L’ancien joueur d’Ajaccio et Montpellier, vainqueur de la coupe de la Ligue avec Gueugnon en 2000, espère conduire l’USO en Ligue 2. Il est conscient que la concurrence est rude dans ce championnat National homogène, qu’il voit hyper-serré.
Xavier Collin défraie rarement la chronique. Ne fait guère parler de lui. Donne peu d’interview. L’ancien joueur professionnel de Montpellier et Ajaccio, aujourd’hui à la tête de l’US Orléans en National, préfère l’ombre à la lumière. Le travail aux louanges. C’est simple, quand on tape son nom sur internet, hormis sur son parcours de joueur, assez riche (plus de 400 matchs en pro tout de même !), vous ne trouverez pas grand-chose.
Quelques sites ou médias de la presse quotidienne régionale se sont cependant intéressés à son actu d’entraîneur, et n’ont pas manqué de relever trois faits essentiels de la saison précédente, sa première à l’USO.
A la trêve de Noël, tout d’abord, le natif de Charmes, dans les Vosges, n’avait pas hésité à parler de « bilan catastrophique » sur les ondes de France Bleu, au moment de faire le point sur la première partie de championnat.
Puis, toujours la saison passée, dans les colonnes de la République du Centre, il avait pointé du doigt un effectif jugé trop quantitatif, prônant un groupe réduit et plus qualitatif. Il avait aussi évoqué la formation orléanaise (lire plus loin).
« On apprend de ses erreurs »
Enfin, c’est son coup de gueule et son expulsion, après une défaite concédée 1 à 0 à Sète en avril dernier (31e journée de National), dans des conditions particulières (penalty stoppé à la 94e à 0-0 mais que l’arbitre a fait retirer), qui l’avait placé sur le devant de la scène.
Lourdement sanctionné (6 matchs de suspension), il s’en était pris à l’arbitrage en conférence de presse : « On est obligé d’être énervé quand on se fait voler comme ça ! Il n’y a jamais penalty, ni à le refaire tirer. Pas corner non plus ! »
Depuis, Xavier Collin (48 ans) s’est calmé. Il a purgé sa suspension. Et dit avoir appris de l’épisode héraultais. « Je dois tirer des leçons de tout ça, mais je n’aime pas l’injustice. De temps en temps, on sort de ses gongs, mais je dois être capable de me maîtriser. Je dois montrer l’exemple. On apprend de ses erreurs. »
L’USO, seule équipe invaincue en National
Le nouvel exercice 2022-2023 ? Il est plutôt encourageant pour le club du Loiret, qui a enregistré une victoire et six nuls en sept rencontres. Un bilan qui s’est même « transformé » en deux victoires et cinq nuls après le succès 3-0 sur tapis vert contre Concarneau et les deux points récupérés (le club breton avait fait jouer un suspendu lors de la journée inaugurale, 1-1).
Du coup, au classement, et à quatre jours de la réception du FC Villefranche Beaujolais (vendredi 30 septembre à 19h30 au stade de la Source), l’US Orléans, seule équipe de National encore invaincue cette saison, pointe à la 4e place, à une longueur seulement du trio de tête composé de Concarneau, Dunkerque et Avranches (en attendant le résultat du dernier match de la 6e journée ce soir, entre Châteauroux et Dunkerque). « On n’a pas encore gagné chez nous, à La Source, c’est dommage, c’est le côté négatif de ce début de saison, même si on a récupéré 2 points contre Concarneau. Mais c’est le championnat qui veut ça, c’est difficile de gagner à domicile, de contourner les blocs. On a aussi joué contre Versailles, Nancy et Châteauroux, en menant deux fois au score sur ces trois matchs. »
Avant son déplacement à Saint-Brieuc vendredi dernier (1-1), Xavier Collin est revenu sur ses parcours de joueur et d’entraîneur, et s’est aussi livré au jeu du « questions-réponses ».
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Ses débuts à Charmes puis à Epinal
J’ai commencé le foot dans un petit club à Charmes, dans mon village des Vosges. Le club jouait en PH. Je suis arrivé au SAS Epinal à l’âge de 12 ans, j’y ai fait toute ma formation et j’y ai signé pro en 1995 quand le club est monté en Division 2. J’étais déjà dans l’effectif la saison précédente en National. A l’époque, j’avais suivi le cursus scolaire classique, je faisais partie de la section sportive collège et lycée, ça me permettait d’allier football et études, jusqu’au bac. Epinal était bien structuré, avec des équipes de haut niveau chez les jeunes; c’était un bon club formateur, qui a sorti pas mal de joueurs. Nos familles, celles de mon épouse et la mienne, sont toujours installées dans les Vosges. On rentre régulièrement. Je suis très attaché à cette magnifique région et aux montagnes vosgiennes. En 1997, après la descente en National, J’avais envie de voir autre chose. Je suis parti à Poitiers, en National. Je sentais qu’Epinal était en fin de cycle. La saison suivante, je suis allé à Amiens, en Ligue 2 : là, j’effectue le début de saison, mais je me fais une rupture des trois ligaments à la cheville. Ce fut une année particulière, dans un très bon club, qui était déjà en train de grandir. Le stade de La Licorne allait être livré, on m’a proposé de rester mais le projet de Gueugnon en Ligue 2 est arrivé. Et ce club me voulait déjà depuis plusieurs saisons, alors….
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Gueugnon, « un club comme il n’en reste plus beaucoup »
Gueugnon, c’est un bon choix, même si je n’ai pas tout le temps joué, notamment l’année de la victoire en Coupe de la Ligue, par contre, au niveau humain, ce fut une année fantastique, avec un groupe extraordinaire, ça dépassait le cadre du football.
On a noué des liens très forts, on est d’ailleurs toujours en contact, on a plein de souvenirs. Gueugnon, c’est un club comme il n’en reste plus beaucoup aujourd’hui.
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Ajaccio : « Je découvre la Ligue 1 à 28 ans »
Christophe Etorri, avec qui je jouais avec à Gueugnon, parle de moi à Rolland Courbis, qui recherche un joueur polyvalent, capable de jouer à droite et à gauche, et ça s’est fait rapidement. A 28 ans, j’ai découvert la Ligue 1. J’ai eu la chance de faire 4 saisons à ce niveau. Ensuite, quand on est descendu, le club a voulu remonter, je suis resté deux saisons de plus en Ligue 2, mais quand Rolland (Courbis) a signé à Montpellier, il m’a rappelé pour une mission : celle de monter en Ligue 1, j’avais 34 ans, et on y arrivé dès la première saison !
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Montpellier et la montée avec Rolland Courbis !
J’ai fait trois belles années. Je m’étais fixé cet objectif quand j’étais gamin, celui de jouer en première division, c’était un rêve. J’ai arrêté parce que physiquement ça devenait compliqué d’être performant à ce niveau.
J’ai eu la possibilité de rentrer au club de Montpellier comme éducateur chez les jeunes et puis il y a eu le projet de Béziers qui est arrivé tout de suite, avec cette opportunité d’entraîner une équipe de National 2, ce qui me permettait de me lancer directement avec des seniors. Même si repartir dans le monde amateur ne fut pas simple.
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Béziers : « ça m’a permis de me lancer »
J’ai été mis en relation avec le président Gérard Roquet par l’intermédiaire de Pierre Ona, et ça a matché; j’avais senti un club ambitieux et un président qui voulait le faire grandir. Béziers, cela m’a permis de me lancer, avec une certaine liberté pour mettre en place mon projet. Finalement, le club a grandi vite.
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Epinal, le retour aux sources et l’épopée en coupe de France !
Non, je n’ai pas souffert de l’adage « Nul n’est prophète en son pays ! ». A Epinal, je connaissais des gens; ça reste un club familial, et ça m’a aussi permis de retrouver ma famille. C’était un retour aux sources pour moi, ça m’a fait du bien, surtout après l’épisode douloureux de Béziers et mon éviction qui a été difficile à digérer, même si j’ai attaqué très vite après à Epinal en National. Au départ, je suis là pour épauler le coach Laurent Bénier, un de mes anciens coéquipiers, qui avait alors le rôle de directeur sportif. C’est lui qui m’a appelé pour revenir. Là, je fais partie du staff. Laurent souhaitait prendre du recul la saison suivante. La passation s’est fait dans le temps. Il m’a laissé intégrer progressivement l’équipe. On a préparé le recrutement ensemble, pour la saison suivante. Après sportivement, on est descendu, puis on avait l’ambition de retrouver le National, donc de ce point de vue là c’est un échec, mais j’ai envie de dire que, quelque part, lors de la saison 1999-2000, avant la Covid, on a tout misé sur la coupe de France, qui reste une aventure exceptionnelle (1/4 de finale). On a crée des liens avec les joueurs. Humainement et sportivement, ça a été une période riche. J’étais manager général, j’ai touché un peu à tout au niveau de la gestion du club.
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Orléans : « L’ambition, c’est de monter »
Quand on arrive dans un club pro comme l’USO, l’ambition c’est de remonter mais il faut toujours un peu de temps pour découvrir à qui on a affaire dans son effectif et jauger la qualité, on est tributaires des profils de joueurs que l’on a. Alors, ça a mis du temps, on l’a vu en première partie de saison, ça a été compliqué, mais on nous a laissé travailler, et on a fait une bonne deuxième partie. Finalement, on y est arrivé, on a trouvé de la complémentarité entre les joueurs, un équilibre, un système, et cette saison, avec la cellule de recrutement, on est parti sur autre chose, on a pris les joueurs que l’on souhaitait, on a eu du temps pour travailler. Aujourd’hui, on a un groupe ultra-compétitif, avec des joueurs expérimentés, aguerris, qui sortent de belles saisons. Maintenant, on espère atteindre l’objectif, mais on sait aussi qu’il y a une dizaine d’équipes qui veulent monter en Ligue 2. Il faut faire preuve d’humilité. Il faut prendre des points, c’est ce que l’on a fait jusqu’à présent, même si, dans le jeu, la qualité n’a pas été à la hauteur de ce que l’on attend (entretien réalisé avant le déplacement à Saint-Brieuc). Mais on voit bien que ce n’est facile pour personne. On se dirige vers un championnat très homogène et hyper-serré. Il faut que l’on continue à gratter des points en attendant de récupérer une grande partie de notre effectif car on a eu beaucoup de blessés et de suspendus. On espère avoir tout le monde à 100 % d’ici quelques semaines. Pour l’heure, on fait le dos rond. Cette saison, on a intégré six joueurs du centre de formation, dont Lucas Bretelle, né en 2002, qui a eu du temps de jeu, et des joueurs nés en 2003, comme Modibo Camara, 19 ans, qui a déjà joué cette saison, et des plus jeunes encore. On a un effectif en termes quantitatif qui est cohérent.
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« Le National a énormément progressé »
Le National a énormément changé en quelques années. Je l’avais déjà connu avec Epinal (fév. 2016 à juin 2017) et quelques mois avec Béziers (août à décembre 2015). Il y a beaucoup d’équipes avec des budgets importants même s’il reste quelques clubs en déficit de structures, mais on s’aperçoit qu’il y a des effectifs de grande qualité, comme à Bourg, à Châteauroux, à Nancy, au Mans, à Dunkerque, au Red Star, etc., et chez nous aussi. Y’a aussi une grande concurrence entre les clubs qui sont capables d’attirer des joueurs expérimentés de Ligue 1 ou de Ligue 2, on le voit avec Versailles, qui a attiré des joueurs très aguerris au haut niveau. C’est devenu un championnat ultra-compétitif, qui attire de plus en plus de joueurs de qualité qui n’ont plus peur de redescendre d’un niveau. Et en termes de formation, on découvre des talents purs dans beaucoup d’équipes. Les clubs n’ont plus peur de lancer des jeunes joueurs à ce niveau-là. Avant, il y avait des bons joueurs, bien sûr, et toujours deux ou trois de très grande qualité dans chaque équipe, or aujourd’hui, c’est sept ou huit ! Indéniablement, le National a progressé.
Xavier Collin, du tac au tac
« Rolland Courbis était un visionnaire ! »
Le meilleur joueur avec lequel vous avez joué ?
André Luiz à Ajaccio, et Olivier Giroud aussi, à Montpellier.
Un coéquipier ?
Greg Lacombe, un ami ! On a gardé des contacts. C’est avec lui que je m’entendais le mieux sur le terrain, que j’avais le plus d’affinités.
Meilleur souvenir de joueur ?
Mon premier match en Ligue 1 avec Ajaccio, contre Strasbourg, là-bas (1-1, saison 2002-2003, journée 1).
Pire souvenir de joueur ?
La descente avec l’ACA en Ligue 2, en 2006.
Un match référence ?
Je ne retiens pas un match en particulier, mais plutôt la régularité.
Une anecdote de vestiaire jamais racontée ?
(Rires) J’en ai beaucoup, mais on les garde pour nous !
Une causerie de coach ?
Quand on a Rolland Courbis comme coach, forcément, on en a quelques-unes qui marquent ! Celle de la première journée de championnat avec Montpellier, en Ligue 2, l’année de la montée, quand on va à Strasbourg pour la première journée (défaite 1 à 0) : il nous avait dit que le match retour à la dernière journée serait celui de la montée… et c’est ce qu’il s’est passé (succès 2-1). Il était visionnaire, ça reste gravé.
Une idole de jeunesse ?
Paolo Maldini, qui incarnait la classe et l’intelligence.
Un coach ?
J’ai eu la chance d’avoir de très bons coachs, René Girard, Rolland Courbis, par exemple, ce sont des entraîneurs qui marquent. Forcément je retiens Rolland car c’est celui qui m’a permis de jouer en Ligue 1 à l’AC Ajaccio.
Un club, un stade ?
Je suis un amoureux du foot, je n’ai pas de club en particulier, sinon j’aime le stade San Siro à Milan.
Pas le stade de la Colombière à Epinal ?
(sourire) C’est un stade mythique aussi !
Une ville ?
Si je dois en citer une, je dirais Ajaccio.
Des passions en dehors du foot ?
J’aime le golf. Je suis index 15.
Le jour où vous avez pris la décision d’être coach ?
J’ai toujours eu ce désir en moi, très tôt j’ai encadré des équipes dans les clubs où je suis passé. Cette reconversion était quelque chose de logique. J’ai passé mes diplômes tôt aussi, durant ma carrière de joueur.
Meilleur souvenir de coach ?
Notre épopée en coupe de France en 2020 avec Epinal (N2) avec un groupe extraordinaire, c’est inoubliable (élimination en 1/4 de finale par Saint-Etienne après avoir sorti Lille en 8e). La montée de CFA en National avec Béziers, en 2015, reste aussi un bon souvenir.
Pire souvenir de coach ?
Mon éviction de Béziers, en 2015, je n’ai pas profité pleinement de la montée en National, décrochée quelques mois plus tôt. On ne m’a pas laissé le temps, c’est surtout ça qui est difficile à digérer, surtout que c’était la première fois que ça m’arrivait. C’était un 22 décembre, juste avant Noël, je m’en souviens bien. Ca fait partie du job…
Le coach avec qui vous pourriez partir en vacances ?
Rolland Courbis
Celui avec lequel vous ne partirez pas en vacances ?
Je le garde pour moi, je n’ai pas envie de lui dire (rires !)
Le coach perdu de vue, que vous aimeriez revoir ?
J’aimerais revoir Philippe Maurice, l’entraîneur qui m’a lancé à Epinal en National en 1994.
Vous souvenez-vous de votre premier match en National ?
Oui, avec Epinal, à Amiens.
Une devise ?
On a toujours ce que l’on mérite.
Après une défaite, que faites-vous ?
Aujourd’hui, j’essaie de couper, de faire abstraction du match, de profiter de mes proches, parce que, avant, j’étais exécrable, mais maintenant, j’arrive à prendre un peu plus de recul.
Et après une victoire ?
Je fête ça (rires !) En plus, à Orléans, on a la chance d’avoir un espace partenaires assez sympa, alors avec le staff, on savoure, ça ne dure pas longtemps, et on se remet très vite au travail. Dès le lendemain matin, on est déjà dans le match de la semaine suivante.
Sur le banc, vous êtes plutôt…
Impulsif, caractériel.
Un style de jeu ?
Mon schéma préféré c’est le 4-3-3 même si aujourd’hui je suis dans un 3-5-2, et ce depuis plusieurs saisons, afin de de m’adapter aux profils des joueurs dont je dispose.
Vous étiez un joueur plutôt…
Généreux et rugueux.
Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06
Photo de présentation : Philippe Le Brech
Photos : Philippe Le Brech, Peron Photographe et USO