Alan Kérouédan (Avranches) : « À 4 ans, je voulais déjà marquer ! »

Le Breton, passé par les équipes de France jeunes (35 sélections en U16, U17 et U18), marque son territoire en National, au pied du Mont-Saint-Michel, où il a démarré la saison sur les chapeaux de roue (6 buts, 3 passes). Passé par le Stade Rennais (U19 Nationaux, N3) et pro à Rodez en Ligue 2, l’attaquant de 23 ans s’est confié pour 13heuresfoot !

Cet été, en amical, avec Avranches. Photo Philippe Le Brech.

« Tu devrais venir voir les U15, ça joue vraiment bien, et il y a vraiment quelques très bons jeunes dont l’avant-centre, Alan Kérouédan, qui est vraiment très-très fort. » L’invitation de Guillaume Mulak, l’ancien responsable de la formation à l’US Concarneau (aujourd’hui recruteur / superviseur au FC Nantes), date de la saison 2014-15 et d’un cru exceptionnel à bord des Thoniers. La fameuse génération 2000 qui regroupait quatre pépites au talent si prometteur que des clubs professionnels du grand ouest les avaient intégrées la saison suivante : le Varzécois (de Saint-Evarzec, à côté de Quimper) Julien Ponceau au FC Lorient, le Concarnois Tom Guillou à l’EA Guingamp, le Fouesnantais Baptiste Chailloux au FC Nantes et le Mahalonais Alan Kérouédan au Stade Rennais. Un carré d’as de jeunes sud-finistériens dont la suite des trajectoires à géométrie très variable résume bien les difficultés à faire sa place au soleil d’un ballon rond s’alignant difficilement avec les planètes du foot pro.

Cet été, en amical, avec Avranches. Photo Philippe Le Brech.

Car pour un Julien Ponceau qui joue aujourd’hui en Ligue 1 au FC Lorient, Tom Guillou a lui rejoint ses copains en district à La Forêt-Fouesnant (D1), Baptiste Chailloux joue en R2 à l’Amicale d’Ergué-Gabéric à côté de Quimper, et Alan Kérouédan est passé de la Ligue 2 au Rodez Aveyron Football au championnat de National à l’US Avranches Mont-Saint-Michel où il a peut-être reculé d’une division pour mieux sauter sur un plan de carrière fait de temps de jeu, de passes décisives et de buts. A suivre.

Meilleur buteur et meilleur passeur

Déjà 6 buts et 3 passes décisives en 10 matchs de National (il était absent contre GOAL FC) ! A l’US Avranches, Alan Kérouédan affole les compteurs depuis le début de la saison.

Lors de la saison 2022-23, avec Avranches. Photo Philippe Le Brech.

Avec un but ou une passe décisive en moyenne par match, le Sud-Finistérien de 23 ans caracole en tête des classements individuels alors que son équipe pointe à la 12e place, juste au-dessus de la ligne de flottaison, après son match nul lundi soir en match décalé (0-0) sur la pelouse du FC Rouen.
Auteur de 5 buts et de 9 passes décisives l’an dernier sous les mêmes couleurs, Alan a, depuis quelques matchs, retrouvé le poste de ses débuts, à la pointe de l’attaque. « Quand on a repris la saison, on jouait en début de « prépa » à trois ou quatre au milieu et avec Dany Jean et moi devant, donc sans un vrai 9 dans l’axe. Au début, ça a marché, mais moins bien après. On en avait un peu parlé avec le coach (Damien Ott) et il m’a repositionné en 9. Moi je suis super content car je retrouve mes sensations. En plus, j’ai beaucoup de liberté pour redescendre au milieu, participer au jeu, l’orienter, et prendre la profondeur. Et comme j’ai été décisif dès que je me suis retrouvé en attaquant axial, on continue à jouer comme ça. C’est bien pour l’équipe et c’est bien pour moi. C’est gagnant-gagnant. »

Itinéraire d’un enfant de la balle

Lors de la saison 2022-23, avec Avranches. Photo Philippe Le Brech.

De ses débuts à Mahalon (Sud-Finistère), en passant par sa carrière internationale chez les jeunes, ses années au Stade Rennais et ses deux saisons chez les pros à Rodez, jusqu’à ses six buts depuis le début de cet exercice en National avec Avranches, Alan Kérouédan a accepté de raconter ce qu’il revoyait dans le rétro que 13 heures foot lui a tendu…

  • L’ES Mahalon-Confort (2004-2011). « Je voulais déjà marquer »

« J’ai 4 ans en 2004. Normalement, j’aurais dû attendre un an de plus pour commencer. Il fallait avoir 5 ans minimum mais j’avais trop envie de jouer au foot dans un club et j’ai devancé l’appel. C’est de là que tout est parti. C’est le début de l’aventure. Je ne me souviens plus très bien mais je pense que la veille des matchs je devais dormir avec mon maillot et un ballon. Je ne crois pas que j’avais des posters de joueurs dans ma chambre mais ce que je sais, et ça j’en suis sûr, c’est que je voulais déjà marquer. »

  • Stella-Maris Douarnenez (2011-2014). « On est monté en DH »
Lors de la saison 2022-23, avec Avranches. Photo Philippe Le Brech.

« J’ai 11 ans en 2011. J’avais envie de connaître un niveau au-dessus et de meilleures installations pour les entraînements et les matchs. Dans le coin, près de chez moi, la Stella-Maris de Douarnenez était le club le plus huppé et mon père a donc pris contact avec les dirigeants. Je jouais déjà devant, comme à Mahalon, et je voulais toujours marquer. On s’est bien éclaté avec une bande de potes, et sur le dernier match de la dernière saison, une très bonne saison pour moi, on monte en DH en gagnant contre Morlaix, et je marque. En même temps, j’étais au pôle espoirs à Ploufragan (Côtes d’Armor) où j’ai connu Baptiste Chailloux qui m’a poussé à le rejoindre à l’US Concarneau. »

  • US Concarneau (2014-15). « On a gagné le tournoi international de Plougonvelin »

« J’ai 14 ans en 2014. J’ai déjà des objectifs de carrière et j’en parle avec mes parents. Quand Guillaume Mulak, le responsable de la formation à l’US Concarneau, les appelle, ils sont donc au courant que je vais jouer en DH élite et que c’est une nouvelle étape dans ma progression. C’est comme ça que je me suis retrouvé à faire équipe avec Baptiste (Chailloux), Julien Ponceau, avec qui je rejouerai plus tard en Ligue 2 à Rodez, et Tom Guillou. On s’entendait bien sur le terrain et en dehors mais, en fait, je n’étais à Concarneau que le week-end, pour le match, car le reste de la semaine, j’étais toujours au pôle espoirs à Ploufragan. Cette année-là, avec Concarneau, j’ai marqué 42 buts et j’ai eu une pré-sélection en équipe de France U16. Et on a aussi gagné le tournoi international de Plougonvelin (Baptiste Chailloux avait été sacré meilleur joueur du tournoi) en battant le Stade Rennais en finale (aux tirs au but), mon futur club. »

  • Stade Rennais (2015-2020). « On a été champion de France U19 »
Avec le Stade Rennais, en 2019. Photo Philippe Le Brech.

« J’ai 15 ans en 2015. Trois mois après avoir gagné le tournoi de Plougonvelin avec Concarneau, je me retrouve avec pour partenaires mes anciens adversaires de la finale. J’ai signé un contrat de 3 ans comme aspirant. C’est la première fois que je joue pour un club pro et c’est là que j’ai été sélectionné en équipe de France U16, U17 et U18. En équipe de France, je joue toujours devant mais à Rennes j’ai été repositionné en milieu excentré, sur le côté droit ou gauche. A 18 ans, je signe un contrat de 2 ans comme stagiaire pro. On a gagné plusieurs tournois et on a été champion de France U19 en battant Montpellier en finale (4-0). »

  • Rodez AF (2020-2022). « Je suis resté sur ma faim »

« J’ai 20 ans en 2020. Je signe mon premier contrat pro (2 ans). Et je découvre la Ligue 2. Dès le premier match, je rentre en cours de jeu. C’était contre Grenoble. Là aussi je suis ailier gauche ou droit dans un système en 3-4-3. Et j’étais content quand, la première année, j’ai vu Julien Ponceau arriver. Il était prêté par Lorient et on a fait quelques matchs ensemble. Mais j’ai eu des pépins physiques au niveau des ischios et j’ai été freiné pendant un mois au cours de chacune des deux saisons que j’ai passées à Rodez. A l’arrivée, j’ai participé en tout à 32 matchs, je sais que j’avais le potentiel et qu’il y avait de la place pour que je joue davantage. C’est pour ça que je suis resté sur ma faim. »

  • Avranches (2022-24). « Je rejoue devant »
En coupe de France, avec Avranches, lors de la saison 2022-2023. Photo Philippe Le Brech.

« J’ai 22 ans en 2022. En fin de contrat à Rodez, j’ai cherché un projet où j’aurais du temps de jeu et l’US Avranches s’est alors présentée. Le coach, Damien Ott, m’a appelé. J’ai eu un très bon feeling avec lui. Il recherchait des excentrés allant vite, percutants, aimant aller de l’avant : j’étais dans ses critères et je remplissais toutes les cases. J’ai signé 2 ans. En plus, je savais qu’Avranches avait souvent servi de tremplin à pas mal de joueurs pour rebondir plus haut. C’est ce qui aurait pu arriver à l’intersaison dernière car j’avais de bonnes « stats », j’espérais retourner en Ligue 2 et, avec mon agent, on a aussi envisagé l’étranger. Mais il me restait un an de contrat et c’était peut-être mon destin de ne pas partir. En tout cas, je ne peux avoir de regrets car je rejoue maintenant devant et j’arrive à être décisif à chaque match ou presque. »

  • Equipe de France U16, U17, U18 (35 sélections). « J’ai joué une Coupe du Monde en Inde ! »

« J’ai 15 ans, 16 ans, 17 ans. Et je joue en équipe de France ! 35 sélections au total (5 buts). Je suis allé dans beaucoup de pays. En sélection U17, j’ai même fait un Euro en Croatie et une Coupe du Monde en Inde. C’était un rêve qui se réalisait. Et je jouais à mon poste. En 9. Mais ma plus belle sélection, c’est celle que j’ai connue tout près de chez moi. C’était ma première en U16 (24/09/2015). On était allé en stage à Ploufragan, dans les installations du pôle espoirs que je connaissais forcément très bien, et on avait joué à Loudéac contre le Pays de Galles (0-0). C’était devant ma famille. J’avais des frissons quand la Marseillaise a retenti. Pour moi, c’était la première fois et ça fait bizarre de la chanter. »

Alan Kérouédan, du tac au tac

« Merci pour tout Monsieur Guérin »

En 2015, en équipe de France U16. Photo Philippe Le Brech.

Le meilleur souvenir ?
Ma première sélection en équipe de France U16 en 2015. C’était ma première Marseillaise et le match contre le Pays de Galles (0-0) s’est joué tout près de chez moi, à Loudéac, devant ma famille.

Le plus beau stade comme joueur ?
J’en vois deux. Le Stadium de Toulouse et le Stade Océane au Havre. Les deux fois c’était avec Rodez en Ligue 2.

Le plus beau stade comme spectateur ?
Le Camp Nou. C’était Barcelone contre Levante en 2015. Le Barça avait gagné 5-0 et j’avais eu la chance de voir un triplé de Messi et des buts de Neymar et de Suarez… C’était énorme !

Un joueur pour modèle ?
Oui, Cristiano Ronaldo.

En 2015, en équipe de France U16. Photo Philippe Le Brech.

Votre plus grande émotion ?
Mon premier but en pro : un petit piqué au-dessus du gardien de Caen (2-0). C’était lors du dernier match de ma deuxième saison à Rodez (2021-22), à la 89e minute. Mon dernier match aussi à Rodez. J’ai senti comme une libération. J’attendais ce but depuis 2 ans !

Une anecdote de vestiaire ?
Lors du match précédent. Donc mon avant-dernier à Rodez. Je me souviens surtout d’un grand moment de joie car on venait d’assurer notre maintien en gagnant au SC Bastia (0-1) dans le temps additionnel (90′ +2) et j’avais fait la passe décisive sur le but. C’était fort dans les vestiaires !

En août dernier, contre Marignane-Gignac. Photo Philippe Le Brech.

Une réaction à propos du but égalisateur d’Anthony Beuve, votre gardien, contre Goal FC (1-1) ?
C’est incroyable ce qu’il a fait ! J’ai vu ça des tribunes car j’étais blessé. D’abord il arrête un péno, ensuite, alors qu’il était monté une première fois, il sort un ballon de contre-attaque d’un retourné acrobatique dans un duel avec un attaquant adverse, et il termine en égalisant de la tête sur un coup-franc de Sékou (Fofana) à la dernière seconde du match. Quand on l’a vu remonter encore tout le terrain, j’avais dit aux copains qui étaient autour de moi que c’était impossible qu’il marque et il l’a fait !

Le foot c’est mieux le vendredi ou le samedi ?
Je préfère le samedi car c’est pour moi un rituel depuis toujours. Et en plus, le samedi, c’est la Ligue 2 ! Quand t’arrives au stade, tu vois le monde, les caméras et tout le protocole, on sent qu’il y a un événement au stade. En National, c’est forcément parfois plus anonyme même si ça évolue bien car il y a beaucoup de clubs professionnels. Le niveau s’est bien élevé et quand tu vas par exemple à Sochaux, tu n’as pas l’impression d’être en National.

Avec Avranches, saison 2023-24. Photo Philippe Le Brech.

Un truc que vous faites toujours avant un match ?
Non, rien de particulier.

La chaussette droite ou la gauche en premier ?
Toujours la droite.

La causerie la plus marquante d’un coach avant un match ?
Au Stade Rennais, en équipe réserve (N3), avec Julien Stéphan comme coach. Dans la salle de la causerie, il avait disposé nos chaises de telle sorte qu’elles formaient un « V ». Le « V » de la victoire. On avait gagné mais je ne me souviens plus du contexte.

En août 2013. Photo Philippe Le Brech.

Le partenaire qui vous a le plus marqué ?
Arnaud Tattevin. J’ai joué avec lui à Rennes, en équipe de France (U16 et U17), et quelques mois à Avranches en 2022-23 avant qu’il ne parte à Borgo (National) en Corse. Je n’ai jamais vu un attaquant aussi facile pour dribbler, passer et marquer.

L’adversaire qui vous a gêné le plus ?
Plutôt un coéquipier : Warmed Omari à Rennes. A l’entraînement, je préférais être dans une équipe avec lui que contre.

Votre plus grosse prime de match ?
C’était une prime globale de maintien en Ligue 2 sur les trois matchs de ma dernière saison à Rodez.

Le contact le plus connu dans votre répertoire téléphonique ?
Si c’est quelqu’un que j’appelle souvent : Adrien Truffert (Stade Rennais), un de mes meilleurs potes. Et sinon, Enzo Zidane avec qui j’ai joué à Rodez (2021-22).

Le président qui vous a le plus marqué ?
Je n’en ai réellement côtoyé que deux : Pierre-Olivier Murat à Rodez et bien sûr Gilbert Guérin à Avranches. On le voyait presque tous les jours au centre d’entraînement et à chaque match, que ce soit à domicile ou en déplacement. Il a tellement apporté au football amateur et à l’US Avranches ! Merci à lui pour tout, on fera tout pour que le club reste en National parce que sans lui on ne serait pas là. Merci Président et reposez en paix.

 

Texte : Denis Vergos / Twitter : @2nivergos

Photos : Philippe Le Brech

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