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Adrien Pianelli retrouve le sourire avec le FC Rouen

Après deux saisons compliquées, le latéral droit du FC Rouen (N2) voit enfin le bout du tunnel. Le Bastiais, qui a connu le chômage après le dépôt de bilan du Sporting, son club de coeur, évoque ses galères et sa carrière.

Photo Bernard Morvan

Des impressionnantes trombes d’eau s’abattent sur la “ville aux cents clochers” mais pas de quoi décourager Adrien Pianelli, “le plus corse des Rouennais”. Pas de quoi lui faire perdre son sourire communicatif et sa bonne humeur appréciée par l’ensemble des vestiaires où il est passé. Pas de quoi l’empêcher de se poser au café sur la célèbre place du Vieux Marché.

Il faut dire que depuis 2 ans, il a eu le temps de s’accommoder de cette météo capricieuse, bien différente de celle de son île de Beauté. D’ailleurs, hormis ce climat humide, il reconnaît, fixant au loin des maisons à colombages, se plaire à Rouen. Et dire que, avant de découvrir la Normandie, le Corse de 27 ans n’avait jamais dépassé Tarbes et les Hautes-Pyrénées !

Il signe pro à Bastia

Photo Bernard Morvan

Adrien commence le football à l’âge de 3 ans à Toga Cardo, un petit club de Bastia d’où est originaire sa grand-mère. Il rejoint en préformation le club phare de l’île de Beauté, le SC Bastia. Il y fait toutes ses classes et devient même capitaine de l’équipe réserve pendant trois ans avant de signer professionnel à la fin de l’été 2016.

Le joueur d’1,78m est prêté dans la foulée à Tarbes en National 2 afin de « gratter » du temps de jeu. A son retour, Adrien espère intégrer l’effectif professionnel tout juste rétrogradé en Ligue 2. Malheureusement le Sporting dépose le bilan.

Le Bastiais n’a pas le temps de se retourner et de trouver un club. Les effectifs sont déjà bouclés. Il attend alors le mercato hivernal pour rebondir. « Ce fut une période très difficile, je me suis posé beaucoup de questions. Pour tout vous dire, j’ai même pensé arrêter le football mais je continuais à m’entraîner au cas où…». Qu’un directeur sportif l’appelle ? Ce sera le cas au mercato hivernal (2017) où sa force de caractère est récompensée par une signature à Furiani (National 2). Il enchaîne plus d’une quarantaine de matches pendant un an et demi.

Il se blesse d’entrée à QRM

Photo Bernard Morvan

Ces bonnes performances, notamment ses huit passes décisives lors de l’exercice 2018-19, lui valent d’être dans le viseur de Manu Da Costa à Quevilly Rouen Métropole (National). « J’ai été sollicité par plusieurs équipes de National mais je savais déjà où je voulais aller. Manu Da Costa a été le premier à me suivre, j’avais déjà pas mal échangé avec lui par téléphone. Le contact passait vraiment bien. Et puis QRM était un club structuré qui avait connu la Ligue 2 il y a moins de deux ans.»

Puis il va connaître de nouvelles épreuves sous le maillot Rouge et Jaune. Notamment lors du premier match officiel, en tour préliminaire de Coupe de la Ligue à Bourg-en-Bresse (défaite 1 à 0, 26 juillet 2019) : “Je me blesse à l’échauffement mais je décide tout de même de jouer le match. C’est peut-être la décision la plus stupide que je n’ai jamais prise car au final la blessure me tient éloigner des terrains pendant trois mois”.

Photo Bernard Morvan

Mais “Adri”, qui a déjà connu le chômage, revient en force et enchaîne les matches. Il ne quitte plus le onze de départ de Manu Da Costa jusqu’à un certain déplacement au Puy-en-Velay. Ce match capital pour le maintien des deux équipes en National n’aura finalement jamais lieu : la Covid-19 vient mettre un terme à l’exercice 2019-2020, sur décision fédérale.

A l’intersaison, « Adri » est victime du changement d’entraîneur. “Lorsque Bruno Irles arrive, il me dit clairement qu’il ne compte pas sur moi. Dans ma tête, je me dis “D’accord, c’est ce que l’on va voir…”. Le début de saison me donne raison : je joue les deux premiers matches, puis il y a eu une cassure car j’ai refusé d’aller jouer en réserve après un long déplacement. Ce n’était pas contre l’équipe réserve mais je n’avais pas envie de me blesser du fait de la fatigue.”

A la trêve, le Corse est tout proche de retrouver son île natale en prêt à Bastia Borgo (National) mais les deux clubs ne parviennent pas à se mettre d’accord. Adrien participe donc à la remontée du club en Ligue 2 “par procuration”. Sérieux et appliqué, il s’entraîne toute la semaine avec le groupe “comme s’il allait jouer” mais s’installe en tribune les week-ends.

De QRM au FCR

Photo Bernard Morvan

Comme une bête blessée, le Bastiais souhaite rebondir. En National de préférence. A Bastia Borgo dans un premier temps. A Créteil avec Manu Da Costa dans un second. Finalement, Adri, qui avait ramené toutes ses affaires en Corse, revient à Rouen.

Il s’engage en National 2 sous les couleurs du club historique, le FCR. “L’entraîneur de l’époque, Arnaud Margueritte, me contacte. Je réfléchis à sa proposition car elle est relativement intéressante mais je n’avais pas forcément envie de redescendre d’un étage. Au final, j’accepte car je connaissais un peu le club et de nombreuses têtes comme le gardien Jonathan Monteiro ou le capitaine Clément Bassin. Et puis, au FC Rouen, il y a une certaine ferveur qui me rappelle celle du Sporting. Et ça, ça ne laisse pas indifférent.”

Arrivé tardivement, Adrien a du mal à retrouver son niveau. Il faut dire que la Covid-19, l’absence de match officiel sous les couleurs de QRM et la préparation avortée avec le FCR ne lui permettent pas de briller. Mais lors de la phase retour, le joueur contribue, avec la récente arrivée du coach Maxime Dornano (en replacement du duo Margueritte-Mendy), au renouveau du FC Rouen. Il inscrit deux buts importants pour le maintien en deux week-ends. Face à Romorantin (2-1) puis au SM Caen B (1-0). Les Diables Rouges enchaînent dès lors onze matches sans défaite et terminent deuxièmes de la phase retour derrière Versailles, ce qui leur permet de terminer à une honorable 4e place.

Cette année, le FCR surfe sur cette bonne fin de saison et réalise un début de saison quasi-parfait avec un bilan de quatre victoires pour une défaite. Et Adrien Pianelli dispute tous les matches… Et s’il tenait enfin sa revanche ?

Adrien Pianelli, du tac au tac

« J’aimerais retrouver le monde pro avec le FCR »

Le coéquipier le plus fort avec lequel tu as joué ?

Si c’est en match officiel, je dirais Stanislas Oliveira (à Quevilly Rouen Métropole). Après, à Bastia, je m’entraînais la semaine avec Ryad Boudebouz, Wahbi Khazri, Florian Thauvin. Si je devais n’en citer qu’un parmi ces trois là, ça serait Boudebouz, jamais vu ça !

Celui avec qui tu as tissé une belle amitié ?

Il y en a également plusieurs mais je vais dire Christopher Ibayi que j’ai retrouvé cette année au FC Rouen, nous avons passé une dizaine d’années ensemble au Sporting et on ne s’est jamais quitté.

Ton club préféré ?

(Sans hésiter) Le Sporting !

Un match de légende ?

Bastia – Paris en 2015. Le Sporting était mené 2 à 0 par le grand “PSG”. Au final, ils inversent la tendance et s’imposent 4 à 2 avec des buts signés Boudebouz, Modesto et Palmieri. Mais il y a également et surtout la finale de la Coupe de France de 1981 remportée face à Saint-Etienne (2-1). Quand tu nais à Bastia, tu grandis avec. Tu regardes ce match des dizaines et des dizaines de fois.

Ton meilleur match ?

QRM – Pau (0-0, 24 janvier 2020). C’est un peu le comble, je réalise un super match contre Bruno Irles mais visiblement ça n’a pas suffi pour lui taper dans l’oeil et qu’il me laisse une chance lorsqu’il arrive à QRM six mois après (rires…)

Ton pire match ?

Bourg-en-Bresse – QRM (1 à 0, tour préliminaire de la Coupe de la Ligue le 26 juillet 2019).

Le coach que tu aimerais bien revoir ?

Patrick Videira ! Bon même si je l’ai tous les trois jours au téléphone et que je le vois très souvent quand je reviens en Corse. Sinon Manu Da Costa, on échange souvent par message.

Celui au contraire que… ?

Bruno Irles.

Ton plus beau but ?

Lorsque j’étais à Bastia je marquais souvent des buts. D’ailleurs, pour l’anecdote, chez les jeunes j’ai occupé quasiment tous les postes. J’ai commencé attaquant puis j’ai basculé défenseur central, ensuite milieu de terrain pour finir latéral à partir de 15-16 ans. Mais si je devais dire un but, ce serait celui inscrit avec le FC Rouen contre Romorantin, la saison passée (12 mars 2022, 2-1 pour le FCR à  Diochon).

Un modèle de joueur ?

Cancelo qui joue à Manchester City. Je l’apprécie depuis son prêt à Valence.

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?

A terme, retrouver le monde professionnel avec le FCR, ça serait pas mal non ?

Texte : Antoine Bulard / Twitter : @AntoineBulard

Photos : Bernard Morvan