National : Paris 13 Atletico,
un Petit Poucet sans complexe

Plus grand club de France en termes de licenciés, le club du XIIIe arrondissement de Paris, qui aura un des plus petits budgets, va découvrir le championnat National pour la première fois de son histoire. Une aventure qui débute ce soir à Châteauroux.

« Humilité et ambition. » Depuis la reprise de l’entrainement le 1er juillet, Jean-Guy Wallemme, le nouvel entraineur du Paris 13 Atletico, martèle sans cesse ces deux mots.
Au stade Jean-Bouin de Choisy (Val-de-Marne) où le promu s’est installé, l’ambiance est à la fois studieuse et décontractée dans la salle de réunion qui fait office de bureau pour le staff. A quelques heures d’entrer dans son nouveau monde avec un déplacement chez l’un des favoris Châteauroux, on ressent néanmoins une petite pointe d’excitation chez le promu qui va jouer pour la première fois de son histoire à ce niveau. Avec un budget de 1, 6 millions d’euros, le Paris 13 Atletico fera figure de Petit Poucet en National. « On ne va pas pleurer avant d’avoir mal, lance Jean-Guy Wallemme. Bien sûr, budgétairement, on est loin des autres. Mais c’est du foot, pas la bourse ou du commerce. On a travaillé pour mettre des choses en place. On doit attaquer ce championnat avec conviction. »
Le club de quartier du XIIIe arrondissement parisien (ex-Gobelins), qui a la particularité d’être le plus grand club français en termes de licenciés (plus de 1600), a écrit au mois de mai l’une des plus belles histoire de ces dernières années en Ile-de-France.
Malgré des moyens limités par rapport à certains de ses concurrents du groupe B de National 2 comme Fleury, Lusitanos Saint-Maur, Épinal ou Beauvais, l’équipe dirigée par Fabien Valeri (parti à Chambly, N2 cet été) a effectué la course en tête toute la saison et n’a pas craqué dans la dernière ligne droite alors que Fleury était revenu à un point.
« On a prouvé que le foot, ce n’est pas seulement l’argent », estime le président Frédéric Pereira, PDG de l’équipementier sportif Skita (400 clubs équipés dont Arouca en D1 Portugaise) qui a repris le club en 2011 alors qu’il évoluait en Excellence (10e division), au niveau départemental. « C’est ma 8e montée en comptant celle des U17 nationaux », poursuit le président qui n’oublie pas la vocation sociale de son club malgré la réussite de l’équipe première.

Une rencontre « d’hommes » entre le président Pereira et Wallemme

Jean-Guy Wallemme, le nouvel entraîneur du club, était en poste à Fréjus/Saint-Raphaël ces deux dernières saisons.

Son premier gros chantier a été de trouver un successeur à Fabien Valeri, qui a pris la décision de partir à Chambly (National 2) L’ancien entraineur de la réserve du Paris FC a amené avec lui trois joueurs du Paris 13 Aletico : le prometteur international tunisien U20 Amine Cherni, le capitaine Joël Saki et le gardien remplaçant Jean-Loïc Nolla.
Le président du Paris 13 Atletico, qui avait également pensé à Alexandre Torres (Stade Bordelais, qui a repris le FC Borgo), a donc très vite « accroché » avec l’expérimenté Jean-Guy Wallemme, sans club depuis son départ de Fréjus-Saint-Raphaël en avril dernier. « Il connaît la région, la division, mais aussi les divisions supérieures et bien plus encore, souligne Frédéric Pereira. Mais c’est surtout une rencontre d’hommes entre nous. Son côté humain, humble, travailleur, sa façon de parler, correspondent parfaitement à l’ADN du club. Comme nous, c’est quelqu’un qui garde les pieds sur terre et qui bosse. »
« J’apprends à connaître ce club, explique Wallemme. Il y a effectivement un ADN qui existe depuis longtemps et qu’on ne va pas changer. C’est notre socle sur lequel on va déjà s’appuyer. Après, on sait que ça ne suffira pas pour se maintenir. Il faudra autre chose. Moi, je sais que je dois mettre les mains dans le cambouis mais ça ne m’a jamais fait peur. »
Wallemme, qui avait déjà entrainé le Racing (2002-2004) et le Paris FC (2007-2008) en Ile-de-France peut compter sur un adjoint bien connu en région parisienne, Sébastien Robert. L’ex-pro (Noisy-le-Sec, Racing, Zarzis en Tunisie) a été poussé vers la sortie après 16 ans au Red Star où il a notamment fait monter le club en L2 en 2015. « C’est le binôme parfait. Sébastien est une figure en Ile-de-France, il a accompli un travail énorme au Red Star », assure le président du Paris 13 Atletico.

Desprez, Daillet, Karamoko, Diarra, Haddad, un recrutement séduisant sur le papier

En termes de recrutement, le promu s’est d’abord attaché à conserver ses cadres. Malgré une masse salariale peu élevée, il a réussi à attirer plusieurs joueurs qui ont connu la L 2 ou le National comme le gardien Didier Desprez (Lens, Paris FC, Charleroi), les défenseurs Hamidou Karamoko (Red Star, Chambly), Édouard Daillet (Red Star) ou les attaquants Fantamady Diarra (222 matchs en L 2, 47 buts avec Istres, Auxerre, Paris FC, Tours, Châteauroux, Dunkerque), Manoubi Haddad (Quevilly Rouen) et Yanis Barka (ex-Nancy). « Il y a de plus en plus de gros clubs en National et des joueurs qui ont connu la L 1 et la L 2 dans ces équipes, explique Wallemme. Nous, on avait donc besoin d’apporter de l’expérience au groupe même si je suis persuadé que, chez nous, plusieurs garçons seront capables de passer le cap N2-National. C’est évident que certains ont fait des concessions financières par rapport à ce qu’ils gagnaient avant en signant ici. Mais ça montre qu’ils ont compris le discours du président Pereira, des dirigeants, et le mien. Jouer dans un club parisien, ça reste une belle vitrine. Pour eux, ça doit être un beau rebond. »
« Chez nous, on ne veut pas de joueurs pré-retraités, appuie le président Pereira. On a pris des garçons qui sont revanchards ou qui ont des choses à prouver et qui ont faim. A l’image de notre club… Avec les moyens qu’on a, on essaye surtout de ne pas se tromper dans le choix des joueurs. On a souvent pris des joueurs de niveau inférieur, on leur a fait confiance et généralement, ils sont fidèles. Ça permet de créer une vraie identité et un état d’esprit. »
Sur le terrain, le bilan des matchs de préparation, ponctués par un stage au Portugal où le club a affronté deux équipes de 1ère division (Arouca et Famalicão), est plutôt positif avec 4 victoires, 3 nuls et 2 défaites.
« Finalement, le plus dur à gérer pour cette montée a été la question des installations et l’extra-sportif », reconnaît le président du Paris 13 Atletico. Placé en bordure du périphérique parisien, le petit stade Boutroux n’est pas homologué pour le National. Après quelques semaines d’incertitudes, une solution a été trouvée avec la mairie de Paris fin juin. Le promu jouera au stade Charléty (Paris XIIIe), également occupé par les deux équipes du Paris FC (L2 et D1 Arkema), le temps que les travaux d’homologation du stade Boutroux soient achevées.
Au départ, tout devait être prêt mi-septembre. Mais il n’est pas certain que les travaux soient achevés à temps. Ce qui risque de poser des problèmes de cohabitation (pelouse, calendrier) entre le Paris 13 Atletico et le Paris FC. Une solution devra être ainsi trouvé pour le premier week-end de septembre où le Paris 13 doit recevoir Sedan le 2 et le PFC, Bordeaux le lendemain.

Des maillots inspirés par l’architecture de bâtiments du XIIIe arrondissement

Club atypique par son fonctionnement et son histoire, la formation du XIIIe arrondissement parisien, a voulu également se « démarquer » pour ses maillots grâce à l’entreprise Skita dirigée par son président. « On a voulu rappeler nos racines et notre histoire », explique Frédéric Pereira qui a donc conçu des maillots évoquant l’architecture de certains bâtiments du 13e arrondissement de la capitale. Le maillot domicile s’inspire de la Bibliothèque François-Mitterrand. Les formes géométriques rappellent l’architecture aérienne du bâtiment. Le maillot extérieur, évoque, lui, la Cité de la Mode et du Design qui se distingue par une architecture futuriste. D’où la présence de courbe sur le maillot.
Si l’opération séduction est déjà réussie, le plus dur va commencer pour le promu. Par le passé, plusieurs clubs franciliens à taille modeste comme Villemomble, l’UJ Alfortville, l’Entente Sannois Saint-Gratien ou Drancy, n’ont fait que des brefs allers-retours en National. Le défi est donc immense. « On ne va pas le répéter toute l’année, mais il y a six descentes… Nous, notre objectif, on le connaît, c’est le maintien. Je veux un groupe qui respire ensemble, cette cohésion sera indispensable. On doit aller chercher ce petit supplément d’âme qui peut faire la différence. »
« Il y a une bonne alchimie, un bon groupe, on sait que ça va être dur mais on garde la tête haute », conclut de son côté le président Pereira.

Texte : Laurent Pruneta / Twitter : @PrunetaLaurent / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr

Crédit photos : Paris 13 Atletico