguée.

À 13 journées du baisser de rideau, les Provençaux sont, avec 20 points en 21 matchs, toujours dans la zone rouge, à 5 points du premier non-relégable. Les deux récentes victoires contre Martigues, avant Noël (1-0) et surtout la démonstration face à Avranches, le mois dernier (4-1), ont démontré que cette équipe avait les moyens de se sauver, malgré deux derniers revers en déplacement, à Châteauroux et à Nancy, entrecoupés d’un nul à domicile.

Le nouveau président est catégorique : « On va se maintenir ». Mais avec une nuance tout de même : « Si on descend, on remontera la saison d’après ». Bien sûr, cela peut passer pour de la prétention. Il faut surtout y voir de l’ambition. Et Aliaume Gonthier en a beaucoup pour son club. Et il a aussi beaucoup d’idées de développement.

Un président multi-fonctions

Installé à Bordeaux, où il passe une demi-journée par semaine au Lil’Home, un restaurant gastronomique sur les bords de la Garonne et dont il a la gérance, celui qui se définit comme un entrepreneur assure travailler 80 heures par semaine – dont une cinquantaine est consacrée au MGCB – et ne pas beaucoup dormir.

Le jour de cet entretien (réalisé jeudi 1er février), il est d’ailleurs accaparé par l’organisation du déplacement de son équipe à Châteauroux, le lendemain. Un déplacement contrarié par le mouvement des agriculteurs, et qui l’oblige à revoir la feuille de route. Les mini-bus, l’hôtel, la logistique, c’est lui qui s’en charge, en cas d’urgence ! « Je le fais moi-même, oui, un peu dans l’urgence. On est une association sportive. Je ne peux pas exiger trop de choses de la part des bénévoles. Et puis ça ne me pose pas de problème de faire ça. »
Et Gonthier de préciser : « J’ai décalé ma semaine de vacances au Mexique pour aller au match à Châteauroux ! ». Le stade Gaston-Petit plutôt que les Cenotes et Cancun, il fallait oser !

Aliaume Gonthier : « J’ai un plan A et un plan B »

Aliaume, en quelques phrases, présentez-vous ?
Je suis né à Beauvais dans l’Oise mais je me sens Rémois car j’ai fait toute ma jeunesse à Reims. Mes parents sont commerçants, ils ont d’abord tenus une supérette de quartier, à Glageon, dans le Nord, avant de prendre des entreprises de plus en plus grosses. Après le lycée à Reims, j’ai hésité à entrer en classe préparatoire, où j’ai été admis, mais comme j’avais une copine à l’époque, et que je marche avec le coeur, je suis resté à Reims où j’ai fait Neoma, une école de commerce, pendant 4 ans, dont 2 à l’étranger, en Irlande. En fait, je ne voulais surtout pas faire commerçant car je voyais l’investissement de mes parents, et puis les grosses multinationales, ce n’est pas mon truc. J’ai besoin d’humain et de méritocratie absolue, même si le réseau est important; cependant, je ne cautionne pas le « pistonnage ». Je juge les gens sur les résultats et je veux qu’on me juge sur les miens. La politique au travail ? Très peu pour moi.

Elle ressemblait à quoi, votre vie d’étudiant ?
Quand mes parents ont repris une petite affaire, je me suis pris au jeu, en marge de l’école, et j’ai géré un magasin, sans véritable contrat officiel, aux Mesneux, juste à côté Reims. Je n’ai jamais été un fêtard, j’ai toujours voulu mettre de l’argent de côté pour réaliser mes rêves. J’ai même habité chez mes parents jusqu’à mes 26 ans ! Avec mon frère, mon cadet de 2 ans, on a joué au foot, lui en centre de formation, mais on s’est fait les croisés. À cette époque, j’étais 4 jours en Irlande et 12 jours en France pour gérer l’entreprise familiale dont j’avais en quelque sorte un peu hérité. Et je ne m’étais pas fait opérer, je n’avais pas les moyens, ça coutait 20 000 euros en Irlande !

C’était quoi, vos rêves ?
Être entrepreneur, ne pas être verrouillé dans mes décisions et investir dans le sport, particulièrement dans le football. Quand j’étais jeune, je jouais à FIFA et à Football Manager ! Je joue encore un peu et j’ai promis aux joueurs de Marignane de jouer avec eux; à Football Manager, je prenais Sochaux, jusqu’à ce que le club ne disparaisse de la circulation, mais aujourd’hui, c’est plutôt le RC Lens ! J’ai longtemps été abonné à Bollaert, ce stade… ça donne des poils…

Sochaux et Lens, vos deux clubs de coeur ?
Oui. Pourtant, quand j’étais petit, mon grand-père m’emmenait à Bonal voir Sochaux. Ado, j’allais aussi à Delaune, à Reims, avec mon frère.

« Je n’ai jamais cherché à m’imposer quelque part »

Pouvez-vous revenir sur la genèse de votre arrivée au MGCB ?
Quand je suis parti de Sochaux, j’ai regardé ce qui se passait, j’ai pris des renseignements sur chaque club. Je prends l’exemple d’Avranches : même si je ne connaissais pas son président, Gilbert Guérin, ce qu’il a fait pour son club, c’est ce que tout président devrait faire. Pour Marignane, je suis d’abord passé par les réseaux sociaux, parce que ça avait marché à Sochaux, avec les « Sociochaux », j’ai tenté de contacter Marc Vicendone, Baptiste Giabiconi (deux des quatre présidents du MGCB), bref, ça n’a rien donné. Julien Cordonnier, le directeur sportif de Sochaux, m’a donné les coordonnées de Michel Flos, l’adjoint de Brahim Hemdani, et tout est parti de là. Julien, je l’apprécie beaucoup et je le remercie encore de m’avoir fait découvrir son boulot et renseigné sur les aspects sportifs, D’ailleurs, si je pouvais renforcer ma structure avec lui, je le ferais avec plaisir, en plus, je suis né à Beauvais et il a joué à Beauvais ! C’est peut-être un signe ! Pour en revenir à ma venue, je n’ai jamais cherché à m’imposer quelque part. Moi, ce que je veux, c’est m’inscrire dans un club, aider, vivre mon rêve et faire vivre le rêve d’un club. C’est gagnant-gagnant. J’ai les pieds sur terre, ça ne m’apporte rien, je n’ai pas d’ego.

Cela ne vous a pas fait peur de reprendre Marignane, où cela ne respirait pas la sérénité ces derniers mois, avec des dissensions entre dirigeants ?
J’ai mis tout le monde d’accord. On est en train de resserrer les liens de la famille, car je vois le club comme une famille. Ceux qui ont l’amour du club sont toujours là. Christophe Celdran (l’un des quatre coprésidents l’an passé), qui avait été écarté par François Dussol (éphémère président fin 2023), est revenu. Comme dans une famille, il peut y avoir des dissensions. Là, ce sont des liens non pas du sang mais du club. Tu peux t’engueuler mais tu te rabibocheras toujours. Si l’intérêt reste l’institution, alors il n’y a pas de problème. Je crois en ça. L’avantage aujourd’hui au club, c’est qu’il n’y a plus qu’une seule tête, ce qui simplifie les choses. Je conserverai toujours 51 % du capital du club. Toujours. On m’avait alerté sur le microcosme marseillais : je ne serais peut-être pas venu à Marignane si cela avait été des personnes différentes. Ici, j’ai trouvé des personnes qui s’investissaient au quotidien et qui avaient envie de rester dans la structure.

« J’aime les gens »

Vous vouliez entrer au comité d’administration du FC Sochaux et vous voilà à Marignane… Le changement est brutal, non ?
Aujourd’hui, Marignane est un club organisé comme un club de Regional 1. Je connais quelques clubs de N2 et N3, j’ai rencontré récemment le président de Bischeim, et celui du Bassin d’Arcachon, je discute, j’échange. Avec tout le monde. C’est d’ailleurs ce qui n’a plus plus aux gros actionnaires à Sochaux, parce qu’ils ont vu cela d’un mauvais oeil, ils ne souhaitaient pas que je me mélange mais moi, je suis comme ça justement, j’aime les gens. De toute façon, c’est plus facile de détruire que de construire. Et je trouve que c’est plus sympa de construire : à Marignane, on démarre de zéro alors qu’à Sochaux, il faut tout déconstruire, et c’est plus compliqué, surtout humainement et matériellement, avec des charges fixes. À Sochaux, il y a 170 personnes en tout, et il manque 3 millions d’euros ! T’en enlèves 10 pour préparer le budget de la saison prochaine, mais est-ce que c’est suffisant ? Là-bas, il y a encore 3 comptables… À Marignane, la « compta », c’est moi et une personne bénévole ! Sincèrement, j’espère de tout coeur que Sochaux va monter, mais si ce n’est pas le cas, c’est retour à la case départ, et là, c’est dur de mettre 100 personnes sur le carreau.

Vous avez tourné la page « Sochaux » ?
Oui, et je suis très bien à Marignane. Je n’ai pas pu entrer au conseil d’administration du FCSM, ils ne veulent pas me rendre mes fonds, donc je regarde quand même ce qui se passe, mais je suis actionnaire donc je ne veux pas qu’il se passe n’importe quoi. Sochaux est organisé comme un club de L1. Le directeur général et le président sont actionnaires et ont un salaire, vous vous rendez-compte ? Je suis en désaccord avec ça, je l’ai dit à Pierre Wantiez (directeur général), je ne fais pas de politique. Pour moi, le foot, c’est une société : si tu es président mais non actionnaire, OK. Si tu es actionnaire et président, et si le club vit bien, alors OK, tu prends s’il y a quelque chose à prendre, mais à Sochaux, il n y a pas d’argent à prendre.

« On a déjà fait pas mal de belles choses »

Le classement de Marignane en National, relégable depuis le début de saison, ça ne vous a pas fait peur non plus ?
J’avais regardé les matchs, c’était très correct, et le premier jour où j’ai jeté un oeil sur les bilans du club, on a gagné face à Martigues 1 à 0 (le 15 décembre), donc j’ai pris ça comme un symbole fort ! Les joueurs ont envie, le coach est très sérieux, donc go ! Même si je suis conscient qu’il faut un grain de folie, je n’ai pas peur. J’ai dû tout analyser, la situation du club, en trois jours ! Trois jours sans dormir, à regarder les bilans, à éplucher les comptes. Il manque chaque année 400 000 euros, qu’un mécène fournit, donc je vais apporter ces fonds grâce à une économie.

Pas mal de choses ont déjà changé depuis votre arrivée…
On fait des événements autour du match, on a déjà doublé les recettes, et ce qui n’avait pas été fait pour les partenaires, comme des bâches par exemple, ou une visibilité sur le site, on l’a fait. En un mois et demi, on a déjà fait beaucoup, ça rassure les partenaires, les mécènes et les futurs actionnaires. Je remercie les personnes qui ont rejoint le projet. On a professionnalisé la communication, on a un un deuxième compte Instagram pour l’académie, afin de mettre en avant les jeunes, on a créée un compte Twitter (compte X), une page LinkedIn, une deuxième page Facebook, on a un nouveau site web, une billetterie en ligne et bientôt on aura une boutique en ligne ! On a mis en place un événement d’avant match, un événement de « challenge » à la mi-temps, ce qui n’existait pas, et on a aussi crée le club 1924 (club des partenaires). C’est fou, parce que jusqu’à présent, chaque partenaire qui mettait un euro dans le club le faisait juste avec le coeur, sans espérer de retombées. Là, il y aura un retour sur investissement : je promets au minimum 1,01 euros de retombées pour 1 euro d’investissement. Alors, on n’est pas arrivé au bout du truc, mais déjà, de belles choses ont été faites, et ça donne la ligne de conduite. Autre chose : les joueurs de National vont avoir obligation d’aller voir les matchs de jeunes, car pour recevoir, il faut donner; un planning sera établi.

« Je ne crois pas au hasard »

A Bordeaux, vous êtes chef d’entreprise associé avec votre cousin, au restaurant le Lill’Home ?
Aujourd’hui, je ne suis plus associé avec lui. Je suis futur seul associé ! Mon cousin (Lilian Douchet, vu dans Top Chef) n’est plus à la gérance. Ce sont ses employés qui l’ont mis dehors. Lil’Home est un restaurant gastronomique, où on a monté une équipe solide, où mon chef de cuisine, Louis Bécan, et mon chef de salle, Valentin Marchal, ont des objectifs précis; ça me prend une demi-journée par semaine, le mercredi, pour parler stratégie. Il y a aussi les petits problèmes du quotidien à gérer.

Par le passé, votre famille et vous avez eu maille à partir avec la justice : vous avez notamment été attaqué pour des faits de harcèlement moral en 2016 dans un de vos supermarchés, à Château-Thierry (Aisne). Où en est-on de votre procès ?
Le jugement est tombé : j’ai été relaxé des fins de la poursuite. Je peux fournir à qui le souhaite mon jugement de relaxe, il est très clair… et parfois il n’y a pas besoin qu’on me le demande, au moindre bruit de couloir, je le dégaine ! Mais cette histoire a « bouffé » 4 ans de ma vie et c’est aussi une explication à ma venue en toute transparence dans le foot, et à Marignane-Gignac-Côte Bleue : j’avais envie de côtoyer beaucoup de monde et de reprendre confiance en l’humain, parce que je me suis dit que la vie fournissait son lot de soucis. Donc il fallait se faire plaisir.

Gérer un club de foot, c’est différent d’une entreprise ?
Il y a beaucoup de points communs, comme la gestion des équipes. Les joueurs de foot, c’est comme un staff dans restaurant : ils font un bon service ou ils ratent un service, et dans ce cas-là, on discute, on essaie de comprendre ce qui s’est passé, pour s’améliorer; c’est vraiment similaire, avec ce petit coté frissonnant en plus au foot, même s’il y a des frissons aussi au resto, comme quand le client repart content. Récemment, une « mamie » est venue déjeuner au restaurant (le Lil’Home à Bordeaux) avec son petit fils : elle venait de perdre son mari la veille, et elle m’a remercié du fond du coeur car, le temps d’un repas, le temps d’un moment, elle a oublié ça. Et puis il y a le résultat du match aussi, qui conditionne le reste de la semaine; au resto aussi, si tu plantes ton service du samedi soir, le lundi c’est « réunion », « comment on fait pour rattraper le coup », etc. J’ai une boîte de spiritueux aussi : demain, le client qui doit passer une commande annule : comment on fait pour rattraper ? La seule chose qui diffère, c’est qu’au foot, on est plus dans le passionnel, on peut s’enflammer vite, dans le bon ou le mauvais sens.

Ce qui diffère aussi, c’est cette irrationalité au foot, avec un but encaissé par exemple à la 91e minute alors que vous avez archi-dominé pendant 90…
Tu sais bien que tu peux prendre un but à tout moment. Moi, le hasard, je n’y crois pas, et même au foot, il y a toujours une explication : si le ballon est rentré au fond des cages, c’est qu’il y a une raison.

« Je suis là pour 10 ans minimum »

Vous découvrez un peu le National, vous le trouvez comment ce championnat ?
Je ne regarde plus que le National ! Je trouve que le niveau est bon. J’avais effectué le déplacement à Martigues et Versailles avec Sochaux. Il y a des matchs qui peuvent être plats, par exemple, quand certains clubs décident de faire 0 à 0 à l’extérieur, notamment. Tout le monde peut battre tout le monde aussi, c’est ce qui la beauté de ce championnat. C’est pour ça qu’en Ligue 1, je trouve ça moins intéressant.

Avec les U16 du MGCB pour célébrer la victoire !

Votre engagement sera-t-il remis en cause si l’équipe redescend en N2 ?
Une descente ne remettrait pas en question mon engagement. Je suis un entrepreneur : j’ai un plan A et j’ai un plan B. Si on descendait, mais je n y crois pas, ça ne remettrait pas en cause le projet, il n’y a pas de sujet là-dessus. Je suis là pour 10 ans minimum. Et si on descend, on remontera l’année prochaine. On aura juste perdu un an. Et Marignane sera un jour en Ligue 2.

Peut-être, mais sans doute pas au stade St-Exupéry. Il y a aussi le souci des installations, non ?
Le stade, c’est un vrai sujet. J’ai envoyé quelqu’un à la Fédération Française de football à ce sujet, et à ce jour, je ne peux pas répondre à cette question, car je n’ai pas les compétences techniques… même si je ne pense pas que cela sera au stade Saint-Exupéry. Maintenant, le maire de Marignane (Eric Le Dissès) avait un projet au complexe du Bolmon; bon, ben voilà, c’est toujours d’actualité. On trouvera collectivement les solutions.

La Ligue 2… Vous êtes sérieux ?

Le coach Brahim Hemdani (à gauche) et son adjoint Michel Flos. Photo Bernard Morvan.

La Ligue 2, c’est la finalité. Cela permettrait de créer une synergie avec l’OM. Déjà là, en National, c’est intéressant de nouer un partenariat, mais en Ligue 2, la synergie serait formidable ! Vous imaginez, un club de L1 et un club de L2 voisins ! Les joueurs prêtés par exemple n’auraient pas besoin de déménager. L’OM peut nous apporter mais nous aussi, on peut leur apporter. On a une base de licenciés qui est la plus grosse de PACA et ça, c’est super important. Je vais voir nos matchs de jeunes aussi, ça me fait autant vibrer que de regarder des pros. Avec l’OM, j’ai eu un premier rendez-vous de rencontre. On aura un deuxième rendez-vous fin mars pour parler de la saison prochaine.

« Je suis un meneur d’hommes »

La proximité de Martigues peut-elle être un frein à vos ambitions ?
Non, ça ne peut pas être un frein à notre développement. On n’a pas la même histoire. On construira encore plus la notre. Chacun ses forces, chacun ses faiblesses. Mais je suis content d’avoir un voisin aussi solide : j’ai rencontré le directeur du FC Martigues, Arnaud, avec qui on maintient les liens.

Quel type de président voulez-vous être ?
Je veux vraiment laisser la chance à chacun de jouer son rôle, notamment dans la partie business/société. Je veux bien déléguer mais je veux être informé. C’est comme ça que je manage. Je veux construire une identité forte, que Marignane soit une marque. Je veux être proche des jeunes. Je suis proche de l’équipe Une, déjà, et j’ai mon petit discours d’avant match pour eux dans les vestiaires, c’est quelque chose qui me tient à coeur. Je suis un meneur d’hommes. Il ne faut pas confondre ma gentillesse avec ma faiblesse. Et je suis quelqu’un qui a un miroir réfléchissant, je n’arrive pas à être autrement, je suis un président-supporter. En fait, j’ai eu un coup de foudre avec ce club, donc avec tous les membres de sa famille !

Avez-vous des modèles de présidents, de clubs ?
Oui mais pour qu’ils m’inspirent, il faut que je connaisse la personne, et pas que je lise des choses sur eux dans la presse. Des clubs comme Concarneau, Pau, sont des modèles de clubs, et j’aurai plaisir a échanger avec leur président. D’ailleurs, avant un match, je passe un coup de fil à mes homologues, pour échanger, pour voir si on peut se rencontrer : récemment, j’ai été bien reçu par le président du FC Rouen, Charles Maarek, j’ai aussi échangé avec Benjamin Guffet, le nouveau président de Châteauroux. Quand on a joué contre Avranches, le nouveau président (Nicolas Leroux) n’a pas effectué le déplacement mais j’ai pu discuter avec Xavier Gravelaine, le directeur sportif.

Vous diriez que, du fait de la présence de votre maman et de votre frère dans l’actionnariat, c’est un projet familial ?
Oui. Mon frère Kevin a mis de l’argent, ma maman Fabienne également, et je les remercie ! Et je remercie ma compagne Manon qui, depuis 10 ans, supporte mes passions entrepreneuriales. Je suis beaucoup en télétravail, j’ai des relais. Le club de Marignane, ça me prend 50 heures par semaine environ, et mes autres sociétés une trentaine d’heures. Je suis habitué, c’est comme ça depuis gamin !

« Je veux ouvrir le capital aux supporters »

Le club de Marignane va-t-il passer en société ?
Oui. Ce sera une SAS (Société par actions simplifiée) avec certainement une SCIC (société coopérative) à l’intérieur, et il y aura plusieurs tours. La SAS sera ouverte d’ici la fin du mois de février. Je vais mettre une somme importante au capital et tout de suite, je vais revendre 15 % des parts au 1er tour, à des futurs actionnaires à qui je fais faire des présentations dans les semaines qui viennent, d’ailleurs je vous annonce déjà l’arrivée de Cyril Haulet, qui est actionnaire au FC Sochaux; et aussi aux socios, car je veux ouvrir le capital aux supporters : pour moi, c’est ça le foot, je ne le conçois pas autrement. La SCIC, elle, sera plus longue à mettre en oeuvre; il y aura donc un premier tour d’ouverture à 15 % pour les actionnaires et 10 % pour le reste, donc 25 % que je céderai, et je conserverai 75 % du capital. On fera comme sur les modèles de Bastia, Sochaux, Rouen. À Sochaux, par exemple, je suis « sociochaux » encore; il doit y avoir une partie du capital aux supporters, pour éviter les conflits, et par souci de transparence. Cela permet aux supporters d’avoir des infos et ça fonctionne comme une AG : ils posent leurs questions, ils ont leur réponse, et voilà. Idem dans les entreprises : si les gens n’ont pas toutes les infos, comment prendre les bonnes décisions ? On espère passer notre budget de 2,2 à 2,6 millions. Sachant qu’à Sochaux, par exemple, le budget est de 12 millions, c’est pour ça, je vous dis, qu’est-ce que ça coûte de laisser une partie aux actionnaires ? C’est mieux pour eux, comme ça ils ont le sentiment d’appartenance. Dans ma logique, tous les licenciés du club de Marignane-Gignac-Côte Bleue pourraient être propriétaires du club, et ce serait merveilleux, non ? Que rêver de mieux ? Les gens se diraient « Je joue dans MON club ». Ce serait beau.

Ce côté supporter, c’est votre truc : on vous a vu dans les tribunes du stade Saint-Exupéry avec eux, ce n’est pas un peu « bizarre » pour un président ?
J’aime cette proximité, cette convivialité. J’ai ce côté passionné, limite supporter, je l’assume. Contre Avranches, c’est vrai, je chantais avec le kop ! Je veux une base de supporters au stade et je veux montrer l’exemple, c’est naturel pour moi. J’aime le foot pour ça, pour les émotions. Je ne trouve ça nulle part ailleurs que dans le kop. Pour le prochain match (Villefranche, la semaine dernière), j’ai engagé une fanfare. Ce qui me plaît, c’est l’aspect inter-générationnel. Je parle de football avec mon grand-père de 90 ans ou mon neveu de 5 ans, c’est pareil. Le foot regroupe les générations et j’aime ce côté populaire, dans le bons sens du terme : au stade, on discute aussi bien avec des ouvriers, des chômeurs ou des cadres. Je prends autant de plaisir à aller en loges ou en kop. Par exemple, je ne suis jamais allé au Stade Vélodrome : j’ai dit OK, une fois en loges, une fois avec les Ultras.

  • Lire aussi – Christophe Celdran (Marignane-Gignac CB) : « On sait où on veut aller »

https://13heuresfoot.fr/actualites/christophe-celdran-marignane-gignac-cb-on-sait-ou-on-veut-aller/

 

Texte : Anthony BOYER – mail : aboyer@13heuresfoot.fr – Twitter @BOYERANTHONY06

Photos : MGCB, DR et Bernard Morvan

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