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Alexy Bosetti (FC Annecy) : « La mentalité de notre équipe est exceptionnelle ! »

Le Niçois marqué au fer rouge (et noir) de l’OGC Nice, s’était quelque peu égaré après des débuts prometteurs en Ligue 1, il y a 10 ans déjà. Le voilà de retour en Ligue 2, et, à 29 ans, c’est un peu le début d’une deuxième carrière !

Photo FCA

C’est une statistique qui est un peu passée inaperçue la saison dernière en National, mais elle vaut son pesant d’or. Elle vaut surtout au FC Annecy d’évoluer cette saison en Ligue 2. Car dans le sprint final, au printemps, lorsque Laval, Villefranche, Concarneau, Châteauroux ou encore Bourg-en-Bresse, ferraillaient dans le haut du tableau en compagnie du club haut-savoyard, Alexy Bosetti a enlevé une grosse épine du pied à son équipe. Plusieurs épines même ! Six en tout ! Six banderilles. Six buts d’affilée s’il vous plaît !

Oui, le Niçois a marqué les six derniers buts de son équipe (Annecy-Sedan 2-0 à la J34 et doublé, Annecy-Sète 3-0 à la J32 et triplé, Châteauroux-Annecy 0-1 à la J31 et unique buteur).

« Pour un attaquant, marquer 6 buts de suite pour son équipe… c’est unique ! »

Sous le maillot d’Annecy, la saison passée, à Laval. Photo Philippe Le Brech.

Au total, la saison passée, il a « planté » onze fois et délivré quelques passes décisives (4), le tout en quinze titularisations. Ne calculez pas, le ratio temps « passé sur le terrain / buts marqués », est impressionnant.

Autant dire qu’il fut l’un des grands artisans du retour des Reds en deuxième division, près de 30 ans après, puisque le dernier match du FC Annecy en Division 2 remontait au 15 mai 1993 (défaite à Cannes 1 à 0), c’est à dire un mois après sa naissance (il fêtera ses 30 ans le 23 avril prochain) !

« Ces six buts d’affilée, c’est vraiment un fait marquant de ma carrière, raconte l’attaquant formé à l’OGC Nice, passé également par la JSO Villefranche-sur-Mer pendant une saison et surtout le Cavigal Nice, où tant de joueurs ont éclos. Je pense que c’est quelque chose qui n’arrive jamais dans une carrière avec une équipe qui monte. Pour un attaquant, marquer 6 buts de suite pour son équipe… C’est compliqué de faire ça, même à n’importe quel moment de la saison. En plus, là, c’était dans les quatre dernières journées. Je pense que c’est unique ! »

Unique, Alexy Bosetti l’est un peu dans son genre. Déroutant. Surprenant. Sa carrière ? Elle avait démarré très fort : victoire en coupe Gambardella avec l’OGC Nice en 2012, l’année de son premier match en Ligue 1 à Lyon (75 matchs, 10 buts), victoire en coupe du Monde des moins de 20 ans en 2013 aux côtés des Areola, Zouma, Digne, Pogba, Thauvin, Veretout, Sanogo, Kondogbia, pour ne citer qu’eux ! Bref, les voyants étaient au vert.

Des hauts et « débats »

Photo FCA

Et puis, l’Azuréen s’est un peu égaré. « Je n’ai pas fait les bons choix » concède-t-il dans l’entretien « du tac au tac » qu’il nous accordés. Un entretien où l’attaquant, revenu à un niveau plus en rapport avec ses qualités, a beaucoup ri. Le questionnaire l’a amusé, de la même manière que le football l’amuse : sur le terrain, l’adroit Alexy reste un formidable compétiteur et garde son côté « joueur ». Parfois trop même.

Son CV est à l’image de son style : atypique ! Tours, la Norvège, Laval, les Etats-Unis et même Le Puy-en-Velay il y a 2 ans où il s’est relancé, en National 2, malgré la Covid-19, avec 8 buts en seulement 9 matchs. De quoi attirer l’oeil à nouveau. Notamment celui d’Annecy.

Parce qu’il n’est pas un joueur comme les autres, son cas a parfois fait débat, pendant que sa carrière, elle, a connu des hauts et des bas. « Super attaquant mais trop petit », « Gâchette mais trop vedette », on a tout lu et entendu au sujet de ce joueur attachant, dont l’image renvoyée est à des années lumières de celle, par exemple, qu’il peut dégager sur les réseaux sociaux, où ses détracteurs ne ratent jamais une occasion de le reprendre de volée, où dans ses interviews, où il ne calcule pas et dit toujours ce qu’il pense. Ce qui, forcément, dans ce milieu « langue de bois », ne lui sert pas.

« Annecy est l’équipe qui court le plus de notre championnat ! »

Avec Annecy, la saison passée, au Red Star. Photo Philippe Le Brech.

Qu’importe, l’homme aux multiples tatouages reste naturel, s’amuse et s’en amuse. Au fait, pour le prochain tatouage, il reste de la place ? Sur le visage ??!! « Non !!! Parce qu’on ne sait jamais, si veux faire de la politique après ma carrière, à la mairie de Nice (rires !). Je continue, bien sûr, mais je ne peux pas les compter, j’en ai partout ! »

A 29 ans, Alexy Bosetti n’est donc pas fini ! Loin de là. Il est d’ailleurs en train de démontrer tout le contraire en Haute-Savoie où, mine de rien, après avoir beaucoup bougé, il semble enfin posé. Et prêt à relever le défi du maintien en Ligue 2 avec le club qu’il fréquente depuis maintenant 18 mois : « On a l’équipe qui court le plus du championnat, qui fait le plus de sprint, lâche-t-il; après on est solidaire, on se donne, on a du coeur, on est préparé à ce que ce soit dur. La mentalité de notre équipe est exceptionnelle. »

Vidéo : le doublé d’Alexy Bosetti qui a propulsé Annecy en Ligue 2 la saison dernière :

Alexy Bosetti, du tac au tac
« Mon rêve absolu, c’était de jouer à l’OGC Nice ! »

La montée avec Annecy, son plus beau souvenir !

Meilleur souvenir sportif ?
L’accession avec Annecy la saison dernière.

Pire souvenir sportif ?
La période décembre 2015 / janvier 2016, j’étais à Tours, j’étais en dépression, pas facile.

Ton plus beau but ?
Nice-Bordeaux (août 2014).

Le but le plus important de ta carrière ?
Celui de Sedan en mai dernier, avec Annecy, qui nous permet d’assurer la montée.

Ton plus beau loupé ?
J’en ai un qui me vient en tête, avec Nice, à Saint-Etienne, je suis à un mètre, et je tape sur Stéphane Ruffier !

Premier match en L1 ?
Lyon-Nice, en mai 2012, c’était pour la dernière de Hugo Lloris à Lyon, et la dernière journée de championnat; on a gagné 4 à 3.

Premier but en L1 ?
Contre Valenciennes, lors de l’inauguration de l’Allianz Riviera à Nice, en septembre 2013. Mais le tout premier en pro, c’était en coupe de la Ligue à Montpellier, j’ai la date tatouée sur mon pied, 28 novembre 2012.

Pourquoi as-tu choisi d’être attaquant ?
Je n’ai pas eu le choix, on m’a mis devant !

Première fois dans un stade ?
Mon premier souvenir, c’est Nice-Istres en Ligue 2, le match de la montée, l’année du retour de Nice en Ligue 1, en 2002, j’avais 9 ans. Mais j’allais déjà au stade avant, sauf que là, c’est vraiment LE souvenir marquant de mon enfance, avec l’envahissement du terrain à la fin.

Ton geste technique préféré ?
Le piqué, le petit lob.

Lors de la saison 2020-2021, Alexy a inscrit un quadruplé en N2, inscrivant notamment deux lobs !

Au Puy, il n’a joué qu’une saison, et encore, tronquée par la Covid, mais il avait noué des liens forts. Photo S. Ricou

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Qualité, buteur, et défaut, il me manque du physique, de la puissance, de la taille.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?!
(Il hésite) Annecy la saison passée.

Le club où tu n’aurais pas dû signer ? L’erreur de casting de ta carrière ?
Tours.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Mon rêve absolu, c’était de jouer à Nice, alors… A part Nice, y’a pas de club qui me fait rêver, sauf en Italie. Allez, un club italien.

Le club où tu ne pourrais pas jouer…. ?
Y’en a plein (rires). Il doit y avoir au moins les 3/4 des clubs français (rires).

Un stade et un club mythique pour toi ?
Boca Juniors, la Bombonera, à Buenos Aires (Argentine). J’attends que Dario Cvitanich m’invite !

Un public qui t’a marqué ?
Constantine, en Algérie, où on avait joué en match amical de préparation avec l’OGC Nice. L’ambiance… J’avais halluciné.

Sous le maillot du Puy Foot 43. Photo Sébastien Ricou.

Un coéquipier marquant ?
Mario (Balotelli), c’était une star, et sinon Didier Digard, capitaine à Nice, il m’impressionnait par son charisme. Et comme pote, je dirais « Bauthé » (Eric Bauthéac).

Le coéquipier avec lequel tu avais le meilleur feeling dans le jeu ?
Je m’entendais super bien avec « Baho » (Stéphan Bahoken). On se trouvait les yeux fermés. Il a toutes les qualités que je n’ai pas. Le truc, c’est que je ne suis pas resté longtemps dans les clubs où je suis passé, je suis en train de battre mon record, là, à Annecy, un an et demi (rires) ! Allez, je me lance, Lolo Dufau (rires). Avec Lolo ça se passait pas mal franchement !

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Kurt Zouma. J’ai joué contre lui et avec lui.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
J’aimerais bien rejouer avec Kevin Perrot (Laval), je l’ai eu au téléphone hier, il a un souci à la cheville le pauvre. C’est celui avec lequel je suis le plus proche dans le foot.

Photo S. Ricou

Un président marquant ?
Jean-Pierre Rivère (OGC Nice).

Un président à oublier ?
Vu ma carrière, je dirais Jean-Marc Ettori (Tours).

Une causerie de coach marquante ?
A Toulouse, on ne jouait plus rien avec Nice et le président a sextuplé la prime, on était 17e et si on gagnait on pouvait passer 13e. On menait 3 à 0 à la 50e et on a gagné 3-2 !

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Aux Etats-Unis j’avais un coach qui ne voulait pas qu’on presse, à Oklahoma.

Sous le maillot du Stade Lavallois, en 2017. Photo Philippe Le Brech.

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
Je me suis pris un rouge à Toulouse, on était à 3-3, je rentre aux vestiaires, puis les joueurs rentrent après le match, je voyais tous les joueurs contents, je n’ai pas compris pourquoi, car j’étais dégoûté, en fait, je n’avais pas compris qu’on avait gagné 4-3, c’est Kevin Anin qui avait marqué le 4e.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Lucas Digne.

Combien de véritables amis dans le foot ?
Six ou sept.

Combien de cartons rouges ?
Un seul. Celui de Toulouse justement, et je n’avais même pas touché le mec !

Avec Le Puy Foot 43 (ici à Angers), en National 2. Photo Philippe Le Brech

Peux-tu dire une phrase ou deux, pas plus, sur les clubs dans lesquels tu as joués :

  • OGC Nice : Mon rêve qui est devenu réalité.
  • Tours : Mon premier départ de Nice. C’était très compliqué.
  • Sarpsborg (Norvège) : Pfff… Une expérience… par défaut. Voilà. Je voulais revenir à Nice mais cela n’a pas pu se faire. J’ai rencontré Malaury Martin là-bas, qui jouait également en Norvège, c’est un des seuls trucs positifs que je retiens (rires).
  • Laval : Je me relance avec Manu Pirès notamment. C’est dommage, ça ne s’est pas fini comme je l’aurais voulu mais bon… J’ai aimé Laval.
  • Oklahoma : Une opportunité d’aller aux Etats-Unis, mais l’adaptation a été compliquée, puis j’ai été échangé à El Paso.
  • El Paso : Le rêve américain mais grosse frustration avec l’arrivée de la Covid.
  • Le Puy : Humainement fantastique, avec les dirigeants, le président, le groupe, même si, là encore, ça s’est mal fini avec cette défaite 4 à 0 à Rumilly en 8e de finale de la coupe de France. Je me suis fait des bons potes là-bas.
  • Annecy : Honnêtement, comme je le disais l’an passé, c’est le miracle permanent. 66 points, c’est une saison exceptionnelle. La montée était inespérée. Et puis, le fait que je marque les six derniers buts pour mon équipe. C’est unique.

Un joueur de l’OGC Nice ?
Jean-Philippe Mattio et Fred Gioria.

Un coach de l’OGC Nice ?
Gernot Rohr, c’est les premiers souvenirs pour moi.

Photo FCA

Une devise ?
Je n’en ai pas. Mais je pense que plus tu travailles, plus tu es récompensé.

Un chiffre ?
le 23. c’est pour ma date de naissance, 23 avril 1993.

Un plat, une boisson ?
Je mange toujours la même chose ! Un plat ? Allez, comme je suis en Haute-Savoie, une raclette !! Une boisson ? Je ne bois pas d’alcool… Allez, une Despé !

Un endroit à Annecy ?
Mon village, où j’habite, ça s’appelle Chapeiry, c’est à 10-15 minutes d’Annecy.

Un endroit à Nice ?
Le Kiosque, chez Alex, sur la Prom’. Et oui !

Avec Laval. Photo Philippe Le Brech.

Que t-a-t-il manqué pour jouer durablement en Ligue 1 ?
De faire le bon choix. A un moment donné, j’ai fait les mauvais choix.

Termine la phrase en un mot ou deux : tu es un attaquant plutôt …
Adroit et intelligent.

Un match de légende pour toi ?
La victoire 4 à 3 de Nice à Monaco alors que Nice était mené 3 à 0 à Louis-II (saison 2003-2004).

Un modèle d’attaquant ?
Pipo Inzaghi.

Photo Philippe Le Brech.

Une idole de jeunesse ?
Poussin Meslin.

Tes passions en dehors du foot ?
J’aime bien les sports d’hiver mais avec le foot ce n’est pas possible, alors je dirais voyager.

Si tu n’avais pas été footballeur…. qu’aurais-tu aimé faire ?
J’aurais été dans la merde.

J’avais de mauvais résultats à l’école. En 6e, je disais à mes profs que j’allais être joueur de foot, c’était chaud.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Magnifique quand tout va bien et terrible quand tout va mal.

Quelques-uns des plus beaux buts d’Alexy en pro :

Ce soir (vendredi 18 nov.), le FC Annecy disputera le 8e tour de la coupe de France à Lyon-Duchère (N2) à 19 h. Une rencontre à suivre sur FFF TV, la chaîne TV de la Fédération (lien ci-dessous):

https://ffftv.fff.fr/video/6313724395112/8e-tour-i-lyon-la-duchere-fc-annecy-en-direct-18h50


Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Philippe Le Brech, FC Annecy et Sébastien Ricou