Samedi, le milieu offensif de Fréjus/Saint-Raphaël (National 2), formé à Saint-Etienne, entamera sa 9e saison d’affilée au club, sa 13e au total. Dans un entretien décalé, l’Arlésien, plutôt discret, revient sur un épisode qui l’a marqué : le décès de son coach en août 2008, après un match de championnat.
Six ans. Six ans déjà que Akim Orinel, le milieu de terrain offensif de l’Etoile FC Fréjus/Saint-Raphaël a quitté le National, après la relégation de son club, en 2016. Depuis, il promène son mètre 71 sur les terrains de la poule Sud de National 2. Un choix de vie pleinement assumé. Le petit meneur de jeu aurait pu signer dans des écuries de National à l’époque, mais a privilégié le cadre de vie : dans le Var, son épouse et ses enfants se sentent très bien. Et le reste de la famille n’est pas très loin : ses parents sont à Arles, dans le département voisin, et son frère Oualid, de 4 ans son aîné, adversaire la saison passée, évolue à Martigues, en National. Alors, après la relégation, repartir dans le Nord ou loin du soleil pour, peut-être, une ou deux saisons et quelques euros de plus, pas sûr que le jeu en aurait valu la chandelle.
Meilleur passeur de Ligue 2 en 2012
Le joueur, qui a commencé le foot à l’AC Arles à l’âge de 5 ans avant de filer au centre de formation de Saint-Etienne à 14 ans, est chez lui à Fréjus/Saint-Raphaël, un club qui l’a accueilli après deux saisons à Orléans (2006-2008). C’était encore du temps de l’ES Fréjus. C’était un an avant la fusion avec le Stade Raphaëlois et l’accession, sur tapis vert, en National (en 2009).
Avec son compère Fayçal Fajr, le partenaire avec lequel, de son propre aveu, il s’est le mieux entendu sur le terrain, il rayonne dans l’entrejeu. Les performances de ce duo complémentaire leur offrent à chacun la possibilité de signer un contrat pro : ce sera Caen en Ligue 1 pour Fajr (puis Getafe, Elche et La Corogne en Liga espagnole puis à nouveau Caen), et Châteauroux en Ligue 2 pour Akim qui, dès sa première saison dans le Berri, termine meilleur passeur du championnat (11 passes lors de l’exercice 2011-2012). Il faut dire que donner de bons ballons, c’est vraiment son truc : « Il ne pense pas à ses statistiques mais plutôt à faire plaisir, à faire jouer les autres, témoigne l’ancien gardien de l’Etoile (2012-17), Gaëtan Deneuve, aujourd’hui reconverti dans la gestion de patrimoine en Normandie, et arbitre le week-end (F4); il est capable de faire la différence. Il est beau à regarder jouer. » « Il sent le foot, il aime le foot, il comprend le foot, renchérit l’ex-défenseur professionnel Julien Outrebon, qui sort de trois saisons au poste d’entraîneur adjoint à Lorient en L2 et en L1 aux côtés de Christophe Pélissier. J’ai joué avec Akim une saison en National (2015-16); il a toujours eu des stats’, il a un bon oeil, il fait la différence par la passe et les coups de pied arrêtés. C’est un joueur intelligent, et en dehors du terrain, il est super-gentil. Un super-mec. »
En 1/4 de finale de la coupe de France
Dans l’Indre (2011-2013), Akim est l’un des joueurs clés de son équipe. Mais lors de sa deuxième saison, il ne prolonge pas et c’est le retour à la case départ, à l’Etoile, toujours en National, alors qu’Evian avait des vues sur lui. En juin 2014, il s’engage à l’USM Alger, en première division. Une expérience à oublier. Et en janvier 2015, il emménage une nouvelle fois … à Fréjus ! Pour la troisième et dernière fois !
Lors de la saison 2016-2017, il est de l’épopée en Coupe de France, avec un quart de finale perdu au stade Coubertin à Cannes, face à Guingamp (0-1), après des succès notamment contre Auxerre (2-0) et Bourg-en-Bresse (3-1), deux écuries de Ligue 2.
Avec l’Etoile, l’objectif sportif – l’accession en National -, est tout près d’être réalisé en 2019 mais c’est le Sporting-club de Toulon qui décroche le pompon pour deux petits points. Dur. Souvent placé, comme en 2017 (2e ex-aequo), le club varois n’est jamais gagnant et voit tour à tour Rodez (2017), Marignane-Gignac (2018), Toulon (2019), Annecy (2020) et Martigues (2022) accéder à l’étage supérieur.
Fidélité et longévité
Samedi, face à la réserve de Lyon, à 18h, au stade Louis-Hon de Saint-Raphaël, Akim entamera sa 8e saison d’affilée sous les couleurs de l’Etoile, sa 9e même puisqu’il était revenu en cours de saison, en janvier 2015, après ses deux premiers passages. Soit un total de douze saisons ! Une fidélité rare dans le milieu qui tranche avec l’esprit parfois mercenaire de certains : « Franchement, je lui dis bravo pour sa longévité, poursuit Deneuve, qui dans le même temps arbitrera le match Boulogne-Fleury en National 2; de plus, il a connu très peu de blessure. C’est un garçon fidèle. Vous en connaissez beaucoup des joueurs qui restent 12 ans dans le même club ? En même temps, à l’Etoile, c’est un peu la marque de fabrique car je m’aperçois que beaucoup de mes anciens coéquipiers lors de ma dernière saison là-bas, en 2016-2017, sont encore là, comme Belony Dumas, Julien Mouillon, Raphaël Delvigne, Moyadh Ousseni, et même Stéphane Marignale qui vient juste d’arrêter ».
Stéphane Marignale, justement. Le défenseur originaire de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, ne tarit pas lui non plus d’éloges au sujet de son désormais ex-coéquipier : « Akim, je le surnomme « Pinocchio » ou « pointe-man », car c’est le seul joueur que j’ai vu faire une transversale du pointu, rigole celui qui avait éteint les attaquants de Saint-Etienne (L1) et de Montpellier (L1) avec l’AS Cannes en coupe de France en 2014 (1/4 de finale, élimination face à Guingamp, futur vainqueur); il a un pied gauche magique, avec ses extérieurs de génie ! Il m’a régalé, quel plaisir de l’avoir côtoyé ! Il est souriant en dehors du terrain ! C’est un bon père de famille, j’ai toujours pu compter sur lui … sauf en soirée ! Alors j’espère qu’on pourra en faire une ensemble ! On en a quand même fait quelques sorties mémorables comme lorsqu’on est allé au cinéma déguisés, pour le film Escobar ! »
A 36 ans (il les a fêtés le 27 juillet), Akim, qui fait l’unanimité sur et en dehors du terrain, voudra montrer cette saison qu’il en a encore beaucoup sous le pied !
Akim Orinel du tac au tac !
- La première chose que tu fais le matin en te levant ?
Je vais aux toilettes (rires) ! Ah tu m’as dit de répondre spontanément ! - Tes occupations préférées en dehors du foot ?
Ma famille. - La qualité que tu préfères chez les autres ?
La sincérité - Tes qualités dans la vie ?
Gentillesse. Esprit de famille. C’est dur de répondre. J’aime bien rire aussi, peut-être un peu trop. J’aime me moquer aussi. - Tes défauts ?
Je boude parfois. (Son grand fils, derrière, répond : »Tu te réveilles un peu trop tôt ! ») Sur le terrain je suis râleur, mais pas dans la vie. - Une boisson ?
Coca-cola. - Une couleur ?
Blanc. - Un animal ?
Le léopard. J’aime sa façon de monter dans les arbres avec ses proies, ça m’a toujours fasciné. - Le comportement humain que tu ne comprends pas ? Je ne comprends pas les gens qui changent de comportement d’une minute à l’autre.
- Le don de la nature que tu aimerais avoir ?
Voler. - Si tu étais présidente de la République, ça serait quoi ta première mesure (fou rire !) ? L’essence à 1 euro.
- Ton rêve de bonheur ?
Que tout le monde soit en bonne santé. - Quel serait ton plus grand malheur ?
Que des membres de ma famille soient malades. - Si tu n’avais pas été toi, tu aurais aimé être qui ?
Mon père. - Un moyen de transport ?
La voiture. - Musique ?
Non, pas tellement… - Un film culte ?
Je suis plutôt « séries ». Comme Peaky Blinders. - Héros de fiction préféré ?
Batman. - Un surnom ?
Viejo (vieux, en espagnol). C’est Sacré Gbohou qui m’a donné ce surnom ! C’est resté. - Tu aimes ton prénom ?
Oui ! J’en ai deux d’ailleurs ! - Pourquoi as tu deux prénoms ?
Le premier c’est Mickaël, mes parents ont peut-être pensé que ça passerait mieux ! Mais tout le monde m’appelle Akim. - Les aliments que tu n’aimes pas ?
Tout ce qui vient de la mer. - Si tu ne devais manger qu’un seul aliment jusqu’à la fin de tes jours ?
Des pâtes. - Quelle tâche domestique t’ennuies le plus ?
La vaisselle ! Je ne la fais pas ! - Le matin, tu ne peux pas partir de la maison sans … ?
Déjeuner. Si j’ai le temps, je mange des céréales. Si je n’ai pas le temps, je prends des gâteaux quand je vais emmener mes enfants à l’école. - Tu te vois comment dans 10 ans ?
Peut-être papy ! Le plus grand de mes enfants a déjà 13 ans ! S’il fait comme moi… J’ai été papa à 22 ans ! Je me vois avec ma petite famille posé, dans le Sud. - As-tu des travers qui énervent tes amis ?
J’ai du mal à rappeler les gens au téléphone ! - Un bruit qui t’énerve ?
Le bruit des ongles, ça me stresse. - Que trouve-t-on sur ta table de nuit ?
Mon téléphone et une bouteille d’eau. - Qu’est-ce qui pourrait te gâcher une journée ?
Apprendre une mauvaise nouvelle. - Ton dernier resto ?
Aux Sablettes à Fréjus-plage avec mon épouse et mes enfants. - Ton dernier texto ?
(Il regarde) J’ai envoyé un message au coach de Martigues, Grégory Poirier, je lui ai dit bon match. Bon, ils ont perdu 2-1 à Versailles, j’ai regardé un peu. Y’a mon frère qui joue à Martigues. - Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Bafé Gomis - Une appli ?
Snapchat - Tu as combien d’argent sur toi en général ?
Que la carte bleue. - Ton style vestimentaire ?
Un survêtement Nike et des baskets ! - A l’école, tu étais plutôt …
Mauvais élève ! - Dans quel type de magasin veux-tu tout acheter ?
Un magasin de baskets. - Une ville, un pays ?
J’aimerais retourner à Istanbul, en Turquie, j’y suis allé avec le foot mais je n’ai pas pu visiter. - La ville où tu envisages d’habiter à la fin de ta carrière ?
Je suis bien à Fréjus, et j’aime Arles aussi où est installé ma famille. Ce sera l’un ou l’autre. Mais y’a pas photo entre les deux villes. A Fréjus, le cadre de vie est fabuleux. - Si tu gagnais à l’EuroMillions ou un truc comme ça ?
Je ferais profiter toute ma famille. - Tes meilleures vacances ?
Avec mes enfants en camping quand je les vois s’amuser, se régaler. - Inversons les rôles : une question que tu aimerais me poser ?
Lui : (Rires) T’es un fou (rires !) Alors, qu’est-ce que je pourrais te demander ? Quand tu as travaillé dans le foot, quel est le club où tu as pris le plus de plaisir, entre Fréjus, Quevilly Rouen et Le Puy ?
Moi : Humainement ? Le Puy ! - Le joueur le plus fort avec lequel tu as joué ?
En jeunes, Bafé Gomis et Loïc Perrin. J’ai été formé avec eux à Saint-Etienne. En seniors, Claudio Beauvue à Châteauroux. - Un modèle ?
J’ai un faible pour les gauchers mais le joueur que j’aime beaucoup c’est Iniesta. - Le coach que tu as perdu de vue et que tu aimerais revoir ?
Gilles Rodriguez, que j’ai eu en U15 Nationaux à Saint-Etienne : ça fait 16 ans que je suis parti, je ne l’ai jamais revu, mais c’est incroyable que tu me poses la question, car je l’ai eu récemment au téléphone. Il m’a beaucoup aidé. Il était là pour moi. - Inversement, celui que tu n’as pas envie de revoir ?
(Rires) Je déteste faire ça ! Non, je ne vais pas répondre, je ne veux pas être méchant, mais tu sais à qui je pense… - Un club, un stade ?
Barcelone. Nou Camp. - Meilleurs souvenirs sportifs ?
Ma signature pro à Châteauroux. Une fois que j’ai signé, j’étais vraiment heureux, ça a fait plaisir à mes parents qui ensuite ont fait beaucoup de kilomètres depuis Arles pour venir me voir. - Pire souvenir ?
Je n’en ai pas. - Plus beau but ?
C’est dur… Je n’en ai pas marqué des tonnes : à Châteauroux, contre Monaco, c’est Scaramozzino qui centre et je mets une volée un peu plat du pied. - Ton but le plus important ?
Avec Châteauroux aussi, contre Niort, un match difficile pour le maintien, j’ai un penalty, c ‘est important de le mettre et je le mets. - Plus beau raté ?
Contre Monaco aussi, j’ai un ballon en profondeur et je rate complètement la cage ! - Si tu n avais pas été footballeur ?
J’ai toujours dit à l’école que je voulais être mécanicien pourtant je ne connais rien aux voitures ! - Ton après foot ?
J’aimerais rester dans le milieu du foot, entraîneur, recruteur, on verra. - Ton geste technique préféré ?
Un beau contrôle. - Ton meilleur match ?
Châteauroux-Amiens, je fais quatre passes décisives et je ne suis pas loin de mettre un ballon en lucarne en fin de match, j’avais eu 9 dans France Football ! - Ton pire match ?
Après mon premier match avec Châteauroux contre Guingamp, on va ensuite en coupe de la Ligue à Nantes, et là je suis catastrophique. Je me suis retrouvé remplaçant, logiquement ! - Une causerie de coach qui t a marqué ?
Celles de Guy David. Elles étaient … spéciales. Je l’ai eu trois mois (juin à août 2008), il m’a beaucoup apporté, j’aimais sa façon de faire, de parler, il nous disait toujours : « Dites à vos femmes que vous savez à quelle heure vous avez entraînement mais que vous ne savez pas à quelle vous allez partir ». Parfois, il nous parlait pendant une heure et demie, cigarette à la bouche, après l’entraînement ! C’était un monsieur. J’ai une anecdote. C’était le soir de son décès, après le match de Saint-Etienne, au stade Pourcin, à Fréjus (30 août 2008). Je suis frustré de ce match, Guy David me remplace, je ne suis pas content, je suis énervé, je lui en veux… et après le match, je sors, je me retourne, je vois quelqu’un qui ferme la porte et qui tombe, c’était lui… et une dame, sa femme (mais à ce moment-là je ne savais pas que c’était son épouse), me dit « appelez vite un docteur ». Je vais chercher le docteur de Saint-Etienne qui arrive en courant, le SAMU est arrivé ensuite, ils ont mis le drap, c’était une scène assez choquante. Tout le monde était en pleurs. Je crois que je n’ai jamais raconté cette histoire. J’ai l’impression que c’était hier. J’y ai souvent pensé ensuite. - Des cartons rouges ?
Deux je crois. Dont un à Bayonne en National, j’avais pris 4 matchs. - Après un match, tu fais quoi ?
Si ça se passe bien , je retrouve ma famille, mais quand j’ai perdu, je me renferme, je ne parle pas beaucoup, mais j’ai un peu changé. - Qu’est ce qui t a manqué pour jouer en L1 ?
Du caractère.